Les marchés en 2020
Elsa Moreira
2020-01-21 07:00:00
Les risques de baisse qui planaient sur l’économie mondiale et qui ont dominé les manchettes en 2019 se sont dissipés en fin d’année. Quelles directions prendront les marchés en 2020?
Dans un premier temps, les États-Unis et la Chine ont conclu un accord commercial de phase 1. Deuxièmement, la voie qu’empruntera le Brexit est devenue plus claire à la suite de l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire au Royaume-Uni. Par ailleurs, l’activité économique mondiale est demeurée faible en termes absolus, mais a semblé se stabiliser grâce plus particulièrement au soutien continu des marchés du travail.
Les banques centrales du monde entier ont continué d’assouplir leur politique monétaire tout au cours de l’année. La Réserve fédérale américaine (Fed) a réduit les taux d’intérêt trois fois en 2019 entrainant une baisse de taux et ce plus particulièrement sur la partie plus courte de la courbe. Les taux obligataires canadiens ont également enregistré une forte baisse particulièrement les taux à plus long terme. La Banque du Canada ayant opté de maintenir son taux de financement à un jour inchangé tout au long de l’année a eu comme effet d’aplatir la courbe de rendement. De plus, le taux directeur canadien est maintenant un des taux directeurs les plus élevés des marchés développés.
Les marchés boursiers ont grandement bénéficié de la stabilisation de la conjoncture macroéconomique mondiale ainsi que des politiques monétaires expansionnistes. L’indice MSCI Monde tous pays a progressé de 26,9 % en monnaie locale ce qui constitue son meilleur rendement annuel depuis 2009. L’indice composé S&P/TSX a lui aussi connu une excellente année, puisqu’il a enregistré son meilleur rendement annuel (22,9 %) de la décennie. La performance annuelle de l’indice MSCI marchés émergents a tiré de l’arrière par rapport à ses homologues avec un rendement de 18,5 % en monnaie locale.
Perspectives
Nos prévisions pour l’économie mondiale sont devenues moins négatives, mais nous n’anticipons malgré tout pas de rebond marqué de l’activité compte tenu de la prolongation du cycle. En ce qui a trait aux tensions commerciales mondiales, si le pire semble avoir été évité, des incertitudes demeurent, en raison du manque de détails sur l’accord commercial et du risque de reprise des tensions en cette année d’élections américaines. Toutefois, les mesures de relance significatives adoptées par les banques centrales et les perspectives de report des politiques budgétaires devraient largement alimenter les marchés financiers. Au vu des niveaux élevés atteints récemment par l’inflation et de la stabilité des indicateurs de l’activité, il semble peu probable que la Banque du Canada se lance dans un cycle de baisse des taux à part entière. Cela dit, elle procèdera probablement à des ajustements mineurs de sa politique au moyen de baisses de taux modestes, surtout en cas de ralentissement de la croissance.
En ce début de 2020, les investisseurs semblent moins préoccupés par l’imminence de la prochaine récession; en fait, ils évaluent ce à quoi ressemblera la prochaine phase de croissance économique. Est-ce seulement un sursaut passager à la fin du cycle ou est-ce le début d’une autre période de croissance de plusieurs années similaires à celles que nous avons connues après les deux derniers ralentissements de milieu de cycle? Comme les deux dernières reprises qui ont eu lieu en cours de cycle, nous nous attendons à une modeste reprise de la croissance mondiale, principalement attribuable à l’effet différé de l’assouplissement des conditions financières tout au long de 2019.
Les politiques des banques centrales garderont un rôle majeur dans l’évolution des marchés boursiers en 2020. La Fed a interrompu son cycle de réduction des taux, mais elle a indiqué qu’elle continuerait de soutenir les marchés financiers – surtout en adoptant une politique neutre. L’inflation est toujours faible, mais le marché de l’emploi aux États-Unis reste très vigoureux, ce qui pourrait mener à une reprise de l’inflation plus tard dans l’année. L’histoire enseigne aux investisseurs à ne pas contredire la Fed dans un sens ou dans un autre. Lorsque la Fed est dans une phase de réduction de ses taux ou d’accroissement de son bilan, les marchés boursiers s’en sortent habituellement bien – 2019 en est un excellent exemple. Pendant les périodes de hausse des taux d’intérêt ou de réduction du bilan, les marchés boursiers ont tendance à produire des rendements négatifs (2015 et 2018 sont de bons exemples). Tout signe indiquant que la Fed ou d’autres grandes banques centrales penchent en faveur d’une politique moins « favorable aux marchés financiers » serait néfaste pour les marchés boursiers. À moyen terme, nous nous attendons à ce que les banques centrales laissent l’inflation remonter avant de commencer à resserrer leur politique monétaire. Si l’inflation devait atteindre un niveau élevé de façon inattendue, ce serait un risque pour l’actuelle remontée procyclique des marchés boursiers.
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