Un coup de poker qui paie !
Delphine Jung
2019-05-06 15:00:00
Après quelques années en pratique privée, le jeune avocat de 29 ans a un peu déchanté.
« Je me suis rendu compte que le système de justice, c’est un peu comme le système de santé. Ce sont des systèmes à deux vitesses », explique-t-il, désirant faire du droit autrement.
Pour lui, alors que certains vont mettre des années à faire régler leur dossier devant les tribunaux, d’autres, comme les grosses entreprises, pourront se payer un arbitre privé qui va régler le contentieux beaucoup plus rapidement.
« En plus moi j’étais le porte-parole de ce système de justice, à devoir dire aux gens que leur cause est encore reportée », dit-il.
Et de toute façon, il avait davantage le profil du développeur d’affaires que du plaideur. Alors il a décidé de se lancer.
L’idée était de sortir de l’offre traditionnelle des cabinets d’avocats qu’il ne trouvait « pas très sexy » et revoir le concept de tarification à l’heure. « Et si on réinventait la profession? Qu’on repartait de zéro? », s’est-il dit.
Son ancien cabinet… un des actionnaires principaux!
Avant de lancer Hub6, l’avocat a fait deux constats : celui que les gens veulent généralement avoir accès à tout au même endroit et qu’ils veulent que ça aille vite.
Pour Me Quevillon, ça tombe bien, le droit et la comptabilité par exemple sont très reliés et en plus, il a un ami d’université, Pierre-Anthony Langlois, qui est comptable.
Et même s'il travaille chez KPMG, lui aussi rêve d’autre chose que des couloirs feutrés de gros cabinets.
Les deux jeunes se lancent et cerise sur le sundae, c’est l’ancien cabinet de Me Quevillon, Therrien Couture, qui devient l’un des actionnaires principaux de leur entreprise.
Les clients de Hub6 sont généralement des entreprises en démarrage, qui ont besoin d’une multitude de services. Pour le jeune avocat, il y avait donc une valeur ajoutée à regrouper plusieurs expertises en un seul endroit.
Aujourd’hui, l’entreprise emploie une douzaine de personnes et quelques avocats juniors de Therrien Couture donnent aussi un coup de main sur certains dossiers.
À son lancement, Me Quevillon se souvient de deux défis auxquels il a dû faire face. « Quand tu fais un guichet unique, il faut faire attention à ne pas s’éparpiller, donc il faut vraiment bien identifier les besoins de ta clientèle », explique-t-il.
Mais aussi, il faut bien recruter. « On cherchait des profils très précis, des gens qui sortent du lot, par exemple un comptable qui a envie d’innover », ajoute le cofondateur.
Heureusement, pour ce faire, il profite de l’expertise de son ancien cabinet et peut aussi compter sur le bouche-à-oreille.
Me Quevillon pense déjà au développement de son entreprise et mise beaucoup sur les legaltech qui devraient permettre à Hub6 d’automatiser ses processus en interne.
« Nous voulons aussi créer un logiciel de communication entre nos professionnels et nos clients », conclut-il.