Entrevues

En larmes, elle devient Maître !

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éric Martel

2019-03-26 15:00:00

Une avocate québécoise a vécu une assermentation pour le moins... mémorable! Elle raconte tout à Droit-inc!
Mes Jonathan Lord-Tarte, Nancy-Line St-Amour, Manyana Diane Vunabandi, Sophie-Anne Décarie et Athena Larin-Larouche.
Mes Jonathan Lord-Tarte, Nancy-Line St-Amour, Manyana Diane Vunabandi, Sophie-Anne Décarie et Athena Larin-Larouche.
Tout juste avant d’apposer son nom sur les documents qui feront d’elle une « Maître », Manyana Diane Vunabandi de Décarie avocats n’a pas pu retenir ses larmes.

Ses amis et ses collègues l’entourent alors. Son père a même parcouru les 10 000 kilomètres séparant le Québec du Congo! Pays qu’elle a quitté huit ans auparavant…

C’est le discours de sa maître de stage, Me Nancy-Line St-Amour, qui lui fait complètement perdre son sang-froid, lui faisant réaliser l’ampleur du chemin qu’elle a parcouru au cours des dernières années.

« Tu seras une excellente avocate », lui dit-elle. Trop d’émotions… Me Vunabandi fond en larmes.

À ce moment précis, l’avocate de 25 ans se rappelle toutes les embûches qui l’ont menée à ce moment charnière : s’adapter à un accent qu’elle n’arrivait pas à discerner, à un code civil qui était plus complexe qu’anticipé, puis à une solitude qui n’a pas été de tout repos.

« Je ne me rappelle plus du nombre de fois où j’ai voulu abandonner!, lance l’avocate à Droit-inc. J’ai travaillé fort sur ma personne mais aussi pour réussir à l’Université, à l’École du Barreau. Les remises en question m’ont permises de forger mon caractère. »

Le soutien d’un père

Me Manyana Diane Vunabandi et son père Célestin Vunabandi.
Me Manyana Diane Vunabandi et son père Célestin Vunabandi.
Après sa première séance d’examen du Barreau, la future avocate était dévastée, convaincue qu’elle allait échouer. Son premier réflexe : appeler son père, à la recherche de réconfort.

« Il m’a dit : tu as encore un jour pour te reprendre. Retourne à la maison, repose-toi, et demain, tu étudieras. Après, il m’appelait à toutes les deux heures pour voir si j’allais bien », raconte-t-elle.

Pourtant, en grandissant au Congo, Me Vunabandi côtoyait peu son père, qui occupait un poste de député dans la capitale du pays. Ce n’est qu’au fil des ans que le relation entre le géniteur et sa fille s’est développée.

« J’ai découvert une toute autre personne, avec qui je pouvais parler de tout et de rien. Il est ouvert d’esprit et extrêmement compréhensif. »

La jeune avocate a également pu compter sur le support de son paternel, huit ans plus tôt, alors qu’elle entamait un échange étudiant à Trois-Rivières. Désirant alors s’assurer que sa fille s’installe dans sa famille d’accueil sans accroc, son père décide de l’accompagner pour quelques jours.

« Lorsqu’on est arrivés à Toronto, j’étais tellement excitée! Je pensais que c’était ça, la ville où j’allais faire mon échange!, lance-t-elle en riant. Finalement, quand j’ai vu qu’on se dirigeait vers Trois-Rivières, j’étais un peu déçue, même si j'ai finalement bien apprécié la ville. C’était parfait pour m’intégrer graduellement. »

L’accent québécois, un vrai challenge!

La jeune avocate a vécu une assermentation pour le moins mémorable!
La jeune avocate a vécu une assermentation pour le moins mémorable!
Deux choses la frappent particulièrement lors de sa première année au Québec : le froid, puis... l’accent québécois!

Au début, elle ne parvenait pas à comprendre ce qu’expliquaient ses professeurs, puisqu’elle n’était pas habituée aux intonations d’ici. « Au moins, je n’avais pas besoin d’étudier au secondaire. Ce qu’ils nous apprenaient en secondaire 5, je l’avais déjà vu en secondaire 3 au Congo. »

C’est à ses débuts à l’Université d’Ottawa qu’elle rencontre ses premiers grands défis académiques.

« Je ne connaissais rien au droit. Lors de mon premier cours, le professeur a annoncé que 40 % des élèves allaient abandonner. Je ne savais pas du tout à quoi le code civil ressemblait, et au départ, j’ai trouvé très difficile de comprendre ce que les lois voulaient dire. J’ai réalisé que tout ça demandait beaucoup de sacrifices. »

De plus, l’isolement était difficile pour l’avocate qui s'entraîne toujours à vaincre son démon : la timidité. Elle devait aussi se confronter au mal du pays, elle qui n’est retournée au Congo que trois fois depuis son arrivée au Canada.

« En droit, tu n’as pas le droit d’être timide, alors j’essaie de ne pas laisser ma peur m'empêcher de faire quoi que ce soit. »

Encore aujourd’hui, pour la vaincre, l’avocate se lance des défis au quotidien.

Un exemple? Lorsque quelqu’un lui dit bonjour, elle s’efforce de lui demander « Comment vas-tu? »

« J’ai de la difficulté à le faire parce que je me sens mal de m’introduire dans la vie privée de la personne. Je me répète que peu importe, les gens ne se moqueront pas de moi. »

Relever des défis

Me Nancy-Line St-Amour lui a fait réaliser l’ampleur du chemin qu’elle a parcouru au cours des dernières années.
Me Nancy-Line St-Amour lui a fait réaliser l’ampleur du chemin qu’elle a parcouru au cours des dernières années.
Toutefois, malgré sa timidité, la nouvelle juriste a osé faire un discours lors de son assermentation!

« Je percevais ça comme un défi. Quand j’ai entendu le discours de Me St-Amour, j’étais beaucoup moins anxieuse. Elle m’a aidée à demeurer naturelle. »

Maintenant assermentée, la nouvelle avocate veut centrer sa pratique sur le droit administratif, puis de la construction, qu’elle considère comme un constant défi.

Elle désire également obtenir son Barreau du Congo, puis développer une plateforme internationale afin d’aider les femmes victimes de violence sexuelle.

Et depuis son assermentation, elle réalise qu’une autre chose est extrêmement importante à ses yeux : constater la fierté de son père à son égard.

« De le voir aussi fier de moi, ça m’a tellement touchée. Je veux revivre des moments comme celui-là, et je pense que mon équipe de travail pourra m’y aider! », conclut-elle.

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5 commentaires
  1. A
    A
    Avec un père haut fonctionnaire de carrière et ministre dans le gouvernement congolais, l'argent de ne doit pas être un problème. Elle l'a eu plus facile que la plupart des étudiants.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Hater
      La plus part des étudiants en droit proviennent d'un milieu aisé. Le fait ce soit le cas également le cas pour elle ne justifie pas qu'elle l'a 'eu plus facile'. Je lui lève mon chapeau pour avoir décidé d'entamer des études en droit dans un autre pays, dans continent aussi éloigné de sa terre natale, et ce, toute seule! De toute façon, le fait d'être issue d'un milieu de loin plus favorisé à celui de tes camarades de classe ne change rien aux nombreux défis rencontrées uniquement en raison de ton origine. De grâce, ne parle pas sans connaissance de cause.

  2. JB
    Et puis?
    Peut-être, oui. Mais toute seule et à 10 000 km de chez elle, elle a tout de même du mérite!

  3. M
    comme si c'était bien différent?
    « Je ne connaissais rien au droit. Lors de mon premier cours, le professeur a annoncé que 40 % des élèves allaient abandonner. Je ne savais pas du tout à quoi le code civil ressemblait, et au départ, j’ai trouvé très difficile de comprendre ce que les lois voulaient dire. J’ai réalisé que tout ça demandait beaucoup de sacrifices. »

    Comme 95% des étudiants qui découvrent le code civil lors des premiers cours du bac... c'est bien beau mais ne ne se fera pas d'accroire, il n'y a rien de plus exceptionnel que tous les autres étudiants et étudiantes qui passent par là et se font assermentés. Tous passent les mêmes étapes d'apprentissage.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Félicitations!
    Félicitations Maître Manyana Diane Vunabandi. Le parcours en droit n'est jamais facile, encore moins aussi loin de sa famille.

    On vous souhaite un avenir brillant.

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