Fini l’époque des faillites!
Daphnée Hacker-b.
2013-04-04 14:15:00
Même si Richter regroupe plus de 400 employés, Mme Pisciuneri a un style particulièrement coloré qui la distingue de ses collègues. Que ce soit sa façon de saluer ses collègues avec un bel accent italien, ou sa veste en cuir rétro aux larges bandes orange, elle ne manque pas d’attirer le regard.
« Mon style vestimentaire reflète bien ma personnalité authentique, j’aime que les gens voient tout de suite qui je suis », explique en entrevue avec Droit-inc celle qui vient d’être promue au titre d’associée.
La première impression, c’est un élément important du travail de cette comptable qui est souvent envoyée par les banques pour effectuer des mandats de réorganisation au sein de compagnies en situation précaire, notamment dans les secteurs de la lingerie fine, de la haute technologie et de la fabrication.
« Souvent les gens me demandent si je trouve mon métier difficile, ils croient que je suis constamment impliquée dans des mises à pied massives. Au contraire, je leur réponds que j’aime ce que je fais car je réussis très souvent à sauver des centaines d’emplois! » affirme la femme de 41 ans.
Les banques sont bien plus sophistiquées depuis une quinzaine d’années, poursuit-elle, on ne veut plus qu’une entreprise en situation précaire déclare faillite, idéalement on cherche à revoir la structure et à trouver une solution.
La toute dernière associée
L’expertise de Mme Pisciuneri en restructuration et en insolvabilité lui a permis de s’inscrire comme l’une des professionnelles les plus aguerries et respectées du groupe conseil du cabinet. « C’est mon expérience mais surtout ma détermination qui m’a permis de devenir associée. If you don’t ask, you don’t get! » rappelle-t-elle en riant.
Celle qui est devenue la toute dernière femme nommée associée du cabinet encourage ainsi ses collègues féminines à en faire autant. Afin qu’elles soient plus nombreuses, un groupe nommé Femme et leadership a été mis sur pied, souligne-t-elle, « et je suis fière d’y prendre part ».
L’aventure avec les magasins Bentley
Selon la comptable, la clé d’une restructuration réussie réside dans la bonne coopération, tant avec les propriétaires de l’entreprise que les employés, qui peuvent souvent apporter des éléments intéressants dans l’analyse du problème.
« Les propriétaires ont souvent un regard émotif sur leur compagnie, je tâche donc d’avoir un regard plus objectif, en identifiant l’ensemble des éléments du puzzle pour que tout le monde en sorte gagnant », dit Mme Pisciuneri.
C’est ce qu’elle a effectué lors d’un mandat complexe il y a quelques années avec la compagnie Bentley, qui avait alors un grave problème de liquidité. La chaîne de vêtements avait mis sur pied une division qui ne marchait pas.
Révisant avec quatre autres collègues l’inventaire de l’entreprise, ils ont accompagné les propriétaires lors de décisions difficiles, ce qui a entraîné la fermeture de 110 magasins sur 600, ainsi que des centaines de mises à pied. Malgré cela, la vaste majorité des emplois ont été sauvés.
Une expérience de 2 mois qui s’est conclue pour le mieux, avance Mme Pisciuneri, qui croit en la force de l’équipe pour réussir un tel tour de force.
Au mois de décembre dernier, la société de financement Novacap a d’ailleurs acheté la chaîne de magasins Bentley.
Bien que cette aventure se soit terminée pour le mieux, la comptable admet que ce qui lui pèse le plus est le sort des personnes qui perdent leur gagne-pain. « C’est pour cela que je travaille d’arrache-pied avec mes collègues, tant comptables qu’avocats, pour trouver une nouvelle structure qui permet d’éviter le plus possible ce genre de situation », conclut-elle.