Carrière et Formation

Ce que je ne savais pas avant de devenir juge

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Marie-Ève Buisson

2024-12-09 15:00:19

Michel Yergeau. Source : LCM
Michel Yergeau. Source : LCM
Un ancien magistrat dévoile les dessous du métier de juge…

Michel Yergeau, ancien juge de la Cour supérieure du Québec et avocat-conseil chez LCM, partage à Droit-Inc ce qu’il a découvert sur la magistrature une fois qu’il en a fait partie.

Un manque de ressources criant

Les juges doivent composer avec un système en proie à des lacunes structurelles importantes.

« Il n’y a pas de ressources suffisantes. Pas assez de greffiers, pas assez d’adjointes, pas assez d’assistants de recherche. Cela frôle le scandale », déplore-t-il.

Cette pénurie oblige les juges à accomplir des tâches administratives qui grugent un temps précieux, réduisant leur capacité à se concentrer sur leur travail judiciaire.

« La charge de travail des juges est énorme. Quand il faut commencer à courir pour faire le travail du greffier ou de la secrétaire plutôt que de faire le travail de juge, ça n’a aucun sens ! »

La solitude

L’un des aspects qui peut surprendre est le sentiment de solitude chez les juges.

« C’est vous qui décidez, et vous êtes seul à décider. La solitude est un état naturel chez les juges, surtout face à des décisions complexes », explique Michel Yergeau. Bien que la collégialité entre juges offre un appui moral, la signature d’un jugement demeure une responsabilité solitaire.

« Plus la décision est difficile, plus vous êtes seul », ajoute-t-il.

Un milieu intellectuel riche

Malgré cette solitude, le travail de juge s’effectue dans un environnement intellectuel d’une rare intensité.

« Quand on arrive à la Cour supérieure, on découvre un haut niveau de probité et d’exigence collective. Les échanges d’idées avec les confrères et consœurs rendent ce milieu intellectuellement très dynamique », souligne l’ancien magistrat.

Il ajoute: « Il y a environ 150 juges pour tout le Québec. C’est un petit milieu où l’on ressent un grand sentiment de solidarité ».

Sérénité

Pour survivre et prospérer dans cette profession, la sérénité est une qualité essentielle.

« Sans paix d’esprit, vous risquez de devenir impatient ou contrarié, ce qui peut nuire à vos décisions », avertit-il. Trouver rapidement ses marques et atteindre une certaine quiétude intérieure est crucial pour gérer les pressions du rôle.

« La sérénité apporte une ouverture d’esprit, le calme, l’aptitude à réfléchir, l’écoute… Ça nous libère surtout de nos préjugés, ce qui est essentiel dans la carrière de juge ».

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