Comptables

Négocier, au cœur du Nunavut

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Céline Gobert

2012-09-20 15:00:00

D’un côté, il y a les compagnies minières. De l’autre, les avocats des autochtones et ce comptable de chez RSM Richter. Chaque jour, il se bat pour le droit des autochtones, quitte à passer des semaines dans des régions reculées…
C’est une chance de rencontrer Harvey Sands.

Car, ce comptable agréé de l’Ontario est le plus souvent en voyage, occupé à rejoindre des territoires reculés, enneigés, froids.

Bientôt, il repartira dans le Nord, à bord d’un petit avion. Direction le Nunavut, le plus grand territoire inukophone du Canada.

Depuis 1998, il représente les groupes autochtones et les conseille dans le cadre de revendications territoriales, d’ententes sur les répercussions et les avantages, d’investissements commerciaux, de la structuration et de la négociation de coentreprises.

Harvey Sands représente les groupes autochtones et les conseille depuis 1998
Harvey Sands représente les groupes autochtones et les conseille depuis 1998
C’est simple : le plus souvent, les avocats des communautés en question le contactent parce qu’ils ont besoin d’assistance à la table de négociation avec les compagnies minières.

Aussi, il a été amené à collaborer avec les avocats de chez Gowlings et McCarthy Tétrault au Québec, et davantage d’avocats de moyens cabinets à Winnipeg et Ottawa.

Face à lui, les compagnies minières. La plupart du temps, ces derniers sont représentés par des avocats de chez Stikeman et Norton Rose, confie-t-il à Droit-Inc.

« Ma responsabilité est de leur expliquer LEURS responsabilités, dit-il, car c’est souvent la première fois qu’ils ont un projet au Canada. Le but est qu’ils reconnaissent les autochtones, leurs droits, ainsi que leur obligation de respecter une entente. »

Quelqu’un de différent

Tout commence il y a 14 ans.

Le grand bureau McCarthy est alors à la recherche d’une personne qui connaisse à la fois les affaires, la comptabilité et la fiscalité.

Harvey Sands représente un groupe des Premières nations
Harvey Sands représente un groupe des Premières nations
« Ils m’ont dit : nous avons besoin de quelqu’un de différent, pour un travail complètement différent. Une personne qui pourrait effectuer une transaction d’un tout nouveau type », se souvient-il.

En raison de sa vaste expérience, auprès de clients et d’investisseurs qu’il a assistés dans l’établissement, la négociation et la réalisation d’opérations et des services conseils en certification et en gestion qu’il offre à une clientèle entrepreneuriale variée, Harvey Sands est l’homme de la situation.

Il se retrouve alors en charge de représenter un groupe des Premières nations à Labrador pour un projet de mine de nickel, Voisey's Bay, sur un territoire aborigène.

« La Cour suprême du Canada a établi que les compagnies avaient l’obligation et le devoir de consulter le groupe d’autochtones qui utilisait le terrain comme un lieu de vie », explique-t-il.

Le premier d’une longue série de mandats visant à protéger les intérêts des autochtones.

D’un côté, les compagnies se doivent de respecter les traditions, les valeurs, la culture des autochtones. De l’autre, les autochtones doivent y puiser des avantages économiques: implication dans le projet, possibilité de commencer une affaire, etc.

Au milieu des compagnies et des autochtones, il y a Harvey Sands.

« Il faut avoir la patience de reconnaître le point de vue et les choses importantes pour les deux groupes, dit-il. Les deux doivent gagner, on doit trouver un moyen pour que chaque groupe ait ses intérêts défendus. »

Pour la compagnie : il s’agit bien sûr de la bonne réalisation du projet ; pour les autochtones, de questions de participation et de contrôle de l’impact du projet sur leur terrain.

« A la fin, un équilibre existe. Dans tous mes dossiers, toutes les conventions ont été réalisées, et chaque partie était satisfaite. »

Impact

Tous les jours, le travail d’Harvey Sands a un impact.

« Si je fais bien mon travail, je vais leur donner les ressources de base : en santé, en éducation. Les vrais clients, c’est la prochaine génération, on crée des ressources pour changer leur vie sur le long terme, et les structures de leur société. »

Même si les nombreux voyages, effectués dans des conditions difficiles de froid extrême, l’éloignent de sa famille et le contraignent parfois à demeurer dans les communautés plusieurs semaines en raison du mauvais temps, ce passionné ne changerait d’emploi pour rien au monde.

« Ce travail est important pour moi, je ne fais pas cela pour l’argent, j’en retire une grande joie. J’ai la satisfaction de dire : nous n’avons pas fait de profit pour un homme d’affaire, nous avons changé le mode de vie de la prochaine génération. »

Ses clients sont d’ailleurs les personnes les plus pauvres du Canada.

Ils ont des difficultés à se nourrir l’hiver, n’ont pas accès aux médicaments, connaissent des problèmes de drogues, d’alcool, de jeunes suicides.

Si le futur du Canada est de développer les entreprises minières pour l’économie mondiale et l’exportation, celui d’Harvey Sands est d’aider les populations autochtones.

Car aujourd’hui, 35% du Plan Nord concerne dans des territoires autochtones, projet libéral ou non. En Nunavut, le chiffre s’élève à 85%.

« Ils sont totalement dépendants du gouvernement fédéral et ce pour chaque dollar qu’ils obtiennent », indique celui qui a tout récemment été impliqué dans deux projets miniers dans le cadre du dit Plan Nord.

« La question pour les autochtones n’est pas d’obtenir une accommodation et de subir l’impact des compagnies sans en tirer des bénéfices. Cela doit être égal. »

Harvey Sands, lui, en œuvrant pour le respect des conventions et des locaux, est, chaque jour, l’artisan de cet équilibre.

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