Financière des avocates et des avocats

La règle de trois en assurances

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Sophie Ginoux

2024-10-07 14:15:55

Comment se protéger, et protéger son cabinet, tout en économisant ? Avec une approche logique et pratique, loin des mythes financiers tenaces.

En mathématique, la règle de trois est utilisée pour résoudre des problèmes de proportionnalité. Avec un calcul sur trois données, on est en mesure d’en obtenir une quatrième, jusque-là inconnue. Par exemple, comme l’indique cette célèbre allitération (à lire à voix haute pour sourire), « si c'est six sous ces six saucissons-ci, c'est six-cent six sous ces six-cent six saucissons-là ».

Jérôme Daoust - source : Financière des avocates et avocats.

Transposons maintenant ce principe aux assurances. Nos trois données de base peuvent être notre situation professionnelle, notre situation personnelle, ainsi que nos objectifs financiers. L’inconnue, pour sa part, représente auquel cas la meilleure méthode pour maximiser ces trois aspects intrinsèquement reliés de notre vie.

Est-ce que nous faisons toujours preuve de cette implacable logique quand nous souscrivons des assurances, quelles qu’elles soient ? Pas du tout. Voilà pourquoi les précieuses astuces du conseiller Jérôme Daoust, de la Financière des avocates et des avocats, sont si utiles.

Le théorème de l’efficience fiscale

À quoi doit-on réfléchir avant de contracter une assurance individuelle ? À son degré de protection, ou bien à sa durée ?

« Il faut savoir que si vous mourez demain, votre famille recevra la même somme, que vous ayez signé pour une assurance de 5, 10 ou 20 ans. Mais l’économie d’échelle, elle, n’est pas la même », explique M. Daoust.

Effectivement, au prorata, une assurance de 20 ans coûte moins d’argent que deux assurances de 10 ans, et une assurance permanente est jusqu’à cinq fois plus chère qu’une assurance de 20 ans. Mais, car il y a un mais, l’argent qu’on paie à long terme pourrait constituer des liquidités à investir à meilleur escient ailleurs, comme en immobilier ou dans son entreprise, en plus de bénéficier de bonifications gouvernementales.

« Je recommande donc souvent à mes clients de ne pas contracter d’assurances vie permanentes trop tôt, indique le conseiller. Une assurance temporaire est suffisante pendant qu’on maximise tous les leviers financiers à sa disposition. Puis, une fois ces capitaux accumulés, lorsqu’on ne craint plus d’incidence financière, on peut souscrire une assurance permanente d’un degré de protection raisonnable, sans être excessive. »

La même logique s’applique d’ailleurs en contexte corporatif. Pourquoi investir dans une assurance coûteuse, alors que son cabinet est encore jeune et qu’on ne connaît pas sa viabilité à long terme ? Là encore, mieux vaut selon le conseiller se doter d’assurances minimales et bâtir une stratégie fiscale et financière, jusqu’à ce qu’on atteigne un cap bénéficiaire qui peut s’assortir d’une assurance permanente.

La priorité du vivant

Une assurance vie, d’accord, c’est toujours utile. Mais d’ici à ce que la mort frappe à notre porte, il peut se passer bien des choses désagréables ou handicapantes sur notre parcours. Et lorsque ces mauvaises surprises arrivent, quelle est dès lors notre priorité ? « Préserver notre salaire et notre niveau de vie pendant cette mauvaise passe, évidemment », répond Jérôme Daoust.

Ce dernier conseille donc vivement de miser sur une assurance maladies graves, plutôt que de mettre tous ses œufs dans le même panier avec une assurance vie. Une avenue trop sous-estimée, selon lui, si on tient compte du nombre d’accidents de vie qui peuvent survenir. 45 % de toutes les personnes au Canada recevront un diagnostic de cancer au cours de leur vie, selon la Projection du fardeau du cancer au Canada en 2024.

« Une maladie grave s’attaque à la vie et peut entraîner de gros défis financiers, poursuit le conseiller. Une fois qu’on l’a contractée, il est trop tard pour obtenir une protection efficace et à prix décent. Donc, je n’ai qu’une chose à dire : n’attendez pas avant de prendre cette assurance. Faites-le avant d’avoir des problèmes ».

De la même manière, le vivant devrait être au cœur des priorités corporatives. « En cas d’absence prolongée ou de décès prématuré du PDG ou d’un associé du cabinet, personne n’a envie de composer avec son conjoint, souvent hors du milieu juridique, pour mener l’entreprise. Ni de se retrouver dans un labyrinthe juridique et financier parce que rien n’a été prévu pour la suite », indique M. Daoust.

Il recommande par conséquent aux bureaux de se doter sans attendre d’une assurance de frais généraux pour pallier le plus vite possible (les prestations sont versées en moins de 30 jours) les frais occasionnés par l’absence ou la perte de la personne clé. Mais aussi de réaliser une convention d’actionnaires, dans laquelle il sera inscrit noir sur blanc les assurances contractées et la marche à suivre, par exemple en cas de rachat des parts.

« Tout le monde – la famille, le cabinet, les associés et collègues – bénéficie de mesures de la sorte. Pensez-y ! », conclut-il.

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