Combien gagnent les solos?

Il existe de nombreux sondages, scientifiques ou non, qui tentent de recenser la rémunération des avocats. Les sondages sont établis par années d’expérience ou par statut. Or, pour être complet et fournir des informations comparables, quand on parle du revenu d’un avocat, il faudrait connaître son nombre d’années d’expérience et la taille de son bureau, mais aussi son domaine de pratique et sa localisation géographique.

S’il ne fait pas de doute que chaque sondage est effectué très sérieusement, ils ne fournissent pas pour autant, selon moi, des informations comparables les unes par rapport aux autres.

Par exemple, au Québec, le Barreau a publié en décembre 2014 un document intéressant sur les chiffres dans la profession.

« Selon le sondage d’appoint effectué lors de l’inscription annuelle de 2014 (marge d’erreur de 5,88% et intervalle de confiance de 95%), les avocats associés sont, sans surprise, ceux qui déclarent les salaires les plus élevés, et les travailleurs autonomes, ceux qui déclarent les salaires les plus bas. Toujours selon le sondage, plus de 50% des travailleurs autonomes ont déclaré gagner 50 000 $ ou moins. Échelle de salaire médiane en fonction du statut sélectionnée : (i) avocat seul, à son compte ou en société de dépenses = Entre 30 001 $ et 50 000 $; (ii) Salarié = Entre 90 001 $ et 110 000 $ ; (ii) Associé = Entre 200 001 $ et 300 000 $ ».

Ces résultats varient sans aucun doute en fonction de la localisation géographique et du domaine de droit pratiqué.

Ou encore, selon la firme Robert Half, au Canada, les échelles de revenus sont les suivantes [2] : pour un avocat de 4 à 9 ans d’expérience;

||Cabinet de plus de 75 avocats| $140,250 - $ 247,250
Cabinet entre 35 et 75 avocats| $119,250 - $ 210,750
Cabinet entre 10 et 35 avocats| $ 93,250 - $ 165,750
Cabinet jusqu’à 10 avocats| $ 76,500 - $ 134,500||

Selon moi, la seule certitude est que contrairement aux salariés qui gagnent ce que leurs employeurs les paient (salaires publiés et facilement quantifiables), le revenu d'un solo dépend de nombreuses variables et de choix à la fois professionnels et personnels.



Étapes du développement de la pratique

Mon expérience et celle des collègues que j’ai consultés ont généralement suivi un développement similaire. Démarrage et développement pour la première année, les revenus de la deuxième année doublent par rapport à ceux de leur première année.

Ensuite, il augmente de moitié. En trois ans, les revenus de la plupart de ceux que je connais dépassent ceux des avocats des grandes firmes pour les mêmes domaines de pratique et zones géographiques à condition qu'ils soient à plein temps.

Ensuite, commence une période de stabilisation au cours de laquelle le solo commence à réévaluer dans quelle direction il veut orienter sa vie professionnelle et personnelle. (Ceci est un constat observé dans mon entourage et n’a aucune valeur statistique ou scientifique).

Je connais un certain nombre d'avocats solo qui gagnent autant, voire plus, que les partenaires de grands bureaux. J’en connais aussi un certain nombre qui ne parviennent pas à rapporter un salaire minimum à la maison.

D’après différents sites ou forums consultés, il ressort que la moyenne des solos gagnerait entre 50 000 et 70 000 dollars par an. Un avocat solo qui réussit génère probablement un revenu brut à six chiffres par année. Et l’avantage de la pratique solo est de pouvoir équilibrer ses livres et déduire des dépenses.

Revenus comparables aux grands bureaux ?

Est-ce moins que ce que ce qu’un avocat en grand bureau fait ? Oui. Est-ce que les avocats solo travaillent moins d'heures facturables ? Probablement. Il est donc tout à fait possible qu'un avocat solo travaille moins d'heures, mais gagne plus par heure que son collègue d'un grand cabinet.

Bien sûr, il y a d'autres considérations importantes quand il est question d'argent. Travailler en tant que salarié garantit un revenu stable et des avantages sociaux non négligeables. Ceci n’est pas le cas pour l’avocat solo sauf si vous parvenez à bien gérer votre trésorerie.

D'un autre côté, travailler en solo peut permettre d’obtenir des hausses plus importantes si vous pouvez obtenir des mandats importants. Il faut reconnaître tout de même qu’il existe aussi des possibilités de hausses substantielles dans les grands bureaux : si l’avocat travaille beaucoup beaucoup d’heures au bureau, son nombre d’heures facturables devrait augmenter et il sera probablement récompensé par un bonus à la fin de l'année…

Ce qu’il faut retenir c’est que les solos ne choisissent pas tous de faire des millions ou bâtir des empires mais veulent tout simplement se maintenir dans le style de vie dans lequel ils sont les plus heureux.