D’avocat à producteur: il voulait être libre…
Jean-francois Parent
2016-09-29 15:00:00
Droit-inc: Tout a commencé par une conversation chez Stikeman Elliott…
Me Martin Proulx : J’étais étudiant au cabinet, et je venais de faire 3 ans de droit et une année de barreau. Pour évacuer la pression des études, j’avais eu l’idée de faire des parodies, et donc de porter une perruque pour imiter Anne-Marie Dussault et réaliser des entrevues. Ces capsules étaient alors diffusées sur le web. Elles sont devenues virales alors que j’étais chez Stikeman Elliott. Je sentais qu’il y avait un inconfort dans le cabinet par rapport à ce que je faisais. Pas qu’on m’en parlait ouvertement, ou qu’on m’en faisait le reproche, mais avec le recul il est vrai que ça pouvait causer des problèmes.
Que s’est-il passé ensuite?
Il y a eu une conversation avec Michèle Denis, en charge du recrutement chez Stikeman Elliott et qui est toujours une amie, qui m’a forcé à réfléchir à ce que je voulais vraiment faire dans la vie. C’est à ce moment que j’ai décidé que je ne voulais pas suivre la route normale, pratiquer en cabinet, être sérieux, devenir associé…Mon stage chez Stikeman Elliott a duré une journée.
Vous aviez des offres ?
Oui, je ne me suis pas lancé dans le vide : Radio-Canada, Télé-Québec, les productions J (qui produisait Ça fait un bye), il y avait plusieurs possibilités. Ça cadrait mieux avec mes désirs, je n’ai pas grandi dans une famille d’avocats, donc je n’ai pas eu à laisser de côté des ambitions. Je voulais avoir la liberté de faire des trucs qui me plaisaient. Et comme les Productions J avaient besoin d’un avocat, le choix s’est présenté de lui-même.
Quels sont les défis particuliers de votre pratique ?
D’abord, je ne fais pas que du droit : je fais de la conception de projets, je négocie des contrats, je présente des projets aux diffuseurs… Les négociations avec les artistes qui oeuvrent dans un milieu très syndiqué, de même que toutes les questions de droits de suites et de droits d’auteur, m’occupent beaucoup. Par contre, comme je suis le seul avocat aux Productions J, je suis laissé à moi-même. Si j’ai besoin d’échanger des idées, il y a des maquilleurs ou des réalisateurs autour de moi.
Donc, je dois connaître mes limites, connaître ce dont je ne peux pas m’occuper seul. Je fais donc souvent appel à des sous-traitants. Par ailleurs, comme je ne suis pas un expert dans bien des domaines, il faut que je prenne le temps de réfléchir. Comme par exemple à la façon dont s’applique une loi fiscale relativement à un crédit d’impôt, une situation très fréquente dans le milieu télévisuel, où les crédits d’impôts sont essentiels à la production.
Quels sont vos prochains projets ?
Pour l’instant, je suis surtout en développement. J’ai la chance de ne pas être angoissé à l’idée que je ne serai pas diffusé la saison prochaine, puisque j’ai déjà un boulot.
Par contre, c’est la première fois depuis quatre ans que je peux prendre le temps de me poser. Je travaille ainsi au développement de quelque chose de plus sérieux, … où il n’y aura pas de perruque!