Bonifier les congés parentaux pour retenir plus de talents
Camille Dufétel
2023-07-04 13:15:00
Une manière selon eux de se différencier des concurrents, d’attirer éventuellement de nouveaux avocats, mais surtout de retenir leurs talents. Du côté de NRF, le cabinet a communiqué sur sa nouvelle politique en mai dernier. Elle s’applique à toutes les personnes à l’emploi permanent du cabinet qui deviennent parents, et prévoit un complément équivalent à 100 % de leur salaire de base pendant un maximum de 26 semaines.
Cela étend ainsi les avantages offerts de 18 à 26 semaines. Contacté par Droit-inc, Pierre Nadeau, directeur principal, capital humain, rémunération globale et opérations RH chez Norton Rose Fulbright, explique qu’avant, pour le nombre de semaines, tout dépendait du type d’emploi occupé. « Maintenant, tout le monde est sur le même pied d’égalité à 26 semaines et avec 100 % du salaire de base qui est payé », assure-t-il.
Il ajoute qu’il n’y a aucune période d’admissibilité pour y avoir droit, ce qui signifie que cette politique s’applique aussi aux personnes nouvellement à l’emploi du cabinet. En résumé, toutes les conditions qui prévalaient autrefois sont tombées.
Du côté de BCF, la bonification du congé de parentalité, qui s’inscrit dans les pratiques de diversité et d’inclusion du cabinet, a été annoncée en février dernier et mise en place dès le 1ᵉʳ janvier. Auparavant, les employés comptant au moins deux ans de service continu étaient admissibles aux congés de parentalité, avec un revenu annuel de base maintenu à 95 % jusqu’à 18 semaines pour la maternité et jusqu’à cinq semaines pour la paternité et l’adoption.
Désormais, chez BCF, tous les employés permanents qui cumulent au moins une année de service continu peuvent, grâce à cette politique bonifiée, maintenir 100 % de leur revenu annuel de base pendant 25 semaines, pour tout type de congé, adoption, maternité, parental, paternité.
Retenir les avocats, voire en attirer d’autres
Geneviève Laurendeau, cheffe des talents et ressources humaines chez BCF, explique que cette décision s’inscrit notamment dans une démarche visant à revoir et à réhausser la marque employeur. Elle ajoute que BCF a mis en place un comité de travail sur la diversité et l’inclusion et qu’il était important pour ce comité que tout le monde se sente inclus dans cette politique.
L’objectif est aussi selon elle de retenir les gens à l’interne et d’être attractif sur le marché.
« Je vous dirais que c'est plus un facteur de rétention que d’acquisition, pointe-t-elle d’ailleurs à ce niveau. Les jeunes avocats, surtout quand ils commencent dans de grands cabinets, sont plus concentrés sur le début de leur carrière, le fait d’avoir un mentor, un coach, c’est plus ça qui a un impact sur leur acquisition. Ceci étant dit, quand ils se renseignent sur BCF, ils voient que ça fait partie de nos valeurs… »
Elle estime que cela marquera leur évaluation du cabinet, sans qu’il s’agisse pour autant de la raison principale qui leur fera rejoindre le cabinet.
Pour sa part, Pierre Nadeau de NRF dit vouloir « vraiment donner tout le support aux familles et leur donner une certaine paix d’esprit au niveau financier ». « Il n’y a plus, et je dis ça entre guillemets, de ‘discrimination’ sur le type d’absence, que ce soit pour une mère, un père, le type de naissance également, il peut s’agir d’une adoption… »
La politique parentale de Norton Rose s’applique en effet à toutes les personnes à l’emploi permanent du cabinet au Canada, quelles que soient les modalités d’arrivée d’un enfant dans leur famille, visant ainsi également les pères, les parents adoptifs et les parents qui n’ont pas donné naissance à l’enfant.
Il rappelle que le congé de paternité, par définition au Québec, est moins généreux que celui de maternité, et qu’avec cette politique, c’est pour tout le monde pareil. « Quand un couple a un enfant, on sait que ça prend énormément de temps, d’investissement, notre intention est vraiment de retirer toute préoccupation financière quand les parents prennent soin du nouveau-né. »
NRF précise que cette bonification a été mise au point en consultation avec des femmes travaillant au cabinet et sur leur recommandation afin d’appuyer les initiatives cherchant à favoriser l’équité entre les genres. « Elle fait partie d’un projet plus vaste consistant à examiner la répartition du travail et la progression professionnelle ».
Concernant le fait d’attirer de nouveaux talents, Pierre Nadeau souligne que quand quelqu’un désire fonder une famille, ce type de politique parentale peut définitivement avoir une incidence positive sur le choix du candidat ou de la candidate.
Qu’en pensent les concernés ?
Droit-inc a demandé à un avocat qui bénéficie actuellement de ces congés parentaux bonifiés, son avis sur cette politique. Il s’agit en l’occurrence de Me Xavier Foccroule Ménard, avocat chez NRF à Montréal.
Ce dernier dit jusqu’à présent avoir pris trois mois de congé paternité, de manière non continue. Il apprécie le fait de pouvoir bénéficier de cette nouvelle politique. « Je salue l’initiative de mon bureau, c’est un des seuls à prévoir cela, l’autre que je connais est BCF. Norton est à l’avant-garde de cette question et c’est une excellente politique pour les pères. »
« C’est très bon pour supporter les pères qui ont de jeunes enfants à la maison, poursuit-il. C’est du temps que tu ne rattrapes jamais, la première année de vie de ton enfant. C’est inestimable. Il faut être présent pour la voir. »
Il ajoute que quand un avocat fait la liste des critères importants pour la sélection d’un endroit de travail dans un cabinet, cette politique est un avantage certain.
Après leurs congés parentaux, les avocats jeunes parents pourront relire cet article de Droit-inc pour concilier vie professionnelle et vie familiale !