Sacré défi au mont Blanc pour une avocate de Québec!
Camille Dufétel
2023-08-11 15:00:00
Dimanche 16 juillet, la Barreau 2019 s’est lancée un grand défi, celui d’effectuer avec deux amies coureuses, Karel Cadoret et Alexandra Tremblay, le tour du mont Blanc à la course. Soit un ultra marathon chaque jour, pour un total de près de 180 km.
Son objectif était ensuite de poursuivre seule son ascension au sommet, soit dit en passant le plus haut sommet d’Europe occidentale, pour plus de 15 000 mètres de dénivelé positif en quelques jours.
Les trois sportives, motivées selon l’avocate par une quête d’aventure et d’introspection, ont souhaité en créer « une histoire de dépassement et d’endurance au féminin » à partager autour d’elles. Elles ont ainsi été suivies par le vidéaste Bjarne Salen, qui a capturé et documenté « leurs hauts comme leurs bas ».
Droit-Inc s’est entretenu avec l’avocate.
Pouvez-vous m’expliquer ce qui vous a menée à vous lancer un tel défi immersif au mont Blanc?
J’ai commencé la course en sentier il y a à peine deux ans, un peu sur un coup de tête. J’ai toujours eu un appel vers la montagne, mais je n’avais jamais agi. Je voyais ça comme quelque chose d’un peu inaccessible.
Finalement, j’ai réalisé au fil du temps qu’il fallait simplement commencer quelque part. J’ai commencé avec un entraîneur qui m’a beaucoup aidée. Je me suis inscrite à des courses. J’avais tendance à attendre que des amis s’inscrivent avec moi, mais j’ai finalement décidé d’arrêter d’attendre.
Je n’avais pas beaucoup d’amis, à ce moment-là, qui couraient en sentier, et encore moins des amies filles. Aujourd’hui, c’est un sport plus connu à Québec, même très populaire, mais dans le temps, ce n’était vraiment pas si accessible que ça.
J’ai vu une « story » d’une fille sur Instagram qui cherchait des amis pour courir sur de longues sorties. Au début, j’avais peur que ça fasse beaucoup, mais finalement, je me suis rendu compte que c’était possible, et on s’est mises à parler de projets. On avait envie de découvrir les montagnes à travers la course à pied. Cette fille, c’est Karel, et c’est avec elle qu’on a commencé à parler du tour du mont Blanc à la course et à s’entraîner pour ça.
Une autre amie s’est jointe à nous. On pensait que ce n’était pas possible de courir 180 km avec autant de dénivelé positif et un sac à dos, mais nous nous sommes entraînées pour voir comment ça allait se passer.
Nous sommes très engagées dans la communauté de course à Québec, sachant que je fais partie de l’équipe de management du 6AMClub et que j’ai fondé le WKND Trail.
Où vous êtes-vous entraînée au Québec?
J’habite près du Mont-Saint-Anne, c’est mon terrain de jeu principal. Je vais courir les soirs, le matin aussi… Je m’entraîne aussi beaucoup au Lac-Beauport.
Et je voyage beaucoup à travers la course, quand je prends des vacances. Je suis allée au Mexique, j’ai fait la traversée de Baja California Sur d’ouest en est, j’ai couru à travers l’Italie l’an passé… Je suis allée au Salvador, en Colombie…
Je vais en Gaspésie souvent, en Estrie… Je me promène vraiment dans les montagnes aussi pour connecter avec la communauté de course.
Comment s’est passé le tour du mont Blanc?
Je suis arrivée plus tard que prévu en Europe en raison de la tornade à Montréal et je n’ai eu qu’une journée, le samedi, pour finaliser mon sac, m’acclimater à un peu d’altitude, faire les dernières commissions et les rendez-vous.
Ç'a été assez rock’n’roll et je n’ai pas eu le temps de m’adapter au décalage horaire. Le dimanche 16 juillet, on a commencé faire le tour du mont Blanc. Le défi était de se rendre de Chamonix et d’y retourner en quatre jours, en traversant la France, l’Italie et la Suisse, tout autour du Mont Blanc.
Le tout à la course, avec beaucoup de dénivelé positif parce qu’on monte dans les cols, on redescend dans les villages… L’idée était de faire le plus de cols possible, des variantes, de s’amuser. Tous les jours, nous devions partir à cinq heures du matin pour arriver au refuge à temps, sinon on perdait nos chambres.
La course, je la ferais n’importe quand encore, les paysages étaient magnifiques. Ç'a été vraiment symbolique et puissant, la connexion qu’on a pu partager comme équipe. On a eu chacune nos moments hauts et nos moments bas.
Une amie a trouvé ça vraiment plus difficile et on a vraiment fait équipe ensemble pour pouvoir l’aider à arriver à temps aussi au refuge. C’était un travail de solidarité, de s’encourager vers le haut et de ne pas penser à abandonner. On était très concentrées. Quand on fait une aventure comme ça, le monde autour de nous arrête de tourner.
On tournait un film aussi, donc il fallait gérer le vidéaste et garder notre transparence face à la caméra quand on avait des moments plus bas. On se connaissait déjà bien toutes les trois, parce qu’on courait ensemble, et maintenant, on peut dire qu’on est vraiment très proches. Les rideaux étaient tirés, on était vulnérables les unes face aux autres.
Vous avez donc décidé de réaliser un film sur cette aventure?
Oui, de faire un documentaire d’aventure. Des représentations vont être organisées et on va faire des conférences dans certaines entreprises pour parler de cette expérience, comme professionnelles, d’endurance au féminin.
Vous avez poursuivi seule ensuite en faisant l’ascension du mont Blanc?
L’idée était de faire le tour du mont Blanc en quatre jours, prendre une journée de repos pour récupérer mon matériel, et commencer le lendemain sur le processus d’ascension du mont Blanc, qui devait durer quatre jours. Deux jours d’acclimatation et deux jours d’ascension. Mais une tempête s’est annoncée pour le lundi, la journée du sommet.
On a décalé le tout le plus rapidement possible et on a essayé de faire tout ça en trois jours. C’était très ambitieux. Comme c’était le week-end, et en raison de la tempête qui s’annonçait, tous les refuges étaient « bookés ». Le seul refuge où je pouvais dormir était le plus bas, à 2300 mètres d’altitude.
Il fallait que je fasse le « push » jusqu’au sommet en une journée, le plus rapidement possible, car plus la journée avançait, plus le vent se levait. Donc, on est parti à une heure du matin, sans vraiment avoir suivi le processus d’acclimatation.
Dès qu’on a commencé la journée, on a vu des gens qui redescendaient, des alpinistes vraiment reconnus qui expliquaient à quel point les vents étaient trop forts, que c’était dangereux. J’ai regardé mon guide, je lui ai demandé ce qu’on faisait. On a continué pour attendre de voir ce que ça disait de notre côté, mais le fait que ces alpinistes redescendent n’était pas un bon présage.
On a continué de pousser, la réaction à l’altitude s’est super bien passée, on montait vraiment vite, mon corps répondait bien, le mental aussi. On s’est rendu rapidement jusqu’à 4600 mètres d’altitude, le sommet étant à 4800! On voyait le sommet, on était isolé du vent, on s’est couvert de dizaines de couches de vêtements. Il nous restait trente minutes.
On est sorti de la paroi isolée pour se rendre sur une arête, on pouvait se dire qu’on y arrivait. Les vents ont été de plus en plus forts, il a fallu qu’on se jette sur nos genoux pour ne pas tomber. Il a fallu qu’on redescende rapidement parce que c’était beaucoup trop dangereux. L’ascension s’est arrêtée là pour moi, mais c’est quand même une énorme réussite. Mais il va falloir que j’y retourne!
Comment votre métier d’avocate vous a-t-il aidé dans ce projet?
Ce que je trouve de plus beau, dans notre pratique en droit des affaires, c’est de trouver des solutions, de résoudre des problèmes, de considérer une situation assez complexe comme étant une source d’opportunités.
Ça nécessite beaucoup de créativité, de force et de rigueur. On ne peut jamais se retourner de bord et abandonner le projet. C’est la même chose pour la course en montagne. On recherche un sentiment d’accomplissement, de réalisation, de dépassement. On vient construire des challenges et les résoudre.
J’aime me lancer de gros défis, comme quand les clients nous lancent de gros défis, et tenter d’y arriver dans un temps donné. Je préfère quand ces défis me font un peu peur, parce que ça signifie que ma réponse va être encore plus forte.
Qu’aimez-vous dans votre domaine et dans votre cabinet?
Ça fait presque quatre ans que je suis avocate, j’ai eu un parcours assez linéaire, j’ai fait une maîtrise en administration des affaires en parallèle et j’ai pris beaucoup de goût à accompagner les compagnies.
J’ai fait beaucoup plus de sociétés publiques et maintenant, j'essaie d’accompagner plus de PME dans le cadre de leurs opérations. J’aime les aider à réaliser leurs projets de croissance. J’ai l’impression que j’apporte une compréhension « business » de leurs enjeux et une rigueur dans le travail que je vais donner.
Notre équipe est solide et c’est ce que j’aime, on a toujours de beaux dossiers. (...)
J’ai des associés qui me supportent vraiment dans mes défis et ce sont les premiers à me demander comment ça se passe. Ça leur fait plaisir de m’accompagner dans mon développement tant professionnel qu’athlétique.