Une première semaine sans éclat
Ryan Hillier
2015-08-10 14:00:00
Dans le cadre de campagnes à durée plus traditionnelle, les moments initiaux passés sur le terrain peuvent être déterminants pour la balance de l'élection.
Cela dit, le scrutin de cette année n'a rien de conventionnel.
D'abord, dès le jour 5 de la campagne, les chefs des partis fédéralistes avaient rendez-vous avec Paul Wells, journaliste du magazine Maclean's pour le premier débat national, qui, puisque diffusé uniquement sur que CityTV et Internet, ne risquait pas de fracasser des records de cotes d'écoute.
Or, si l'exercice n'a pas produit de grand gagnant, certains chefs s'en sont tirés mieux que d'autres.
Pas de gagnant
C'est le cas, entre autres, de Justin Trudeau, qui, en se révélant bon débatteur, a surtout surpassé les attentes (bien que minimes) à son égard et a marqué des points de style avec quelques répliques assassines. On entend que les stratèges libéraux ont passé beaucoup de temps à préparer leur chef pour les débats en amont de la campagne, une décision qui semble avoir été payante. Espérons seulement pour le PLC que M. Trudeau laissera désormais de côté son ton mélodramatique tiré d’un mauvais roman-savon, qui est réapparu lors de son allocution de clôture.
De son côté, Stephen Harper a été quasi-impeccable dans le rôle de premier ministre sortant. Posé et rassurant, il s'est distingué par son ton présidentiel et a su se faufiler efficacement en réponse aux attaques des trois autres chefs à l’endroit de ses bilans économique et diplomatique. S'il n'a pas attiré de nouveaux partisans avec sa performance, il a certainement réussi à consolider, pour le moment, le bassin d'électeurs traditionnellement conservateurs.
Il était prévisible que Tom Mulcair profiterait de ce premier débat pour s’éloigner du caractère colérique qu'on lui attribue souvent à la Chambre des communes. Cette stratégie de demeurer calme et imperturbable a parfois eu comme impact de faire taire complètement le chef néodémocrate, donnant l'impression qu'il se trouvait sur les lignes de côté pour un débat Harper-Trudeau. Heureusement pour le NPD, M. Mulcair a été particulièrement efficace en traitant du dossier des réformes démocratiques, là où il a pu s'en donner à cœur joie tant contre le bilan conservateur que libéral, vu les déboires récents des sénateurs de ces deux partis.
Enfin, fidèle à elle-même, Elizabeth May a été percutante sur les dossiers chers au Parti vert, dont le développement durable et le rôle du Canada à l'étranger (particulièrement en matière de conflits armés). Elle a été (de loin) la préférée des utilisateurs de Twitter tout au long du débat, bien que cette appréciation généralisée des internautes ne semble pas être sur le point de se transformer en votes.
Une semaine calme
Cette première semaine n’a produit peu ou pas d’événements majeurs sur le terrain. Les Conservateurs ont été les premiers à mettre de l’avant des engagements électoraux précis, promettant notamment l’instauration d’un crédit d’impôt pour les rénovations domiciliaires (une mesure de relance économique assez courante) et la criminalisation des voyages de citoyens canadiens dans les zones où des groupes terroristes pratiquent des «activités hostiles». Les Conservateurs espèrent sans doute que ces annonces ont éclipsé la nouvelle de l’évincement de leur candidat dans Repentigny qui avait caché un plaidoyer de culpabilité en 2011 à une accusation de possession de marijuana pour laquelle il a reçu une absolution inconditionnelle.
Les Libéraux, eux, ont connu un premier rebondissement négatif lorsque l’exécutif d’une association de circonscription en Gaspésie a démissionné en bloc et, pire encore pour le parti de Justin Trudeau, a appuyé publiquement le candidat néodémocrate local.
Tom Mulcair et les Néodémocrates ont été relativement discrets, demeurant sous le radar pendant les premiers jours de campagne. Tout porte à croire qu’ils voudront profiter de la récente vague de sondages qui leur sont favorables pendant aussi longtemps que possible. Ils devront, par contre, s’assurer de ne pas trop se tenir à l’abri des questions des journalistes, cette tactique ayant déjà été reçue avec une certaine grogne, à la fois des médias et du public.
Absent du premier débat des chefs, le Bloc Québécois n’a pas non plus été particulièrement en vue cette semaine. L’accusation de Gilles Duceppe à l’endroit du NPD de tenir un double discours sur la question du pipeline Énergie Est de TransCanada n’a pas été particulièrement bien reçue, probablement en raison de sa relative inexactitude. En effet, la position néo-démocrate semble assez claire : pour le pipeline, à certaines conditions.
Et maintenant?
Pour cette deuxième semaine de campagne, le tant attendu témoignage de Nigel Wright, ancien chef de cabinet de Stephen Harper, au procès du sénateur déchu Mike Duffy, risque de retenir l’attention. L’ancien bras droit du premier ministre donnera sa version des faits sur le fameux chèque de 90 000 $ qu'il a donné au sénateur Duffy afin que ce dernier rembourse ses allocations de résidence. Gageons que peu importe le contenu du témoignage de M. Wright, la simple présence de celui-ci en Cour aura un effet néfaste sur les Conservateurs dans les sondages, le Parti conservateur se trouvant, jusqu’ici, à égalité quasi-parfaite avec le NPD dans les intentions de vote des Canadiens.
Vous pouvez lui adresser vos questions et messages sur Twitter à @ryanhillier ou par courriel à campagnedemaitre@gmail.com
Anonyme
il y a 9 ansUne chance que nous avons Ryan Hillier pour nous résumer cette campagne électorale. Un regard éclairé en vaut 10 ! Cet avocat est vraiment très articulé. Il est extraordinaire. En plus il a l'air vraiment professionnel sur la photo qu'il a mise dans l'article.
Anonyme
il y a 9 ansUne blague?
Me Stéphane Lacoste
il y a 9 ansRyan, est-ce toi qui t'aies complimenté comme ça ;)
Plus sérieusement, j'ai confiance que tu sauras faire un bon travail.
Bill Clinton
il y a 9 ansCongrats Ryan!