Du progrès des vins chiliens
David Santerre
2011-11-25 17:05:00
Je vous parlais récemment de très petits domaines de France et d’Italie parmi mes récents vins coups de cœur. On est tout à l’opposé au Chili. Un domaine viticole de 200 hectares ici est considéré comme petit.
Le géant Concha y Toro par exemple, possède 9000 hectares de vigne. À titre de comparaison, en Bourgogne, l’exploitation moyenne en fait neuf…
Il y a donc beaucoup de vins produits à la mode industrielle. Techniquement bien faits, sans défaut, mais sans personnalité et inutilement boisés. La carménère, le nouveau cépage emblématique du pays, n’est pas encore maîtrisé par tous les producteurs.
Mais il y a aussi de belles choses qui se produisent dans le vignoble chilien.
Certaines entreprises, malgré leur taille, effectuent un travail remarquable pour produire des vins alliant finesse et caractère. Une jeune génération d’œnologues et viticulteurs chiliens, formés dans leur pays, dynamise l’industrie.
Et surtout, une vague de vins plus haut de gammes, plus élégant et raffinés, émergent. Plusieurs ne sont toutefois pas encore disponibles au Québec. Avis aux amateurs de belles bouteilles que vous êtes donc!
Voici deux suggestions. J’en aurai d’autres lors de ma prochaine chronique.
Emiliana
Je vous parlais de vins haut de gamme, et celui-ci est plutôt l’aubaine de la semaine. Mais malgré son envergure à donner le tournis, 1100 hectares en agriculture biologique, la maison Emiliana produit des vins d’une grande pureté, raffinés, et racés. Les meilleurs, hélas, ne sont pas encore disponibles au Québec.
À surveiller l’an prochain l’arrivée du Coyam, la grande cuvée de la maison, qui se détaillera 32 $. En attendant, on se rabat sur le carménère/cabernet sauvignon 2009 de la gamme Novas. Je disais que la carménère était souvent mal maîtrisée. Ici, c’est tout le contraire. Un nez de poivrons rouges grillés, d’olives noires et de cassis. La bouche est puissante, faite de fruits noirs et de fines herbes, les tanins sont soyeux et une agréable touche de fraîcheur égaie la finale. Bel équilibre. Une des rares carménère qui pourrait aboutir dans ma cave.
Emiliana, Novas, Carmenère/Cabernet-Sauvignon, valle de Colchagua 2009, Code SAQ : 11333513, 17,90 $
Hacienda Araucano
Voilà le projet chilien du géant bordelais François Lurton, qui est présent dans cinq pays. Avec ses 43 hectares, Lurton est un lilliputien dans ce monde chilien où les domaines dépassent souvent les 1000 hectares. Sa cuvée Clos de Lolol, du nom de la petite vallée où il s’est installé, est faite de carménère, cabernet sauvignon, syrah et cabernet franc. Issue de vignes en conversion vers l’agriculture biodynamique.
Un nez de compote de bleuets, de menthe et de tabac. La bouche est puissante et élégante. Du beau fruit noir, de la réglisse, bien épicée pour donner un peu de punch à la finale. Long en bouche, très complexe. Un grand vin sans le prix qui vient avec. Bon maintenant, mais je le laisserais dormir en cave deux ou trois années encore. À boire avec un beau roastbeef bien saignant.
Hacienda Araucano, Clos de Lolol, Valle de Lolol 2008, Code SAQ : 10689868, 23,90 $