Le droit international en solo
Emilie Therrien
2013-10-16 13:15:00
Le droit du transport : une voie vers l’international
Au début de sa carrière Me Cloutier a travaillé en droit du transport dans un cabinet d’avocats. Même s’il aimait le contact avec les acteurs internationaux de ce domaine, la réalité du marché juridique québécois l’a vite rattrapé.
« J’avais un peu de difficulté avec la vision d’un cabinet d’avocats, c’est-à-dire de travailler au volume et de rapporter le plus de mandats possible. J’avais plutôt une vision diplomatique du droit. »
Le MBA pour démarrer du bon pied
Le droit du transport ayant été déréglementé par le gouvernement tout juste avant le début des années 1990, Me Cloutier en a profité pour s’inscrire à l’Executive MBA de l’Université Concordia et partir à son compte.
« Je n’avais rien devant moi et je n’avais pas la fibre entrepreneuriale. Le MBA a été une révélation : il m’a permis d’acquérir les outils pour devenir entrepreneur du droit. »
C’est d’ailleurs lors de ce MBA qu’il a fait la rencontre de son premier client d’origine allemande. « À l’époque, on parlait surtout des relations nord-sud et de l’ALENA. Grâce à mon collègue allemand du MBA, j’avais trouvé mon créneau à développer : les relations est-ouest. » Ce client lui permettra de survivre pendant quelques temps et de faire ses preuves.
Me Cloutier s’est ensuite inscrit à l’Institut Goethe pour apprendre l’allemand et est devenu membre de plusieurs associations canado-allemandes. Après avoir fait un mandat pour le consulat allemand au Canada, Me Cloutier a été inscrit sur la liste des avocats recommandés en Europe pour les affaires au Canada.
« Ça m’a pris entre six à huit années pour développer ma clientèle. Je suis maintenant plus connu en Europe qu’au Québec », lance Me Cloutier. « Ça m’a demandé beaucoup d’investissement : je me suis montré le visage partout! »
Foncer!
Me Cloutier suggère aux avocats désirant partir à leur compte de prendre son courage à deux mains et foncer. « Il faut être persévérant, curieux envers ses clients et créatif afin de trouver des solutions. »
Connaître son client est un élément crucial de la relation avocat-client, selon lui. « Beaucoup d’avocats vont se contenter d’écouter et de répondre. Or, si tu connais d’où vient ton client et ses besoins réels, ce qui implique une certaine recherche au préalable, tu trouveras l’angle à adopter et la solution appropriée. »
Évidemment, reconnaît-il, il est difficile pour un avocat d’un moyen ou grand cabinet de faire une telle recherche, surtout par manque de temps.
Enfin, Me Cloutier indique qu’il faut croire en ses propres moyens et être patient. « Il faut toujours continuer à développer sa spécialité. On ne peut pas rester assis et attendre que les mandats tombent sur notre bureau. »
Il souligne que les jeunes avocats ont la chance d’avoir accès à des formations universitaires beaucoup plus variées qu’à son époque. « On doit profiter de ces formations car elles donnent encore plus d’outils à l’avocat; l’expérience personnelle cimentera les connaissances acquises », dit Me Cloutier, lui-même étudiant en vue de la maîtrise en prévention et règlement des différends à l’Université de Sherbrooke.
« Bref, il faut se déplacer, se faire voir et surtout, ne pas attendre. »
Émilie Therrien est avocate dans une société nominale et pratique dans plusieurs domaines de droit. Elle collabore également au Journal du Barreau. Chaque semaine, elle fait part des hauts et des bas de la pratique solo sous forme d’anecdotes et de trucs, le tout dans le but de faire comprendre ce que constitue le quotidien pas toujours facile des avocats travailleurs autonomes.