En guerre contre la faillite
Daphnée Hacker-b.
2013-03-07 14:15:00
Oubliant que l’entretien est censé se consacrer à lui, le comptable spécialisé dans le redressement et la restructuration d’entreprises pose beaucoup de questions, curieux d’en savoir plus sur la personne qui se tient devant lui.
« C’est exactement de cette manière que j’établis le premier contact avec mes clients, je m’intéresse à eux et je développe ainsi une relation basée sur l’écoute », explique celui qui a débuté sa carrière en 2003 à la firme d’experts-comptables Richter où il s’est joint à l’équipe de restructuration et d’insolvabilité.
Dix ans plus tard, le comptable agréé reconnaît que l’expérience acquise au fil des années et des mandats complexes commence à se faire sentir. Appelé à intervenir rapidement auprès d’entreprises en situations financières critiques, il dispose souvent de peu de temps pour négocier avec les diverses parties et pour élaborer un plan de restructuration.
« Au début de ma carrière, je me suis retrouvé dans des situations très délicates en me demandant, comment on va bien pouvoir s’en sortir? Mais avec le temps, j’ai appris qu’on peut toujours trouver des solutions, toujours! » lance-t-il sur un ton passionné.
Ce qu'il aime particulièrement de son travail? Réussir à ramener l’harmonie dans un milieu hostile, où la tension règne entre les actionnaires, les fournisseurs, les employés, etc.
Il ajoute que c’est un métier où il faut avoir les nerfs solides tout étant sensible, car les gens sont souvent sur la défensive.
« C’est normal, ils risquent souvent de tout perdre… L’un de mes clients est tellement anxieux qu’il a perdu 25 livres en trois mois! Il faut le ménager », déclare-t-il, ajoutant au passage que sa clientèle est très variée, des compagnies de service au détail, en passant par le secteur hospitalier.
Les sauveurs de Rimouski
À l’occasion, M. Benchaya est appelé à conseiller des entreprises sur leurs projections financières. Toutefois, le gros de son travail consiste à intervenir auprès d’entreprises jugées en difficulté par une institution bancaire, ou encore auprès de compagnies qui se retrouvent sous la protection de la Cour.
Ce fut notamment le cas avec le groupe Pentagone, qui possédait 64 boutiques de vêtements dans la province et comptait environ 500 employés avant la restructuration, entamée en avril dernier. La société étant placée sous la protection de la loi des arrangements avec les créanciers, il fallait agir vite pour sauver le plus d’emplois possible et éviter les pertes monétaires supplémentaires.
Il explique avoir travaillé en étroite collaboration avec deux avocats de McCarthy, Mes Alain Tardif et Jocelyn Perreault. Alors que les deux juristes travaillaient à partir de Montréal, Olivier Benchaya et son associé se sont rendus à Rimouski, où ils sont restés plusieurs mois à travailler au siège social de Pentagone.
« Les gens du coin suivaient les développements de l’affaire de très près, souvent ils nous reconnaissaient et nous appelaient « les gars de Pentagone »! » raconte-t-il en riant.
En établissant un dialogue entre les différents acteurs de l’affaire, l’équipe de restructuration a finalement convaincu une autre chaîne québécoise d’acheter Pentagone.
Cette transaction a permis de sauver plus de la moitié des emplois, et de maintenir une quarantaine de boutiques ouvertes. Même s’il y a eu des mises à pied et des pertes monétaires, c’est une histoire qui s’est terminée pour le mieux, affirme M. Benchaya.
Pour en témoigner, les Rimouskois ont troqué le surnom « les gars de Pentagone » pour « les sauveurs de Pentagone ». Même s’il se souvient de cette histoire en souriant, le comptable n’oublie pas l’importance de faire participer tous les membres autour de la table pour assurer le meilleur tournant possible et surtout, éviter la faillite.
Son objectif? Continuer d’offrir un travail de qualité aux clients en terminant notamment sa licence de syndic, trouver les meilleurs partenaires pour assurer une résolution efficace (avis aux avocats intéressés!) et continuer à être aussi passionné par ce qu’il fait.
« Mais ça, ça ne devrait pas être difficile, lance-t-il, mon père est CA, mes deux frères le sont aussi, je crois que ma passion est génétique! »