Carrière et Formation

Un nouveau cabinet dédié aux créateurs!

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Camille Dufétel

2024-01-26 14:15:20

Crédit : Pierre Manning

Deux avocates fortes d’une large expérience des milieux culturels ont récemment ouvert, à Montréal, leur cabinet destiné aux créateurs. Droit-inc s’entretient avec elles.

Accompagner les créateurs et créatrices « et les soutenir dans les multiples facettes du développement de leur carrière, au sein d’une industrie en constante transformation ».

C’est en somme ce que proposent Me Maude-Isabelle Delagrave et Me Gabriella Rozankovic, dont le cabinet mis sur pied en octobre 2023, « Delaroza - droit des arts et représentation », est basé près du métro Atwater à Montréal.

Leur cabinet représente les créateurs qui œuvrent principalement dans les domaines de l’audiovisuel, de la musique, de l’édition et des arts visuels, pour les accompagner « dans leurs considérations créatives, légales et d’affaires, avec comme objectifs de valoriser leur travail et de protéger leurs intérêts ».

Me Delagrave explique qu’elle et Me Rozankovic accompagnent par exemple des créateurs dans la négociation de leurs contrats avec des producteurs dans certains domaines de production, mais aussi des personnes qui s’auto-produisent et qui ne se catégorisent pas comme étant côté producteurs.

« On est bien placées pour comprendre, au niveau créatif, leurs besoins, pointe Me Delagrave. Mais aussi, au niveau production, pour les accompagner. »

La culture, fil conducteur

Toutes deux ne se spécialisent en effet pas dans ce domaine par hasard. Barreau 1998, Me Delagrave a suivi une formation en « film production » à Concordia.

« C'est faire le scénario, le montage, la production, gérer l’équipe… Pendant trois ans, tu apprends vraiment, en cinéma et télévision, à faire de la production avec différents chapeaux. J’ai très vite découvert que c’était le côté production qui m’intéressait davantage que l’écriture, le montage, la réalisation. Ce n’était pas dans le côté créatif que je m’épanouissais. C’était plutôt quand il y avait des problèmes sur le plateau de tournage! »

Elle explique qu’il y avait alors peu de débouchés, en pleine crise économique au Québec. Elle s’est inscrite en droit à McGill. « Je suis allée me chercher un atout dans ce que je souhaitais faire, qui était d’être du côté production, mais d’avoir une carte additionnelle dans mes poches ».

Elle a aussi étudié durant une année à Paris le droit de la communauté européenne. De retour au Québec ensuite, elle a effectué un stage chez Robic avant de se tourner vers une boîte de production, Galafilm Inc., où elle a travaillé onze ans. À la fin, elle y est devenue vice-présidente aux affaires légales et commerciales.

« Je faisais vraiment la gestion de tous les contrats, réalisateurs, scénaristes, les options sur les livres, toute la gestion des ententes collectives… Il y avait aussi les contrats avec les diffuseurs, les distributeurs sur l’international, les coproductions avec l’étranger, une partie gestion des employés, les contrats d’emplois, les crédits d’impôts à aller chercher, les assurances de production… »

Elle a par la suite rejoint l'agence d’artistes Maxime Vanasse, dont elle a été vice-présidente. « C’était vraiment une représentation de l’autre côté par rapport aux producteurs, une très belle expérience avec une multitude de créateurs », souligne-t-elle.

Après cinq ans, elle a décidé de se lancer à son compte selon la façon dont elle voulait représenter des créateurs, « qui s’adonnent aussi dans certains cas à être producteurs ».

Barreau 2016, Me Rozankovic est pour sa part une avocate spécialisée en droit du divertissement et de la propriété intellectuelle. « J’ai toujours évolué dans le milieu créatif, j’ai fait de la musique longtemps, je viens d’une famille de musiciens, j’ai étudié en arts et lettres au cégep… Donc quand j’ai commencé mon baccalauréat en droit à McGill, c’était assez évident que j’allais me diriger vers le milieu des arts ».

Elle a œuvré dans un cabinet d’avocats spécialisé dans la représentation de producteurs audiovisuels, Lussier & Khouzam, puis au sein d’une maison de disques, Dare to Care Records, aujourd’hui Bravo Musique, où elle tenait un rôle hybride de conseil juridique et développement des affaires.

« J’ai connu Maude quand elle travaillait à son compte comme avocate représentant les créateurs, pointe-t-elle. Nous sommes toujours restées en contact et nous nous sommes toujours bien entendues. Quand j’ai quitté mon emploi chez Dare To Care, elle était intéressée à ce qu’on collabore ensemble. Ça me donnait l’occasion de développer ma pratique en ayant une mentore. C’est toujours ça qu’on cherche, quand on est un jeune avocat, surtout à son compte. »

Étant alors chacune à leur compte, elles ont collaboré ensemble pendant trois ans. Très rapidement, est venue l’idée de s'associer. « C’est une très petite industrie, l’industrie du divertissement au Québec et à Montréal, remarque Me Rozankovic. Il n’y a pas beaucoup de gens qui font ça, c’est souvent une pratique plus orientée vers les producteurs que les créateurs, les individus eux-mêmes. Nous, on avait le désir de mettre notre pratique au service des créateurs. »

Comprendre l’industrie

C’est ainsi qu’elles ont décidé de fonder Delaroza, pour Delagrave et Rozankovic.

« Il y a une partie où on gère et on révise des contrats, on fait de la propriété intellectuelle c’est sûr, mais une grosse partie du travail, ce sont aussi des affaires, du business, de la compréhension de l’industrie », remarque Me Rozankovic.

Elle estime que si cela est commun à plusieurs domaines de droit, c’est une particularité qu’on voit beaucoup en droit du divertissement ou en représentation de créateurs, où « il y a vraiment une nécessité de comprendre le marché, de comprendre comment fonctionne un cycle de diffusion »…

Me Delagrave parle d’une évaluation des affaires, mais « d’une évaluation aussi créative du projet ». « C’est aussi de conseiller, de suggérer sur: ‘Voici ton projet, voici qui tu es au niveau personnel et au niveau du contenu du projet… Et voilà les choix des meilleurs producteurs au Québec où tu pourrais aller avec ce projet’ », note-t-elle.

Me Delagrave insiste sur un point: toutes deux ne donnent pas de conseils créatifs sur le contenu d’un projet, ce n’est pas leur rôle. Elles évaluent le travail créatif pour bien comprendre la valeur du projet lui-même, ce qui est différent.

Me Delagrave accompagne par exemple beaucoup d’auteurs de livres, des scénaristes, des concepteurs également.

« Je donne beaucoup dans l’auteur et le réalisateur, précise-t-elle. C’est ma patinoire de plaisir et de bonheur. » Tous les types de créateurs qu’accompagnent les avocates sont listés sur le site de leur cabinet.

Elles ont choisi de s’installer près du métro Atwater parce qu’elles estiment que celui-ci est très facile d’accès pour les personnes qui souhaitent venir en métro ou en automobile, sans trop de difficultés côté stationnement. Elles ne travaillent qu’à deux, s'occupent elles-mêmes de leur facturation, effectuent leurs suivis… Elles souhaitaient une formule « light ».

Les avocates avaient déjà chacune un bassin de clientèle. Elles précisent aussi que « dans ce milieu tissé serré, ça marche beaucoup par le bouche-à-oreille ». Elles parlent d’un petit milieu, très fragile, dans lequel il y a beaucoup de collégialité.

« Dans ma pratique, l’idée est de trouver un terrain d’entente juste, équitable, pour tout le monde autour de la table, et non pas de rendre impossible la production d’un projet parce qu’on est déconnecté et qu’on n’a pas le pouls de notre milieu, remarque ainsi Me Delagrave. On essaie de se garder au fait de ce qu’il se passe pour bien accompagner les gens qu’on représente et réussir à bâtir des projets viables. »

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