Jeune avocate…à 51 ans
Sonia Semere
2022-10-06 15:00:00
« Je voulais faire du droit social, changer la société », confie-t-elle à Droit-inc.
Il aura finalement suffi d’une rencontre pour que son rêve soit brisé. « Lors du deuxième ou troisième cours, un prof en amphi nous a dit : Si vous êtes ici pour défendre la veuve ou l’orphelin, vous n’êtes pas à votre place», confie Gaby Isabelle Gélinas.
Une phrase qui, 30 ans plus tard, résonne toujours en elle.
« J’ai décidé de continuer mes études quand même, mais mes espoirs concernant ma carrière d’avocate ont été un peu anéantis à ce moment-là ».
Après avoir obtenu son baccalauréat en droit, celle-ci a totalement changé de voie, bien loin des codes, des tribunaux et des toges.
« De fil en aiguille, j’ai fait de l’informatique et après ça, j'ai fait une carrière en traduction ».
Seulement voilà, arrivée à l’âge de 50 ans, Gaby Isabelle Gélinas a eu l’intime conviction qu’elle pouvait faire quelque chose de plus dans sa vie.
« Il y a des personnes près de moi qui ont eu des expériences judiciaires difficiles et je me suis dit que j’aurais pu les accompagner là-dedans ».
Alors, la cinquantaine passée, est-il trop tard pour se lancer dans une telle aventure ? Gaby Isabelle Gélinas n’a, de son côté, pas réfléchi bien longtemps.
« Je suis allée déterrer mon diplôme, j’ai rassemblé tous mes papiers et je suis allée faire ma demande pour être admise à l’école du Barreau ».
Tout n’a clairement pas été si facile dans son parcours. Vie de famille oblige, elle a dû mettre en place une sacrée organisation.
« Les cours préparatoires ont été le plus difficile parce que c’était à distance. Ça a été compliqué parce que je restais quand même dans mon milieu familial, j’ai deux enfants, un conjoint, deux chiens, deux chats… ».
Mais alors, comment son entourage a-t-il réagi face à une telle nouvelle ? « Autour de moi, il y a eu beaucoup d'incrédulité, on m’a dit que c’était ridicule, que j’étais folle… Mais dans mon entourage vraiment proche, j’ai été soutenue », confie la future avocate.
À peine l’examen du Barreau obtenu, la question du cabinet dans lequel effectuer son stage s’est vite posée. Et sur ce point, Gaby Isabelle Gélinas était très claire, elle tenait absolument à travailler avec un avocat qui partage les mêmes valeurs qu’elle.
Le choix de Me Jacques Patry a alors sonné comme une évidence.
« J’ai lu plusieurs jugements où il apparaissait et j’ai réalisé qu’on avait la même vision de la justice. Dans les jugements que j’ai lus, on se retrouvait face à des gens qui étaient démunis, que ce soit sur le plan intellectuel ou sur le plan financier ».
Aujourd'hui, seulement quelques semaines après avoir démarré son stage, la future assermentée n’a aucun doute là-dessus.
« Je ne me suis vraiment pas trompée ».
Alors que la fin de son stage a été programmée au 27 janvier prochain, Gaby Isabelle Gélinas deviendra, dans la foulée, enfin avocate !
Et pour le futur ? « Me Patry compte très certainement prendre sa retraite au printemps. Il m’a demandé de reprendre ses dossiers, ce qui est une occasion extraordinaire pour une avocate qui commence. Donc l’idée serait de reprendre son cabinet au plus tôt au mois d’avril 2023 », se réjouit-elle.
Et visiblement, celle-ci ne compte pas s’arrêter là.
« J’aimerais aussi organiser des formations en droit en collaboration avec des organismes, par exemple pour le droit des femmes ou le droit au logement… Il y a plein de gens qui ne sont pas au courant de leurs droits donc j’aimerais vraiment m’engager au niveau communautaire ».
Annie Lefebvre
il y a 2 ansQuelle belle preuve de ténacité ! Bravo !
Me(e)
il y a 2 ansIt is never too late to be what you might have been.
Bon succès et ne laissez jamais les détracteurs vous éloigner de votre vision.