Texter ses clients, bonne ou mauvaise idée ?
Diane Poupeau
2019-03-07 14:15:00
« Il faut faire la différence entre la sécurité et la protection des données confidentielles. Ce sont deux choses différentes », prévient Dominic Jaar de KPMG.
« Si on pense à la sécurité d'un SMS, c'est la même chose que quand on envoie un courriel. Si votre téléphone n'est pas sécurisé, une personne mal intentionnée peut y avoir accès. Mais l'interception de grands volumes est assez mince », tempère l'avocat.
Optez pour le chiffrement
S'agissant de la confidentialité, on peut se demander si celle-ci n'est pas brisée dès lors qu'on dépose du contenu sur un serveur.
Premier conseil, donc : optez pour le chiffrement lors d'échanges par messages. Pour ce faire, vous pouvez utiliser Signal ou Whatsapp.
Attention toutefois : « quand on utilise Whatsapp, on dépose des renseignements sur les serveurs d'une entreprise. Or, cette entreprise est contraignable et pourrait être obligée de donner accès à ce contenu », prévient Dominic Jaar.
En revanche, l'application Signal ne conserve que le strict nécessaire : votre numéro de téléphone, votre identifiant mais pas le contenu de vos échanges, ce qui assure une certaine protection aux données confidentielles.
Blindez vos lettres de mandat!
« De toute façon, précise Dominic Jaar, les messages textes sont plutôt utilisés pour de la logistique. Dans ce cas, il y a de fortes chances que ce contenu ne soit pas confidentiel. »
Le spécialiste recommande quand même aux avocats de prévoir dans leurs lettres de mandat une disposition prévoyant l'utilisation de telle ou telle technologie, dont le message texte, « pour éviter que l'avocat se retrouve dans une situation de violation de sa déontologie ».
Cette technique présente le mérite d'être conforme non seulement aux obligations qui s'imposent aux avocats, mais aussi à l'article 25 de la loi sur les technologies de l’information, qui oblige les professionnels détenants des renseignements confidentiels de prendre toutes les mesures de sécurité propres à en assurer la confidentialité.
Une conservation fastidieuse
Une autre problématique ne doit pas être négligée : l'avocat a obligation de conserver la documentation professionnelle nécessaire à l'offre de ses services.
Selon Me Jaar, cette obligation pose un problème tactique : « les messages textes ne sont pas évidents à sauvegarder ». Il faut donc se les transférer dans un autre format ou faire des captures d'écran, ce qui peut vite devenir laborieux.
En somme, toutes les technologies qui rendent votre pratique plus efficace doivent être utilisées. Mais encore faut-il savoir s'en servir de façon sécuritaire.