Décès d’un pilier du droit du travail
Didier Bert
2023-05-18 10:15:00
Admis au barreau en 1958, Fernand Morin détenait une licence en droit de l’Université Laval et une maîtrise en droit de l’Université de Toronto. Il a poursuivi ses études en Europe, obtenant un diplôme de l'Institut de droit du travail de l'Université de Paris. De retour au Québec, il a obtenu un diplôme d'études supérieures en droit de l'Université Laval en 1964.
Me Morin commence sa carrière comme enseignant en droit des affaires et en droit du travail à la faculté des sciences de l'administration et à la faculté de droit de l'Université Laval. Il est nommé vice-doyen de la faculté de droit en 1968.
Entre-temps, en 1966, Fernand Morin a été nommé sous-ministre adjoint au ministère du Travail et de la Main-d’œuvre.
Me Fernand Morin revient à l’enseignement en 1976, à l’Université de Montréal. Il retourne à l’Université Laval cinq ans plus tard, à titre de professeur titulaire au département des relations industrielles. Retraité en 2003, l’Université Laval le nomme professeur émérite cinq ans plus tard.
L’avocat a aussi enseigné comme professeur invité à l'Université de Lyon et à l'Institut international de droit du travail de l'Université de Bordeaux.
Outre l’enseignement, Fernand Morin a mené des recherches en droit du travail. Il a produit une vingtaine de livres et d’études, de même que 50 articles et commentaires d’arrêts. Il a coécrit avec Rodrigue Blouin l’ouvrage de référence Droit de l'arbitrage de grief.
Fonction publique
Me Fernand Morin a occupé plusieurs postes au service de la fonction publique québécoise. Il a été coordonnateur du comité chargé de l'élaboration d'une politique en matière de santé et de sécurité du travail en 1979.
L’avocat et arbitre a présidé le Conseil consultatif du travail et de la main-d'œuvre du Québec de 1970 à 1976, ainsi que le Conseil de la main-d'œuvre et des mines au début des années 1970.
Fernand Morin avait publié ses commentaires sur l’arrêt Walmart dans la Revue générale de droit en 2014, à la suite de la dissolution du magasin Walmart de Jonquière. L’entreprise avait décidé de fermer après que les salariés avaient obtenu l’accréditation de leur syndicat en 2004. L’affaire était allée jusque devant la Cour suprême, qui avait donné raison aux employés en confirmant la décision de l’arbitre en première instance, près de dix ans après la fermeture de l’établissement.
Claire Brassard, avocate, arbitre de grief et médiatrice, rend hommage au défunt sur la page de l’avis de décès: « Je garde un souvenir impérissable de l'arbitre qu'a été Me Morin. Il a été marquant dans mes débuts d'avocate dans le secteur de l'éducation. En dehors des séances d'arbitrage, son sens de l'humour, quelque peu caustique, était remarquable, si plein d’intelligence!"
François Bernard Malo, professeur et directeur des programmes de formation continue du département des relations industrielles de l’Université Laval, salue « l'un de mes meilleurs professeurs et l'un de mes collègues les plus marquants. Je me souviendrai toujours de son humour subtil d'une rare intelligence et de ses conseils d'une très grande sagesse. »
Fernand Morin laisse dans le deuil son épouse Claire Roberge, ses deux enfants et ses deux petites-filles.