Sa passion de l’armée la fait juge
Mathieu Galarneau
2019-10-24 08:30:00
C’est l’aboutissement normal pour une grande passionnée du droit et de la vie militaire.
« J'avais 14 ans quand j'ai su que je voulais devenir avocate militaire. C'est un mélange de mon intérêt pour la rhétorique, la soif de la justice, l'argumentation, mais aussi mon goût de l'aventure, des voyages, du leadership, de l'esprit de corps, qui m'intéressaient beaucoup. Je trouvais la vie militaire attirante », raconte la nouvelle juge militaire en entrevue avec Droit-inc.
C’est en 1989, à 17 ans, que son implication dans la réserve navale débute. Elle y restera tout le long de ses études, complétant son baccalauréat en droit à l’Université Laval. Barreau 1996, elle débute sa pratique en cabinet privé en matières criminelle, pénale, familiale et civile.
Sa carrière d’avocate militaire prend son envol en 1999, alors qu’elle intègre les forces régulières comme juge-avocate adjointe à Halifax. Elle obtient rapidement la chance de développer sa pratique en matières opérationnelles en siégeant à la Commission internationale des réclamations à Zagreb, en Croatie.
« Il y avait un juge bosniaque, un juge croate, et un avocat militaire danois pour discuter des dossiers présentés devant nous. Le fait de travailler avec des confrères de pays étrangers, j'ai trouvé l'expérience extrêmement enrichissante. »
La piqûre de l’international s’est développée au cours des années 2000. La juge-avocate prend part à l’Opération Écho dans le Nord de l’Italie, conseillant la chaîne de commandement sur les opérations de ciblage en soutien à la force internationale de stabilisation dirigée par l'OTAN en Bosnie-Herzégovine et à la force internationale de maintien de la paix au Kosovo.
Elle est mutée en 2007 en Allemagne, où elle conseille le commandement en droit international, notamment en lien avec l'Accord sur le statut des forces de l'OTAN, ainsi que sur des questions de droit national.
Deux ans plus tard, elle prend la direction de l’Afghanistan, travaillant d’abord avec les alliés américains et britanniques à Kaboul, puis à Kandahar, où elle conseillait les commandants canadiens.
« C'était une expérience incroyable que peu de gens ont la chance de vivre », se réjouit-elle.
Maintenant juge militaire, elle se déplacera certainement moins qu’à une certaine époque, mais cela ne veut pas dire qu’elle restera toujours clouée au même bureau pour autant.
« Ce ne sont pas les accusés qui viennent à nous, mais la Cour martiale qui se rend aux accusés, ou parfois à l'endroit où aurait été commise l'infraction. Il se peut même que la Cour martiale se déplace et que je sois assignée pour juger à l'étranger », laisse-t-elle entrevoir.
Au final, elle ne regrette aucunement son choix de s’être enrôlée.
« On est comme une grande famille! On le ressent moins en tant juge, on est plus isolés pour des raisons évidentes de protection de l'indépendance judiciaire, mais cet esprit de cohésion, je ne l'ai jamais retrouvé ailleurs que dans les Forces armées canadiennes. »