Le procureur en chef adjoint accuse Martin Dumont de mentir
Agence Qmi
2013-01-21 15:00:00
Sur un ton abattu, M. Dumont a plaidé avoir malencontreusement «mélangé les histoires», ce qui expliquerait les différences entre sa version et celle élaborée par l'ex-réceptionniste.
«J'ai nommé ce nom-là (Mme Pion) et je n'aurais pas dû le nommer parce que ce n'était pas sûr à 100%», a-t-il poursuivi.
M. Dumont s'est justifié en expliquant que les événements s'étaient produits il y a plusieurs années. Il a poursuivi en indiquant que c'était «très demandant» de venir témoigner devant la commission, et qu'il avait fait son possible pour répondre «au meilleur de ses connaissances».
Dumont raconte «des histoires»
Ce faisant, il n'est pas parvenu à convaincre le procureur en chef adjoint de la commission qui l'interrogeait, visiblement impatient de voir le témoin maintenir sa version des faits malgré tout.
«Moi, je vous suggère que toute cette histoire-là est fausse», a lancé Me Gallant, tranchant. Il a prévenu qu'il entendait avancer la preuve que l'histoire entourant les fameux 850 000 $ était un mensonge.
La deuxième partie du témoignage s'est amorcée sur un ton semblable, alors que M. Dumont a été questionné sur son récit du cocktail de financement qui s'est tenu en 2004 au buffet Antique, à Montréal. Au cours de cet événement, Nick Milioto, souvent désigné comme l'intermédiaire entre les compagnies de construction et la mafia, aurait vivement invité Martin Dumont à l'accompagner aux toilettes pour lui remettre une enveloppe contenant 10 000 $.
Lors de son témoignage public du 30 octobre dernier, il a dit n'être allé aux toilettes qu'avec M. Milioto. Cette version diffère de celle offerte préalablement aux enquêteurs de la commission, selon laquelle d'autres personnes l'auraient invité «à aller uriner» pour lui remettre d'autres enveloppes.
«Je considère que je maintiens mon témoignage du 30 octobre», a conclu Martin Dumont, pour mettre fin aux questions du procureur.
Me Gallant a néanmoins poursuivi en abordant quelques autres sujets pour lesquels il a soulevé des différences entre le témoignage public et la version offerte aux enquêteurs. En cours de route, le témoin s'est senti perdu. «Je ne comprends pas. Ce n'est pas que je ne veux pas répondre», a-t-il argumenté, incertain.
Détenu illégalement?
L'interrogatoire de Me Gallant a été entrecoupé à quelques reprises d'objections de l'avocate de M. Dumont, Me Suzanne Gagné.
À la fin, l'avocate s'est levée pour mettre en cause le fait que la commission fasse référence aux déclarations que son client a faites aux enquêteurs, et qu'il les compare avec le témoignage offert publiquement. D'une part, «on aurait dû l'aviser qu'il n'était pas tenu de répondre à ces questions», estime Me Gagné.
«Dans le cas de M. Dumont, il a été détenu illégalement» lorsqu'il a été interrogé, a même osé l'avocate.
Plus tôt, Martin Dumont avait demandé un report de son témoignage, par la voix de son avocate, pour des motifs de santé.
La présidente Charbonneau a rejeté cette requête, ne s'estimant pas convaincue qu'une incapacité à travailler équivalait automatiquement à l'impossibilité de venir témoigner devant les commissaires.