La pratique solo : séduisante mais très exigeante!
Emilie Therrien
2013-08-26 14:15:00
Pratiquer solo implique non seulement la prestation de conseils juridiques, mais aussi l’administration d’une petite entreprise : facturation, comptabilité, etc.
Comme travailleuse autonome, je fais l’entrée de mes heures pour chaque client, les factures, les étiquettes, les envois par la poste, etc. Aussi, je procède moi-même au paiement des dépenses reliées à mon travail, et je dois faire ma propre comptabilité, notamment les rapports de TPS et TVQ. Cela implique de nombreuses heures de travail qui ne sont malheureusement pas facturables, mais qui sont essentielles pour la bonne marche de votre pratique.
Comment gérer tous ces aspects sans perdre la tête?
Tout d’abord, munissez-vous d’un logiciel de gestion spécialisé pour les avocats. Ensuite, déléguez une partie de votre administration à une entreprise de gestion. Pour ma part, c’est un dimanche soir, après avoir passé plus de cinq heures à entrer des factures accumulées depuis quelques temps, que je me suis rendu compte que la comptabilité, ce n’était pas mon fort, et que je pourrais passer mon précieux temps à faire autre chose de beaucoup plus productif que de me battre avec ma comptabilité. J’ai donc confié cet aspect de mon administration à une entreprise de gestion. Désormais, je dépose toutes mes factures dans une boite, je les oublie et l’entreprise de gestion s’en occupe.
Des dépenses, des dépenses et encore des dépenses
Un avocat travailleur autonome a sensiblement les mêmes besoins que ses confrères et consœurs en cabinet, sauf que dans son cas, c’est lui qui les paie de sa poche. Il lui faut un espace de bureau, des meubles, un ordinateur, des livres, un téléphone, un télécopieur, acquitter sa cotisation au Barreau, sa formation continue, etc. Par chance, ces dépenses sont déductibles de son revenu.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’avocat solo n’a pas de revenu fixe, et s’il ne travaille pas, il n’a pas d’entrées d’argent. Je planifie à l’avance mes prochaines vacances, car elles me coûtent aussi les revenus qui ne seront pas gagnés durant cette période…
Les clients : trop ou pas assez…
Si vous n’avez pas suivi mes conseils afin de dénicher des clients, il y a de fortes chances que vous ayez de la difficulté à survivre en tant qu’avocat solo. Les mandats ne tombent pas du ciel et vous devez dès le départ vous faire une stratégie afin de vendre vos services.
De même, il se peut que vous soyez dès le début une superstar du monde juridique et que vous ayez désormais trop de clients à servir. N’attendez pas de manquer de temps pour faire vos rapports d’impôts et de taxes avant de trouver une solution. Bâtissez-vous un réseau de confrères et consœurs à qui vous pouvez confier votre trop-plein de mandats et/ou engagez une adjointe pour coordonner le tout.
…quand ils acquittent leur facture!
Un avocat solo doit souvent courir après ses clients pour se faire payer, et il arrive parfois qu’il ne se fasse pas payer du tout. La réalité actuelle des services juridiques étant ce qu’elle est, c’est malheureusement de plus en plus chose courante. Il faut donc redoubler de prudence, mais il n’est toutefois pas garanti que le client qui semblait plein aux as soit celui qui paiera le plus rapidement…
Bref, le monde de la pratique solo comporte certains défis qu’il est important de connaître. Ceux-ci ne sont toutefois pas insurmontables, à condition d’y mettre le temps et la passion nécessaires. Nous ne sommes toutefois pas des Superman ou des Superwoman : il faut savoir bien s’entourer et c’est ce que j’aborderai dans une de mes prochaines chroniques.
Émilie Therrien est avocate dans une société nominale et pratique dans plusieurs domaines de droit. Elle collabore également au Journal du Barreau. Chaque semaine, elle fait part des hauts et des bas de la pratique solo sous forme d’anecdotes et de trucs, le tout dans le but de faire comprendre ce que constitue le quotidien pas toujours facile des avocats travailleurs autonomes.