Droit criminel: vers un exode des avocates?

Karine Limoges
2016-04-05 15:00:00

En effet, dans la sphère du droit criminel au Québec, si les hommes et les femmes sont représentés presqu'à parité dans une proportion respective de 9 % et 7 %, la pratique privée reste la chasse gardée des hommes, qui occupent ce secteur à 50 % contre 32 % des femmes, selon le dernier portrait du Barreau.
En Ontario, les résultats d’une étude rendue publique par l'Association canadienne des avocats criminalistes révèlent que les femmes demeurent plus susceptibles d'abandonner la pratique privée en droit criminel que les hommes. De 1996 à 2014, sur les 47 avocates ontariennes en droit criminel qui exerçaient dans une firme privée, seules 13 d'entre elles avaient survécu dans ce milieu 18 ans plus tard. Soit un taux d'abandon de 72 %.
Les raisons pointées du doigt: les impondérables en matière d'heures de travail, un salaire précaire et la difficulté à concilier travail et famille. Assiste-t-on au même phénomène au Québec?
La maternité en veilleuse

Mais pour les femmes, un enjeu de taille existe: il faut remettre à plus tard son projet de fonder une famille. « Je n'ai pas encore d'enfants, ajoute Me Pagé-Arpin, car pour une avocate en pratique privée comme moi, c'est une source de stress. Il est nécessaire que le conjoint soit capable de beaucoup s'impliquer.»
Même son de cloche chez Me Julie Couture, avocate criminaliste, ce qui ne l'a pas pour autant empêchée de mettre au monde trois enfants. À 37 ans, son dernier-né a 15 mois. « J'ai pris six mois de congé de maternité, j'ai accouché en décembre, et j'avais des procès fixés en juin, raconte-t-elle. Même en congé, il n'y a pas une journée où je n'ai pas téléphoné au travail. »
Me Valérie La Madeleine admet que la compétition est forte dans les premières années. Elle aussi a attendu quelques années avant de penser à la maternité. Aujourd'hui, elle et son conjoint ont deux enfants de deux et trois ans. « Deux jours avant mon accouchement, j'étais en cour pour une requête de remise en liberté », lance-t-elle.
L'attrait d'une stabilité

« Il faut avoir beaucoup de discipline, mettre les bouchées doubles tout en étant consciente que tu ne feras pas énormément d’argent du jour au lendemain, insiste Me Lida Sara Nouraie. Il faut aussi accepter qu’en tant que travailleur autonome, tu n’as pas d’excellentes conditions de travail. Si une personne n’est pas prête à faire plusieurs sacrifices et à travailler très dur, je crois qu’elle aura de la difficulté à percer en pratique privée.»
Apprendre à s'organiser, Me Nouraie connaît. Elle et son conjoint, lui aussi avocat, jonglent ensemble les affaires de leur cabinet et les imprévus liés au fait d'avoir un enfant en bas âge. Un autre poupon entrera bientôt dans l'équation puisque Me Nouraie doit accoucher dans deux semaines. « Et je ne suis toujours pas en congé de maternité », glisse-t-elle.
Dans l'étude ontarienne, 20 % des femmes d'une même cohorte ont tourné le dos à la pratique privée en droit criminel pour un poste au gouvernement. Ce statistique ne surprend pas Me Nouraie puisqu'au public, dit-elle, les avocates trouvent une plus grande stabilité, un horaire établi, de meilleures conditions de travail, des avantages sociaux et une sécurité financière.
Le sexisme banni au Québec ?

Au sujet de l'arrêt visant le juge Boilard, Me Maude Pagé-Arpin croit qu'un message clair a ainsi été envoyé aux juges que ce genre de comportement n'était plus accepté.« C’est en provenance des avocats âgés de sexe masculin qu’on remarque le plus grand sexisme. Il n’est pas rare qu’on remette en question l’opinion de « la petite » avocate, surtout si elle a l’air jeune, et ce, même si elle possède une plus grande expertise dans le domaine visé », ajoute-t-elle, bien qu'elle n'aie jamais été victime de ce double standard.
« La clientèle a plus facilement l'impression que les hommes ont une plus grande notoriété », ressent pour sa part Me Valérie La Madeleine.
La passion l'emporte

Me La Madeleine a déjà été tentée par la Couronne mais, après réflexion, elle a choisi de conserver sa liberté d'action en restant à son compte. Contrairement à plus de 60 % des Ontariennes de l'étude, Me Lida Sara Nouraie n'a jamais songé à quitter le navire.
« Je crois profondément que si tu as une passion pour quelque chose, tu y arriveras et tu réussiras à trouver l’équilibre tôt ou tard. L’important c’est de ne pas baisser les bras », conclut-elle, philosophe.
-12 971 avocates sur 25 341 membres du Barreau
-51,2 % des membres sont des femmes
-62 % des « jeunes membres » sont des femmes
-38 % de femmes en pratique privée
-37 % des hommes travaillent de 41 à 51 heures/semaine
-44 % des femmes travaillent de 31 à 40 heures/semaine
-7 % des femmes pratiquent le droit criminel (contre 9 % d'hommes)
-8 % des femmes pratiquent le droit de la famille (contre 3% d'hommes)
-Le taux horaire médian des femmes se situe entre 101 $ et 151 $ tandis que celui des hommes atteint 151 $ à 200 $.
DSG
il y a 8 ansIt's really difficult, especially when people are not committing crime like they used to. In the good old days, when crime was abundant and the streets violently dangerous, there were ample clients for criminal lawyers to make a respectful living. And the police don't help; with their investigative skills and arrests that have led to a decline in criminals. Sure the rest of us may feel safe. But the next time you are enjoying a summer stroll in the park without the fear of being mugged or shanked, think about all those poor lawyers who couldn't make ends meet.
Anonyme
il y a 8 ansDésolé si ma question semble stupide, peut-être est-ce à cause de la formulation, mais je ne comprends pas le passage suivants:
"la pratique privée reste la chasse gardée des hommes, qui occupent ce secteur à 50 % contre 32 % des femmes, selon le dernier portrait du Barreau."
Ça fait 82%. Qui sont les 18% restants....?
Anonyme
il y a 8 ansJe me suis posé la même question !
Marianne
il y a 8 ansEn faite, il me semble qu'il faut calculer cela en fonction du sexe! La moitié des hommes pratiquent au privé! L'autre 50% pratique donc au public. 32% des femmes pratiquent au privé contre 68% des femmes au public!
Anonyme
il y a 8 ansDésolé si ma question semble stupide, peut-être est-ce à cause de la formulation, mais je ne comprends pas le passage suivant:
"la pratique privée reste la chasse gardée des hommes, qui occupent ce secteur à 50 % contre 32 % des femmes, selon le dernier portrait du Barreau."
Si je calcule bien, ça fait 82%. Qui sont les 18% restants...?
Anonyme
il y a 8 ansTransgenres
Anonyme
il y a 8 ansLes LGBT-etc... voyons!
Anonyme
il y a 8 ans... je crois que ce que ça peut vouloir dire, c'est que 32% des femmes en droit criminel sont en pratique privé et le 78% restant, sont au public.
C'Est juste que c'Est vraiment mal écrit!
Not DSG but I write in English too
il y a 8 ansNice reading, guys.
It doesn't say that 18% of us are transgendered. What it means is that 50% of the 9% of all lawyer guys who are criminal lawyers, are defence counsel. Only 32% of the 7% of all women lawyers who are criminal lawyers, are defence counsel. So half of crim law dudes are Crowns, but 68% of crim law women are Crowns, because Her Majesty's a pretty nice girl and she gives you mat leave.
Lawyer out!
Karine Limoges
il y a 8 ansBonjour,
Le dernier commentaire résume bien les données colligées par Droit-inc : 50 % des hommes en droit criminel (9% des membres du Barreau) exercent au sein d'un cabinet privé tandis que seulement 32 % des femmes (7% des membres du Barreau) font de même.
Par contre, les femmes en droit criminel demeurent mieux représentées (68% restant) en entreprise, dans le domaine public (par exemple comme procureure de la Couronne) ou parapublic.
Pour consulter le plus récent portrait de la profession d'avocat sur lequel se base cette analyse: https://www.barreau.qc.ca/pdf/publications/barreau-metre-2015.pdf