Votre cabinet est-il géré comme une entreprise?
Jean-Francois Parent
2017-10-20 11:00:00
L'exemple de l'étude Katten Muchin Rosenman, à Chicago, permet au magazine de jeter les bases de son constat : la firme de 600 avocats, aux revenus annuels de 550 millions de dollars, a confié sa direction à des gestionnaires de carrière.
On y a ainsi nommé un vice-président et chef de l'exploitation, qui entamait son mandat plus tôt cette semaine. Craig Courter vient de quitter le cabinet mondial Baker McKenzie. Son rôle est de s'assurer « qu'une entreprise soit gérée comme une entreprise », dit-il au magazine.
Il fait partie d'un nombre grandissant de gestionnaires qui ne pratiquent pas le droit - plusieurs n'y ont même pas étudié - qui ont la mission délicate de dire à des avocats comment mener leur barque.
Cela peut aller de consignes sur la façon d'inscrire leurs heures à la décision finale quant à la rétention des clients.
Craig Courter était avocat, mais n'a pas pratiqué depuis 1990. Ses responsabilités portent sur le marketing, les finances, et la gestion des ressources humaines.
Finis les bureaux fermés
Plus les firmes croissent, plus la demande pour des gestionnaires est forte, signale Victor Núñez, VP et chef de l'exploitation pour les Amériques de White & Case, basée à New York. Il était auparavant analyste financier et directeur de l'exploitation chez American Express.
Ses tâches incluent l'analyse de la profitabilité des clients.
Diplômé de l'école de commerce de l'Université Columbia, Victor Núñez confirme qu'il n'avait aucune connaissance du droit avant d'arriver chez White & Case. Son premier gros projet : réduire les bureaux du siège social, en les ramenant de 28 étages à neuf...
Finis les bureaux fermés pour les quelque 400 avocats de la firme situés à New York. L'histoire ne dit pas comment il a calmé les égos froissés, mais la firme dégageait, en 2015, des revenus de 1,9 milliard dollars US...
Les avocats font… du droit
De retour à Chicago, John Yoshimura est VP et chef de l'exploitation du cabinet McDermott Will & Emery.
Cette année, il a imposé à un groupe-témoin de 20 associés une équipe de quatre spécialistes du développement des affaires. Ils sont chargés d'aider les associés à raffiner leurs stratégies de sélection et de rétention de clientèle.
D'une part, des pros du développement d'affaires, payés au tarif des associés juniors, coûtent beaucoup moins cher que des associés seniors. Ensuite, « nous payons les avocats pour qu'ils pratiquent le droit, pas pour qu'ils fassent du développement d'affaires », explique John Yoshimura au magazine Bloomberg Big Law.
Une approche qui devient cruciale dans un univers où plusieurs firmes comptent des milliers d'avocats aux quatre coins d'un monde de plus en plus technologique, où l'intelligence artificielle a un impact sur la pratique et où les coûts doivent être concurrentiels.
Anonyme
il y a 7 ansPendant que les "bean counters" comptent les bines.
On peut comprendre que les parasites se cherchent un hôte. ça ne veut pas dire que leurs arguments sont valables.