Chasseurs de talents
Daphnée Hacker
2014-03-13 14:15:00
Au fil des ans, les frères ont développé un intérêt commun pour les secteurs de l’innovation et des technologies. Les jeunes entrepreneurs pullulent dans ces domaines, où ils inventent des outils et services pour aider les entreprises à s’adapter au commerce électronique. «Tous les secteurs, que ce soit le manufacturier, la construction ou le commerce de détail ont besoin de se réinventer constamment au rythme des technologies, c’est pourquoi le nombre de start-ups avec un futur prometteur est très élevé», explique Shawn.
Le comptable a développé son flair de recruteur lorsqu’il a pris une pause de la comptabilité, en 2008, pour travailler notamment à la société internationale de capital de risque Nevori. «Shawn m’emmenait souvent avec lui lors de ses rencontres avec des entrepreneurs, ça m’a aidé à mieux savoir évaluer le potentiel d’une start-up», explique Scott.
Depuis quelques années, les deux frères partagent régulièrement les mêmes clients. «J’adore travailler avec mon frère, c’est un comptable et un conseiller judicieux», témoigne Scott. Toutefois, l’avocat se dit conscient que chaque client a des besoins différents, et qu’il faut s’assurer de trouver les professionnels les mieux placés pour la situation. «Shawn n’est pas toujours le comptable que je vais recommander, tout comme je ne suis pas l’avocat qu’il va référer à tout coup. Nous gardons en tête l’intérêt du client», assure-t-il.
Ouvrir les grandes firmes aux petits joueurs
Les frères Rozansky, qui travaillent tout les deux pour des grandes firmes, ont décidé de s’impliquer dans la création de programmes adaptés aux start-ups. Il y a 20 ans, jamais les grands cabinets d’avocats ou de comptables n’auraient consacré autant de temps et d’argent à des jeunes sans le sou, estime Shawn.
«Depuis l’arrivée de Facebook, il y a dix ans, les dirigeants ont commencé à comprendre que c’est payant d’investir dans une micro-compagnie, car éventuellement elle devient une société qui vaut des millions», poursuit-il.
Le cabinet Dentons à Montréal, ajoute Scott, a lancé au mois de janvier le programme Start-up, qui offre des services juridiques à taux réduit et des heures de consultations gratuites aux jeunes entrepreneurs. La firme Richter offre aussi un programme semblable de services comptables.
De tels programmes offrent des possibilités inouïes pour les jeunes qui souhaitent percer. Ça prend souvent des années avant que notre investissement auprès de ces petites start-ups soit rentable, note l’avocat. «Mais c’est tellement gratifiant de voir des jeunes prendre leur envol, sortir de leur sous-sol et de leurs dettes, embaucher leurs premiers employés et devenir une entreprise reconnue.»
Conseils aux futurs chasseurs
Après quelques années à chasser les jeunes talents, les deux frères sont capables de juger rapidement si une jeune entreprise possède un réel potentiel ou non. Comment être sûr? «C’est un ensemble d’éléments dont il faut tenir compte», observe Shawn. «Déjà, l’entrepreneur doit être passionné. Et au-delà de son élan de génie, il doit nous prouver qu’il est sérieux et qu’il a essayé de concrétiser son projet», ajoute Scott.
Pour être un bon recruteur, il faut selon eux faire preuve d’une grande ouverture d’esprit. «Ça peut faire déborder l’agenda, mais il faut accepter toutes les rencontres et consacrer au minimum une heure complète à chaque entrepreneur», relate Shawn.
Pour ce duo infaillible, une chose compte plus que tout : le coup de foudre. «Il faut absolument que ça ’‘fit’’. Il faut partager des affinités avec la personne, et avoir envie de pousser sa start-up aussi loin que l’entrepreneur pour que ça marche», résume Shawn.