Mon parcours de stagiaire à associé
éric Martel
2019-07-18 15:00:00
Huit ans plus tard, alors qu’il est avocat en assurance au sein du cabinet, il soumet sa candidature d’accès à la société.
On lui refuse le titre d’associé. L’année suivante, la réponse est la même.
« Je n’étais pas défaitiste, au contraire. À ma première année d’éligibilité, je savais que ma candidature n’était pas tout à fait à point. Dans la vie, on va de l’avant, on s’essaie et on voit ce qui en découle », explique le juriste de 37 ans.
C’est en conservant cette attitude exemplaire qu’un an plus tard, Me Lacoste-Jobin accède au Saint-Graal: on le nomme associé, dix ans après ses débuts comme stagiaire dans le cabinet.
Extrêmement heureux, le nouvel associé reste fidèle à ses habitudes: il garde ses deux pieds sur terre.
« C’est bien de sentir qu'on est partie prenante de son cabinet, qu’on en est propriétaire. Mais d’un autre côté, la vie ne change pas. On a le titre, mais on travaille sur le même dossier que la veille. Ce n’est pas comme si j’étais allé à Las Vegas, ou Walt Disney pour célébrer » , lance-t-il en s'éclatant de rire.
Retour sur le parcours de cet étudiant modèle qui s’est retroussé les manches pour obtenir ce prestigieux titre.
Un choix facile
Au moment des entrevues de la course aux stages, l’étudiant de McGill est déjà familier avec Lavery. Il avait eu la chance de côtoyer des membres du cabinet lors du concours de plaidoirie Pierre-Basile-Mignault.
Comme la vie est drôlement faite, c’est lui qui est aujourd’hui mentor de ce concours....
Bref, en entrevue avec des associés du cabinet, on lui demande d’expliquer où il se verrait dans une dizaine d’années, d’un point de vue professionnel.
« Je leur ai dit que je voulais être associé », se rappelle-t-il.
Spiegel Sohmer et Desjardins Ducharme lui offrent également un stage, mais pour le juriste, le choix est facile.
« Lorsque j’ai reçu l’offre de Lavery, je n’ai pas attendu d’autres offres: je l’ai acceptée sur le champ », se remémore-t-il.
Pour lui, l’occasion de s’aligner avec un « cabinet québécois, indépendant, misant sur une belle atmosphère et des dossiers d’envergure » ne pouvait pas être manquée.
Donc, l’étudiant débute son stage dans la populaire formule rotative de Lavery, dans laquelle les stagiaires passent deux mois, en rotation avec le groupe des affaires, du litige et du droit du travail du cabinet.
Plus les semaines passent, plus le futur avocat réalise que les mandats qui lui proviennent du groupe de droit des assurances du cabinet l’intéressent particulièrement.
« Je n’avais même pas eu de cours en droit des assurances. En fait, je ne savais pas trop c’était quoi. Mais les dossiers qui m’intéressaient semblaient toujours venir du même groupe. »
Son objectif de stage est maintenant clair: il doit tout faire pour recevoir une offre du département de litige civil du cabinet, question de pouvoir toucher à des dossiers en droit des assurances dans sa pratique.
Une fois le stage terminé, mission accomplie. Il reçoit une offre pour le poste qu’il prisait puis, fait ses débuts comme avocat dans le cabinet.
« Dès ma première journée, trois dossiers m’attendaient sur le coin de mon bureau. ``On m’avait alors dit : ce sont tes dossiers, c’est toi qui dois les gérer`` , se rappelle-t-il avec joie. C’était vraiment intéressant d’avoir des responsabilités dès mes débuts. »
L’ascension du juriste
Au cours des années qui suivent, le débutant multiplie les contacts au sein du cabinet. Mes Paul Cartier, le défunt Jean Bélanger, « une sommité en droit de l’assurance » et Louise Cérat font partie de son équipe de mentors.
D’ailleurs, Me Lacoste-Jobin identifie la retraite de cette dernière comme le moment qui a marqué son ascension au sein du cabinet. C’est lui qui allait être appelé à prendre la place de sa supérieure, qui était le point de contact principal de la Souveraine Assurance, un client important du cabinet.
« J’ai travaillé extrêmement fort pour garder ce client, avoue-t-il. La retraite de Me Cérat coïncidait avec celle de notre contact là-bas. En tant que jeune avocat, j’ai dû ''step up to the plate''. Disons que je ne m’attendais vraiment pas à cette situation, ça ma pris par surprise. »
Mais miser sur un gros client n’allait pas suffire pour accéder à la société. Pour y arriver, il faut générer un important volume d’affaires, atteindre un seuil de rentabilité important et s’impliquer au sein du cabinet, et de la communauté.
Me Lacoste Jobin avoue que depuis ses débuts, c’est le développement de clientèle qu’il perçoit comme le plus gros défi.
« Ça demeure quelque chose d’intangible. Tu ne peux pas dire que si tu mets X d’efforts, Y chose va survenir, ce qui rend la tâche pour les personnes cartésiennes comme moi plus difficile. Tu ne sens pas que tu as un véritable contrôle sur ça », analyse-t-il.
Pour s’améliorer à ce chapitre, l’avocat a su compter sur le support de mentors, de formations et de ''boot camp'' portant sur le développement de clientèle.
Des défis différents
Aujourd’hui associé, le juriste vie un défi tout autre: concilier sa vie professionnelle et familiale.
Papa de trois enfants âgés de trois, cinq et six ans, il avoue que sa conjointe, qui oeuvre en aménagement paysager, l’aide énormément.
« On y arrive, en arrangeant notre horaire en conséquence. Je quitte très tôt le matin, et parfois, je me connecte le soir. Mais oui, c’est important de la mentionner, c’est possible d’être associé et d’être présent pour ses enfants. Je le suis extrêmement », mentionne-t-il avec fierté.
Et puis, ce n’est pas comme si ses sacrifices n’en valaient pas la peine. Bien sûr, il y a un avantage financier qui vient avec le titre d’associé, « mais aussi l’accès à plus d’informations, de responsabilités et d’avoir la chance d’avoir un impact plus important dans son cabinet. »
Ça vous intéresse? Ne baissez pas les bras, et vous pourriez marcher dans les traces de Me Lacoste Jobin…
« Lâche pas! Trouve ce qui te passionne, ce qui va t’intéresser, et ne travaille pas seulement pour avoir des promotions. Trouve le cabinet avec lequel tu as un bon fit et des collègues avec qui tu as envie de travailler » conclut-t-il.