L'ingénieur Surprenant a joué au golf avec Vito Rizzuto

L'ingénieur retraité a poursuivi lundi son témoignage amorcé jeudi dernier devant la Commission Charbonneau.

Il a aussi confirmé en partie les dires du témoin précédent, l'ex-dirigeant d'Infrabec Lino Zambito, concernant les quote-parts des contrats à verser à certains acteurs du milieu.

Il y avait d'abord l'équivalent de 2,5 pour cent de la valeur des contrats à verser "à une organisation criminelle qui se réunissait au Café Consenza", a confirmé l'ingénieur retraité. Il a déjà été mis en preuve devant la Commission que les têtes dirigeantes de la mafia montréalaise se réunissaient à ce club social.

Il y avait ensuite l'équivalent de 3 pour cent de la valeur des contrats qui devait être versé "au comité exécutif" de la ville de Montréal, a affirmé M. Surprenant. M. Zambito avait fait référence au même pourcentage, mais en l'attribuant plutôt au parti du maire, Union Montréal.

On les "élimine"

L'ex-ingénieur a aussi corrigé ses propos de la semaine dernière. Après avoir dit jeudi que lors d'une rencontre avec l'entrepreneur Frank Catania, en 1991, celui-ci lui avait dit: "ceux qui nous empêchent de manger, on les tasse", il a soutenu lundi qu'il lui avait plutôt dit: "ceux qui nous empêchent de manger, on les élimine".

Il a avoué s'être alors senti "intimidé" et "mal à l'aise". "J'avais peur des conséquences. Je dois avouer que depuis ces années-là, j'ai toujours pas mal vécu dans les contraintes de craintes latentes et de peur", a-t-il rapporté, visiblement ébranlé.

Cette rencontre a résulté en un premier pot-de-vin de 3000 à 4000 $. De 1995 à 2000, l'ingénieur retraité a admis avoir reçu un pot-de-vin par année, soit environ 5000 $ par an. À partir de 2000, la cadence s'est accélérée.

Jeudi dernier, M. Surprenant avait admis avoir touché près de 600 000 $ en pots-de-vin de 1991 jusqu'à 2009, lorsqu'il travaillait à la conception des plans et devis au service des égouts et canalisations de la ville de Montréal.

Il a également décrit un climat de proximité entre les entrepreneurs en construction et certains employés de la ville de Montréal qui existait "surtout dans les années 2000 et avant, ça fonctionnait comme ça aussi".

Dès 1976, il y avait un tournoi de golf pour 300 personnes, organisé par la direction des travaux publics de la ville, auquel des entrepreneurs participaient, a-t-il relaté. Et même après, "à toutes les années, ils donnaient des cadeaux à la période des Fêtes; il y avait toujours des contacts comme ça; il y avait un genre de proximité. Il y avait des invitations à dîner, à des tournois de golf, des soupers de Noël", a relaté M. Surprenant.

Plus tôt dans la journée, la présidente de la commission, France Charbonneau, s'était publiquement inquiétée de la sécurité de certains témoins, après que des médias eurent donné des renseignements pouvant permettre d'identifier la résidence reliée à un des témoins.

"Nous vous demandons de ne pas publier l'adresse personnelle des témoins. Vous vous imaginez bien que cela peut nuire aux travaux de la Commission. Il ne faudrait absolument pas mettre en péril la sécurité des témoins", a affirmé la juge Charbonneau.