Tête-à-tête avec l’ancien directeur d’Avocats sans frontières!
Marie-ève Buisson
2023-11-13 15:00:00
Tout d’abord, qu’est-ce qui vous a incité à devenir avocat?
J’ai toujours su que je voulais être avocat, ce qui est un peu étrange puisque personne de mon entourage faisait carrière dans la profession juridique. Lorsque j’écoutais des films et qu’il y avait une injustice, j’étais très choqué et je voulais trouver une solution pour les personnages impliqués.
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel?
Dans ma carrière, j'ai été avocat plaideur, avocat en litige puis avocat en droit des affaires. J’ai travaillé au sein des cabinets Pothier Delisle et McCarthy Tétrault où j’ai travaillé pendant près de cinq ans. Je suis par la suite devenu assistant de cours à la Faculté de droit de l’Université Laval où je formais des étudiants pour les concours de plaidoirie.
J’ai aussi co-fondé Avocats sans frontières au Québec et j’ai été le directeur général pendant au moins 18 ans. Je dois dire que cette variété d’expérience m’est aujourd’hui très utile dans mon nouveau travail.
Vous dites que votre expérience en droit vous est très utile en politique. Comment?
Depuis mes débuts en politique, j’ai déjà eu à me prononcer sur plusieurs enjeux de droit international à l’Assemblée nationale. Ma formation juridique m’est aussi très utile pour tout ce qui touche aux projets de loi. Je dirais aussi que mon expérience en tant que gestionnaire d’Avocats sans frontières me sert beaucoup lorsque je dois rencontrer des entrepreneurs ou des organisations qui vivent des enjeux de gestion ou d’organisation de budget.
Parlez-moi justement de votre expérience avec Avocats sans frontières. Comment avez-vous fondé cette organisation au Québec?
Je suis en effet l’un des membres fondateurs d’Avocats sans frontières avec Dominique-Anne Roy et Pierre Brun. En 2002, Me Roy rencontre les représentants d’Avocats sans frontières France et vit un coup de foudre professionnel avec l’organisation.
En rentrant, elle nous en parle et on décide de fonder Avocats sans frontières au Québec. Au début, nous étions une toute petite organisation. Je travaillais encore chez McCarthy Tétrault, puis j’ai décidé de démissionner afin de me donner à 100% pour l’organisation. J’ai travaillé seul pendant cinq ans dans mon petit appartement afin de gérer l’organisation. Nous sommes passés de quelques bénévoles à plusieurs employés au fil des ans.
Avocats sans frontières, c'est maintenant plus de 20 millions de dollars de budget annuellement et plus de 150 employés répartis dans des bureaux situés dans six pays. Le but de l’organisation est d’utiliser le droit comme outil de changement. Avocats sans frontières vient de fêter ses 20 ans et je suis énormément fier d’avoir bâti cette organisation dans mon petit appartement.
Avez-vous quitté Avocats sans frontières pour vous lancer en politique?
Non. J’ai annoncé depuis longtemps que j’allais quitter l’organisation à mon 20e anniversaire. Je crois que c’est de la saine gouvernance de passer à autre chose, de laisser la place à quelqu’un d’autre. Nous avons préparé un plan de transition et de communication depuis un bon moment déjà.
Puis tout à coup, le député de ma circonscription a démissionné. J’ai ensuite reçu un appel de Paul St-Pierre Plamondon afin de discuter d’une éventuelle candidature… et j’ai accepté!
La politique m’intéressait depuis longtemps déjà. Lorsque j’étais jeune, j’ai fait le parlement étudiant, fait de la politique municipale et j’ai même été un militant péquiste. Tout était tracé devant moi pour que je me lance en politique.
Savez-vous qui va vous remplacer chez Avocats sans frontières?
Actuellement, la direction générale par intérim est assurée par Me Karine Ruel. Il y a un processus de recrutement international qui est en cours afin de trouver qui va me succéder.
En tant que député, allez-vous continuer de travailler sur des enjeux entourant le droit?
Absolument. J'ai été nommé critique en matière de justice pour le Parti québécois. C’est moi qui vais être en interaction avec le ministre de la justice du Québec et j’en suis très heureux parce que je vais toujours rester un avocat à l’intérieur de moi.
Je suis quelqu’un qui croit que notre système de justice est absolument essentiel qu’il n’a pas l’attention qu’il mérite actuellement dans la mission de l'État.
J’ai eu la chance depuis 20 ans de travailler en étroite collaboration avec les institutions de la justice. Je connais bien la magistrature, les institutions du Barreau… J’ai des liens avec la plupart des cabinets d’avocats et plusieurs organisations communautaires. Je suis un défenseur des droits humains dans l’âme.
Je veux continuer de contribuer à ce que la justice serve les personnes qui en ont le plus besoin.