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L'équilibre Vie professionnelle/Vie Privée: un étudiant se questionne

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Jean-Sébastien Dupont

2008-02-04 09:00:00

En tant qu’étudiant en droit dans une université québécoise, ce qu’on nous présente d’abord des grands cabinets, et ce dès nos premiers jours, ce sont les salaires et autres avantages qui sont offerts aux stagiaires, mais également le constat que si l'on veut travailler dans un tel milieu, il faut obligatoirement renoncer à une vie personnelle bien remplie.
Est-ce un mythe ou une réalité?

C’est une question que, lors de la Journée Carrière organisée à la Faculté de Droit de l’Université de Montréal, le 24 janvier dernier, j’ai beaucoup entendu de la part des étudiants qui faisaient le tour des différents cabinets et autres organismes présents à cet évènement.

Premier constat, tous les avocats à qui j’ai moi-même posé la question « comment envisagez-vous l’équilibre vie personnelle / vie professionnelle? » commencent leur réponse avec la même prémisse de base. Ils débutent tous en disant que la situation est semblable dans tous les cabinets et que c’est le métier d’avocat qui se veut être exigeant. Cela est vrai non seulement pour les grands cabinets, mais pour la majorité des milieux de pratique et je crois que les étudiants sont conscients de cette réalité.

Ce qui est encore plus intéressant est la suite que donnent les différents cabinets à cette réponse. Certains prévoient, tout en fixant un objectif de base qui est raisonnable, des bonus automatiques pour les heures facturables au-delà de l’objectif pour inciter ceux qui désirent se donner encore plus à fond.

L'exemple de BCF
BCF est l'un de ces cabinets, comme me l'a souligné Me Jean-Patrice Dozois lors d’un entretien. Ce bureau prévoit pour les professionnels un objectif qui est, selon Me Dozois, raisonnable dans le milieu des grands cabinets et facilement atteignable pour quiconque se donne la peine de travailler. L'avocat qui se contente d'atteindre cet objectif reçoit un salaire concurrentiel et rencontre aisément les attentes du cabinet.

Toutefois, ceux qui désirent effectuer un nombre d'heures supérieur au quota demandé, allant jusqu'à atteindre ou dépasser le nombre d’heures parfois requis dans les cabinets les plus exigeants de Montréal ou Toronto, recevra un bonus de performance significatif pouvant faire de lui un des avocats les mieux payés à Montréal, comme ceux ayant une expérience et une pratique équivalente.

Par contre, BCF fait également preuve d'une très grande flexibilité à ce niveau. Un avocat qui, pour diverses raisons personnelles, désirerait avoir un horaire moins chargé pendant une période donnée peut s'entendre avec le comité administratif pour fixer un objectif d’heures adapté à sa situation en ajustant sa rémunération en conséquence. Des minimums doivent toutefois être rencontrés.

Évidemment, s'il se trouvait qu'un avocat sous une telle entente finissait par atteindre l'objectif normalement fixé pour les professionnels, les bonus versés pour le dépassement de son quota ajusté feront en sorte qu'il se retrouvera avec le salaire qu'il aurait normalement reçu s'il n'avait pas demandé d'ajustement. Une telle flexibilité peut probablement s'expliquer en partie par la concentration élevée de jeunes avocats chez BCF. De telles ententes sont probablement possibles dans d'autres cabinets.

Certains bureaux, comme c’est le cas par exemple chez Davies Ward Phillips & Vineberg ou Ogilvy Renault, ont choisi de ne pas avoir d’objectif fixe d’heures facturables et de se concentrer plutôt sur la qualité du travail. Si ce système permet de diminuer la pression et la compétition entre les stagiaires et les jeunes avocats, on n’y travaille pas moins qu’ailleurs pour autant. C’est tout de même un système qui est apprécié par plusieurs.

D’autres cabinets y vont d’un objectif fixe d’heures facturables, mais qui est légèrement moins élevé que la moyenne. C’est le cas de certains cabinets de taille moyenne (comme par exemple Spiegel Sohmer ou Lapointe Rosenstein) ou de cabinets de type boutique (Smart & Biggar).

La demande pour des avocats hautement qualifiés et capables de piloter des transactions de plusieurs milliards se fera grandissante alors que bientôt les départs pour la retraite vont se faire en plus grand nombre. Dans un tel contexte, permettre à cette main d’œuvre qui va se faire rare d’avoir un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle risque d’être tout un casse-tête pour les cabinets.

Plusieurs pistes de solutions font tranquillement leur chemin. Je pense notamment à une meilleure utilisation des outils technologiques et de télécommunication. Je pense également au télétravail et à la sous-traitance; idée mise en œuvre actuellement par delegatus services juridiques.

Il sera intéressant de voir quelles solutions seront imaginées et s’imposeront puisque ce seront probablement les cabinets qui surmonteront le mieux cette difficulté qui rencontreront le plus de succès demain.

Après tout, la plus grande richesse d’un cabinet d’avocat, ce sont les gens qui y travaillent…

Par Jean-Sébastien Dupont js.dupont@umontreal.ca
Étudiant à la Faculté de Droit de l’Université de Montréal et coéditeur du ForumDuDroit.com
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