Une nouvelle avocate de la défense qui se lance en solo!
Camille Dufétel
2023-12-20 14:15:36
Une avocate de la défense très récemment assermentée a décidé de se lancer directement à son compte dans le Bas-Saint-Laurent. Droit-inc s’entretient avec elle.
Me Jacinthe Maurice est avocate depuis le 8 décembre dernier et vient dans la foulée d’ouvrir son cabinet à Rivière-du-Loup, baptisé Jacinthe Maurice Avocate.
Elle exerce dans les deux domaines de droit qui la passionnent, le droit criminel et le droit carcéral. Elle évoque d’ores et déjà les valeurs qui la guident, à savoir l'accompagnement empathique, le professionnalisme et le service accessible.
Droit-inc s’est déjà entretenu plusieurs fois avec elle, notamment pour revenir sur son parcours de vie et sa décision de devenir avocate, mais aussi à propos des enjeux de santé mentale des futurs professionnels du droit.
Maintenant que Me Maurice a atteint son objectif de devenir avocate, Droit-inc évoque avec elle les principaux défis auxquels s’attendre quand on se lance à son compte!
Comment se sont déroulés les derniers mois, depuis notre entrevue à propos de l’anxiété vécue par certains avocats en devenir?
J’ai passé les examens du Barreau et j’ai intégré mon stage assez rapidement pour un cabinet d’avocats à Rivière-du-Loup, Castonguay société d’avocats. J’ai complété mon stage, j’ai principalement fait du droit criminel, un peu de représentation devant la Commission d'examen des troubles mentaux, au niveau du Tribunal administratif du Québec. Je faisais le suivi de certains dossiers.
J’ai fait également du droit carcéral et quelques audiences pour la libération conditionnelle de certains clients du cabinet.
Pourquoi ce domaine de droit vous parle tant?
C’est quelque chose qui m’a toujours passionnée. Auparavant, j’ai fait des études en philosophie en France, des études au niveau de la personne humaine. Ça m’a menée à aller finalement en droit, mais à conserver mes acquis et à les utiliser.
C’est vraiment avec le droit criminel que je peux le plus me rapprocher de la personne humaine à tous les niveaux. Ce sont des dossiers de grande envergure qui ont de grandes conséquences sur la vie des gens.
Pourquoi avoir décidé de vous lancer en solo?
Parce que dans mes expériences, je n’ai pas trouvé d’endroit où je me sentais à l’aise à 100 %, où mes valeurs étaient complètement représentées. Et je dois dire aussi que je suis une personne assez autonome qui aime pouvoir prendre toutes les décisions de A à Z. J’adore ça depuis… trois jours. Car ça fait trois jours (à la date de l’entrevue) que je me suis lancée!
Quand vous m’avez contactée pour l’entrevue, je me suis posée la question de savoir pourquoi je m’étais lancée à mon compte. Il y a donc mon caractère, le fait que je sois créative, que j’aie toujours plein d’idées. Je suis une personne active, je suis rarement passive. C’est une force pour une personne qui désire partir à son compte.
Aussi, tout au long de mon parcours d’étudiante, j’ai quand même créé un réseau en droit autour de moi, j’ai connu plusieurs avocats, je me suis forgée une idée de l’avocate que je désirais devenir. Et puis je n’ai pas 20 ans, j’en ai 35! Donc je sais précisément comment je veux pratiquer le droit.
Vous êtes donc basée à Rivière-du-Loup?
Oui, c’est mon adresse professionnelle. Mais je fais les deux palais de justice, Rivière-du-Loup et Rimouski.
Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en vous lançant à votre compte?
C’est d’abord le financement. C’est s’assurer d’avoir soit une clientèle un peu déjà établie ou d’être déjà connue, soit d’avoir du financement devant soi pendant quelques mois.
Et puis quand on commence, je conseille d’avoir un mentor dans son domaine de droit. Si vous exercez seul, vous avez besoin d’un mentor qui puisse vous guider quand vous avez des questions ou des problématiques qui arrivent. J’ai la chance d’avoir un avocat avec qui j’ai souvent fait affaire dans les derniers mois, je l’ai toujours admiré dans sa pratique. Il s’agit de Me Pierre Gagnon.
Comment se fait-on une clientèle quand on commence?
Je vais parler pour le domaine du droit dans lequel je suis: c’est important d’être présent à la Cour. Je sais que c’est un peu monotone les journées de pratique parce que c’est long à n’en plus finir, mais c’est quand les gens vous voient dans la salle de Cour interagir avec les autres avocats qu’ils vont peut-être penser à vous un jour pour un dossier.
Ensuite, je fais régulièrement des chroniques à la radio, dans ma région. Dans le Bas-Saint-Laurent, tout le monde se connaît beaucoup plus facilement qu’à Québec et à Montréal. Je me fais connaître assez rapidement, mais c’est avec le temps que ça va vraiment se cristalliser.
Aussi, je suis à mon compte et Me Gagnon l’est aussi, mais on agit également en partenariat. Parfois, quand il est vraiment surchargé, j’ai des clients que lui ne peut pas prendre. Ça aide.
Aurez-vous besoin d’un ou d’une adjoint(e) juridique?
Pour l’instant, je n’ai besoin de personne, je fais tout de A à Z, mais je ne dis pas que ça ne changera pas dans cinq ans par exemple!
Vous semblez donc heureuse de votre choix!
Je pense que quand on fait ce qu’on aime, on est heureux de rentrer travailler, même quand on est notre propre boss! Ce qui est complètement le fun à réaliser, c’est aussi tout le côté créatif. Je le souhaite à tous, mais il faut avoir le courage de le faire, ce n’est pas facile. Il faut avoir les reins solides et ne pas trop s’inquiéter de l’avenir. Il faut mettre les bouchées doubles pour que tout se passe bien.
Et il faut savoir gérer tout le côté administratif…
Oui, c’était un côté qui me faisait peur. Avant, dans le cabinet où j'étais, on avait le côté administratif tout cuit dans le bec! Mais je me suis surprise. J’ai réalisé mon logo moi-même avec une application, j’ai aussi trouvé une application hyper facile pour faire mes factures… C’est sûr que j'appelle souvent au Barreau pour me sécuriser, quand je ne connais pas la réponse et que mon mentor ne peut pas me répondre.
Mais en même temps, ça me permet de me dire que je l’ai appris par moi-même, et je suis donc certaine que ce je fais est bon.