Me Larochelle a cinq heures pour plaider
Agence Qmi
2013-02-25 16:18:00
Devant des proches réunis dans une petite salle bondée – il a fallu ouvrir un second local pour accueillir les curieux, qui s’étaient déplacés en grand nombre – l’avocat du magistrat à la retraite – qui n’était pas présent – a débuté une plaidoirie entièrement axée sur la preuve technique.
Armé de photographies, de vidéos et de transcriptions du procès, Me Jacques Larochelle est revenu sur la forme de la plaie à la tête, le tatouage de noir de fumée dans la paume de Nicole Rainville, l’angle du tir et la trajectoire de la balle. À chaque fois, le réputé plaideur a tenté de renforcer sa théorie qui mène au suicide de Nicole Rainville, précisant d'ailleurs qu’étant donné la complexité de la cause – qui repose uniquement sur une preuve circonstancielle – la Cour d’appel est «exceptionnellement» mieux placée que les membres du jury pour juger apprécier objectivement la preuve.
Désastreux
Me Larochelle a laissé entendre que les experts de la Couronne avaient fait des tests «souvent désastreux et parfois ridicules», dont les résultats ne concordaient pas aux signes retrouvés chez la défunte. L’avocat s’est d’ailleurs servi à maintes reprises de l’arme ayant causé la mort de Nicole Rainville pour illustrer ses propos. Il a aussi notamment accusé le balisticien Gilbert Gravel d’avoir effectué des essais «frauduleux», juste avant de le traiter de «menteur».
Me Larochelle reproche d’ailleurs au Ministère public de ne pas avoir cherché d’autres solutions que celle du meurtre, alors que la défense l’avait informée de l’existence d’une position qui explique le suicide.
«Est-ce raisonnable que la Couronne demande de condamner quelqu’un alors qu’elle avait la position qui la sauve et qu’elle ne l’essaie même pas?», a-t-il lancé.
Qui plus est, l’appelant a avancé que les experts auraient fait des «aveux extraordinaires», des «admissions capitales et complètement destructives» de leur thèse de meurtre, au moment des contre-interrogatoires.
Le juge Nicholas Kasirer a émis quelques questionnements en cour de route, alors que ses collègues Marie St-Pierre et André Vincent sont demeurés muets. Me Jacques Larochelle poursuivait ses représentations en après-midi. L’avocat a exigé un total de cinq heures. La Couronne a demandé deux heures pour étaler ses arguments. Deux jours de représentations ont été planifiés à la Cour d’appel.
Verdict déraisonnable
Rappelons que dans son avis d’appel, débattu en partie devant la Cour d’appel, cet été, Jacques Larochelle affirmait qu’il était «très peu vraisemblable» que le jury ait fait «une analyse un tant soit peu soignée de la preuve balistique», puisque les jurés ont rendu leur jugement après deux jours et demi de délibérations, alors que la preuve technique s’était étendue sur six jours.