Reportages
Un homme et sa mission
Natacha Mignon
2009-07-06 15:00:00
La crise est là. Le moral des avocats est bas. Quand la simple déprime fait place à une dépression, quelles sont les structures d’aide ouvertes aux membres du barreau du Québec ?
Droit-Inc.com a rencontré Me Guy Quesnel, gestionnaire depuis 15 ans du PAMBA, Programme d’aide aux membres du barreau.
L’alcool et la drogue
C’est d’abord son histoire qu’il raconte. Celle d’un avocat, en pleine ascension, dans les années 70-80, marié, père de famille. Celle aussi d’un alcoolique et d’un drogué.
« L’héroïne, non. Mais la cocaïne, et comment ! »
C’est l’infarctus de son meilleur ami, qui le pousse à réagir, il y a trente ans. Il se retrouve à une réunion des Alcooliques Anonyme et ne lâchera pas.
« Je suis un miraculé », dit-il.
La rédemption
Deuxième acte de sa vie. Aider les autres. Il y a trop d’avocats qui souffrent. Il le sait. Début des années 80, rien ou presque n’existe pour venir en aide aux avocats du Québec. Comprenez que « la mission du barreau c’est la protection du public, alors pour le bien-être des avocats, vous repasserez ! » Tout est dit. Une poignée d’avocats vont devoir se battre pour mettre en place une structure.
« Un ténor du barreau de l’époque a fait passer le PAMBA en assemblée générale. Il a commencé par dire : « il y en a parmi nous qui souffrent », en pointant un rapport de 300 pages. Il a ensuite demandé qui s’opposait à voter le projet. Personne n’a osé lever la main. » Le PAMBA était né, indépendant du barreau, mais financé par une cotisation annuelle obligatoire.
Un homme et son portable
Me Quesnel montre du doigt son cellulaire. Il explique que « c’est ça, le PAMBA ». Une ligne ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils sont deux maintenant à répondre.
Les gens appellent parce qu’ils sont stressés.
« Le stress, c’est la porte d’entrée sur le reste. La dépression, l’alcool, la drogue, les problèmes familiaux ... ».
Alors, ils écoutent, ils orientent vers les bons thérapeutes. Le PAMBA paye la note. 700 avocats sont clients chaque année. 10% pour des dépendances, 50 % pour de la dépression, 40% pour des problèmes familiaux ou de l’orientation de carrière.
Les avocats des grands bureaux délaissent leurs structures d’aide internes pour le PAMBA, sûrs de la confidentialité totale de la structure. Dans ces bureaux, Me Quesnel raconte la difficulté d’être une femme. La disponibilité totale qu’on leur demande, le tiraillement entre la vie personnelle et la vie professionnelle. C’est un type de souffrance. Mais la douleur, il l’a vue à tous âges et dans tous types de bureaux. Connaît-il des avocats qui témoigneraient ?
« Pour des noms, vous ne frappez pas à la bonne porte. Je vous ai dit confidentialité totale et absolue ».
L’urgence
La confidentialité, il admet l’avoir violé une fois.
Une avocate bien établie du barreau l’appelle. Elle lui annonce qu’elle va se suicider le soir même. Il est formé aux mécanismes suicidaires. Il sait qu’il y a – là - danger imminent. Il remue ciel et terre. Trouve le lieu. Envoie des policiers. L’avocate niera. Elle rappellera PAMBA et s’ensuivra une « pluie torrentielle d’injures ». Est-ce qu’il regrette ?
« Non, elle est vivante ».
Faire mieux
Il a des rêves. La « prévention primaire », celle qui se ferait chez l’enfant… De façon plus réaliste, Me Quesnel déplore que les gens soient souvent pris en charge trop tard. Il s’interroge aussi sur tous ces jeunes avocats qui se demandent après seulement cinq ans d’exercice s’ils sont à « la bonne place ».
Justement, est-ce que le barreau aurait un rôle à jouer dans cette orientation et dans cette assistance ? D’un regard qui en dit long, il élude la question.
« On n’abordera pas ça tout de suite… ».
Crédit photo: ''Véronique Lewandowski''
L’alcool et la drogue
C’est d’abord son histoire qu’il raconte. Celle d’un avocat, en pleine ascension, dans les années 70-80, marié, père de famille. Celle aussi d’un alcoolique et d’un drogué.
« L’héroïne, non. Mais la cocaïne, et comment ! »
C’est l’infarctus de son meilleur ami, qui le pousse à réagir, il y a trente ans. Il se retrouve à une réunion des Alcooliques Anonyme et ne lâchera pas.
« Je suis un miraculé », dit-il.
La rédemption
Deuxième acte de sa vie. Aider les autres. Il y a trop d’avocats qui souffrent. Il le sait. Début des années 80, rien ou presque n’existe pour venir en aide aux avocats du Québec. Comprenez que « la mission du barreau c’est la protection du public, alors pour le bien-être des avocats, vous repasserez ! » Tout est dit. Une poignée d’avocats vont devoir se battre pour mettre en place une structure.
« Un ténor du barreau de l’époque a fait passer le PAMBA en assemblée générale. Il a commencé par dire : « il y en a parmi nous qui souffrent », en pointant un rapport de 300 pages. Il a ensuite demandé qui s’opposait à voter le projet. Personne n’a osé lever la main. » Le PAMBA était né, indépendant du barreau, mais financé par une cotisation annuelle obligatoire.
Un homme et son portable
Me Quesnel montre du doigt son cellulaire. Il explique que « c’est ça, le PAMBA ». Une ligne ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils sont deux maintenant à répondre.
Les gens appellent parce qu’ils sont stressés.
« Le stress, c’est la porte d’entrée sur le reste. La dépression, l’alcool, la drogue, les problèmes familiaux ... ».
Alors, ils écoutent, ils orientent vers les bons thérapeutes. Le PAMBA paye la note. 700 avocats sont clients chaque année. 10% pour des dépendances, 50 % pour de la dépression, 40% pour des problèmes familiaux ou de l’orientation de carrière.
Les avocats des grands bureaux délaissent leurs structures d’aide internes pour le PAMBA, sûrs de la confidentialité totale de la structure. Dans ces bureaux, Me Quesnel raconte la difficulté d’être une femme. La disponibilité totale qu’on leur demande, le tiraillement entre la vie personnelle et la vie professionnelle. C’est un type de souffrance. Mais la douleur, il l’a vue à tous âges et dans tous types de bureaux. Connaît-il des avocats qui témoigneraient ?
« Pour des noms, vous ne frappez pas à la bonne porte. Je vous ai dit confidentialité totale et absolue ».
L’urgence
La confidentialité, il admet l’avoir violé une fois.
Une avocate bien établie du barreau l’appelle. Elle lui annonce qu’elle va se suicider le soir même. Il est formé aux mécanismes suicidaires. Il sait qu’il y a – là - danger imminent. Il remue ciel et terre. Trouve le lieu. Envoie des policiers. L’avocate niera. Elle rappellera PAMBA et s’ensuivra une « pluie torrentielle d’injures ». Est-ce qu’il regrette ?
« Non, elle est vivante ».
Faire mieux
Il a des rêves. La « prévention primaire », celle qui se ferait chez l’enfant… De façon plus réaliste, Me Quesnel déplore que les gens soient souvent pris en charge trop tard. Il s’interroge aussi sur tous ces jeunes avocats qui se demandent après seulement cinq ans d’exercice s’ils sont à « la bonne place ».
Justement, est-ce que le barreau aurait un rôle à jouer dans cette orientation et dans cette assistance ? D’un regard qui en dit long, il élude la question.
« On n’abordera pas ça tout de suite… ».
Crédit photo: ''Véronique Lewandowski''
9091
Anonyme
il y a 15 ansJ'ai utilisé les services du PAMBA il y a quelques années, suite à une période de remise en question très difficile, tant personnellement que professionnellement. J'étais abattu, ne dormais plus, buvais plus que de raison... Me Quesnel m'a référé à des ressources qui m'ont aidé. Sans cette aide essentielle, ma vie aurait certainement pris un cours TRÈS négatif.
S'il y a un service pour lequel je suis d'emblée disposée à payer à même mes cotisations, c'est bien celui-là.
Anonyme
il y a 15 ansBravo pour votre persévérance et votre générosité Me Quesnel et surtout merci!
Anonyme
il y a 15 ansLe titre est tout à fait approprié : un homme et sa mission. Je crois vraiment que chaque être humain a une mission sur terre. La vôtre ..... vous l'accomplissez avec professionnalisme et conscience morale.
A la question : est ce que le barreau peut faire quelque chose. Définitivement OUI. Mais je ne suis pas daccord avec l'interprétation voulant qu'une personne n'est pas à sa place ... généralement, les étudiants ont une excellente idée de ce qu'implique la pratique du droit. Parmi les problèmes que vivent les avocat, il y'a le manque d'encadrement autant auprès des avocats qui décident de prendre le rôle de maître de stage qu'auprès des jeunes avocats qui débutent leur profession en solo. le Barreau laisse le stagiaire à lui seul devant des «maître de stage » qui abusent d'une main d'oeuvre gratos, qui de plus, mettent leur stagiaire dans des positions qui «déontologiquement» fort questionnable. Des histoires d'horreur, elles sont nombreuses ....Pourquoi ne pas porter plainte .... bonne question ! peut être parce que des intervenants au Barreau font sentir ....qu'une plainte risque de compliquer les choses .... plusieurs croient que le barreau préfère se fermer les yeux.
Comment se fait il qu'on accepte que des stagiaires passent presque la totalité de leur stage à faire «court running» pour permettre à cet avocat de facture au maximum ses clients ... « L'avocat qui débute une carrière avec une vision «pure» du droit et qui se heurtent à des comportements d'adversaire qui préfèrent agir avec bassesse ... c est ça qui détruit un jeune avocat qui a une vision noble de la pratique du droit.
M'enfin ...
Tout ca pour dire ... vous êtes fort utile Me Quesnel ... je crois qu'en effet cette belle profession ... peut devenir dans certains cas un cauchemar. Mais il y a un moyen de remédier avec plus de support de ceux et celles qui ont le pouvoir de changer les choses. Mais d'ici là ... vous avez du pain sur la planche.