Le défi de Spiegel
Natacha Mignon
2010-02-01 15:07:00
Robert Raich : Je pense que cela va être une année difficile, car il va falloir travailler 20 % plus fort pour atteindre les résultats de 2008. La bourse a beaucoup grimpé récemment, mais je sens que les clients ont encore peur.
En 2009, j’avais déjà anticipé, au regard du contexte économique général, une baisse de chiffre d’affaires de 15 à 20 %, qui a finalement été évitée, puisqu’avec la crise les clients nous ont beaucoup sollicité, notamment en droit fiscal pour sauver des impôts !
Malgré ces résultats de l’année dernière, je conserve ma prudence pour 2010.
Quelle est la stratégie de votre cabinet pour passer le cap de la crise ?
On a des clients qui nous sont fidèles depuis longtemps. A nous de tout faire pour bien les servir et les garder.
Au cours des derniers mois, il a en effet fallu qu’on défende notre terrain et notre clientèle, car on s’est retrouvé en concurrence directe avec les plus gros cabinets de la place. Prenons l’activité en fiscalité. Habituellement, ces bureaux travaillent pour des sociétés publiques. Avec la crise, ils ont eu moins de travail et ont cherché à gagner des clients parmi les PME, donc nos clients. Il a fallu réagir. Comment ? En se rapprochant de nos clients, en retournant immédiatement leurs appels, bref, en étant très présents à leurs cotés. On doit rester dans cette voie.
Est-ce que votre cabinet prévoit des embauches en 2010 ?
Oui, c’est d’ailleurs un défi important d’un cabinet de taille moyenne. En fiscalité, nous sommes les plus reconnus avec Stikeman. Cette réputation nous permet d’attirer les bons candidats. Ça ne suffit toutefois pas. Pour être concurrentiel, il faut aussi offrir des rémunérations compétitives. Chez nous, les jeunes avocats ont un choix à faire. Soit ils fournissent 1600 heures et sont moins payés que dans un gros bureau. Soit ils travaillent plus et obtiennent une rémunération équivalente à celles qu’ils pourraient toucher dans un gros bureau.
Quelle sera votre politique de facturation cette année ?
Dans le mauvais contexte actuel, nos taux horaires ne bougeront pas. On ne veut pas étrangler nos clients.
Beaucoup des cabinets de taille moyenne se disent « condamnés à grossir ». Est-ce également la philosophie de votre bureau ?
Nous sommes aujourd’hui 50 avocats, et je vous dirais que je suis content à cette taille, même à 40, car au-delà il y a une perte de contrôle.
Est-ce que cela veut dire que vous seriez hostile à tout projet de fusion ?
Ce n’est pas un projet pour les mois qui viennent. Mais je suis un entrepreneur et je pense comme un entrepreneur. Alors, si le cabinet ne parvenait pas à attirer de nouveaux associés entre 35 et 40 ans, on pourrait envisager une fusion dans quelques années avec un cabinet ayant des associés assez jeunes.