Cinéma

Séance ciné : 3 films avant la fin du monde

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Céline Gobert

2012-12-07 17:00:00

Si l’on en croit les prophéties Maya, il ne vous reste plus que quelques petits 14 jours à vivre… Voici le top 3 des films de fins du monde à regarder avant la date fatidique.
Explosion nucléaire, catastrophe biologique, invasion de zombies ou d’extraterrestres, émeutes sociales… Quelle qu’elle soit, l’apocalypse au cinéma n’augure de toute façon rien de bon.

Que faire ou ne pas faire le 21 décembre prochain ? Pour, peut-être, survivre au cœur du chaos et devenir l’avocat(e)-élu(e), voici 3 conseils tirés d’œuvres à voir, ou revoir…

1) Eviter les lieux publics / Contagion de Steven Soderbergh

Ceux qui s’attendent à un Contagion en forme de blockbuster émouvant et hollywoodien, traversé par les tubes de Steven Tyler peuvent tout aussi bien rester chez eux : ici, Soderbergh nous sort l’artillerie lourde en matière de froideur et d’implacabilité.

Exit tout mainstream, Contagion est une sorte de croisement entre son Traffic et le Blindness de Meirelles, avec lesquels il partage la même aversion pour le genre humain, le monde moderne, et les mécanismes socio-politiques contemporains.

Avec cette histoire de pandémie internationale qui se répand à vitesse grand V, il reprend l’aridité formelle qui imprégnait la pellicule de son The Girlfriend Experience ou The Informant!, laissant libre cours à une mise en scène plus proche de la véracité documentaire que du film catastrophe made in USA. Autant vous dire qu’on n’est pas là pour rigoler.

La véritable tête d’affiche, c’est le virus. Vicieux, omniprésent, révélateur de la bassesse humain et des rouages d’une société corrompue jusqu’à la moelle. Luttes de pouvoir, désinformation, passe-droits gouvernementaux : ce que donne à voir Soderbergh, ici, ce n’est pas une apocalypse bactériologique, mais bel et bien la déshumanisation lente, méthodique, progressive de la planète.

2) Se construire un abri / Take Shelter de Jeff Nichols

Take Shelter est à Jeff Nichols (deuxième film après Shotgun Stories) ce que Bug était à Friedkin: une œuvre-métaphore, dont l’incursion dans un genre (ici, le thriller apocalyptique) sert de catalyseur à une étude plus approfondie de thématiques complexes.

Friedkin, derrière des protagonistes obsessionnels et rongés par la paranoïa, nous parlait d’amour. Nichols, dans Take Shelter, avec ce père angoissé (Michael Shannon, au sommet), obsédé par la construction d’un abri de jardin, nous parle de peur.

Cette peur, le cinéaste ne la lâche pas, se jouant des codes au cœur du drame. A travers la figure paternelle tout particulièrement, tourmentée par d’affreux cauchemars où tornades et oppresseurs lui arrachent sa femme (Jessica Chastain de Tree of Life) et sa petite fille sourde (Tova Stewart). Des visions d’horreur qui installent peu à peu le malaise, un étau qui se resserre sur un esprit que l’on redoute malade (la mère du personnage souffre de schizophrénie).

L’intelligence du film est de bâtir toute sa parabole sur la famille américaine autour de plusieurs pistes narratives, laissant ainsi la place au visuel d’un côté (photographie sublime avec des paysages mélancoliques, tableaux noirâtres de fin du monde), à la réflexion et au doute de l’autre (quelle est donc la nature de cette agitation qui imprègne peu à peu les protagonistes et la pellicule ?).

Take Shelter, qui signifie littéralement se mettre à l’abri, parle surtout de craintes démesurées: perdre sa famille, ne pas être capable de protéger les siens, être hanté par le spectre de ses parents, aculé par l’angoisse de perdre son boulot, par la crise économique, par les rumeurs d’imminente apocalypse.

Comme dans Bug, l’issue est tragique, d’une poésie effroyablement macabre, délicieusement résignée. Et offre une conclusion dantesque, et sublime, à un film énigmatique, à l’imagerie puissante.

3) Tomber amoureux de sa voisine / Perfect sense de David MacKenzie

Et si la fin du monde ne venait pas d’une menace extérieure (aliens, astéroïde, ère glacière), mais bien de nous-mêmes ? Que se passerait-il si l’espèce humaine perdait, lentement, inéluctablement, chacun de ses cinq sens ?

De cette jouissive idée de base, David MacKenzie (My name is Hallam Foe) offre un joyau de poésie désespérée, œuvre-écho au Blindness de Meirelles et au Children of men de Cuaron qui alterne douceur (quelle bonne idée que de suivre un nouveau couple d’amoureux au cœur de la confusion !) et violence.

Comment signifier la perte du goût ? La surdité ? La cécité ? MacKenzie déploie tout simplement mille idées par séquence. Via une atmosphère hypnotisante, et faisant de Glasgow le terrain crépusculaire de l’horreur, Perfect sense allie inventivité et sensibilité, singularité et cruauté.

Le cinéaste- à travers ses deux personnages principaux (Ewan McGregor restaurateur et Eva Green épidémiologiste) opte pour une apocalypse intimiste, refusant le spectaculaire, usant du réalisme comme un ressort dramatique redoutablement efficace.

Avec son utilisation habile d’une bande son mélancolique, son ambiance froide et sa voix-off qui rythme, de son infinie tristesse, la lente déliquescence du charnel, Perfect sense a des allures d’uppercut, enveloppé de coton.

Dans le même style (mais en plus drôle), et si vous l’aviez loupé cet été, vous pouvez vous louer Recherche ami pour partager fin du monde, dont nous avions parlé sur Droit-Inc ici.
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