5 questions...à la bâtonnière de la Côte-Nord
Julien Vailles
2016-11-25 14:00:00
Plus petit Barreau régional du Québec en termes de nombre d'avocats, le Barreau de la Côte-Nord couvre néanmoins le deuxième territoire le plus vaste! Entrevue avec la bâtonnière de la Côte-Nord Me Isabelle Blouin, qui révèle des problématiques très différentes de celles des centres métropolitains concernant les avocats...
Droit-inc : Parlez-moi du Barreau de la Côte-Nord.
Me Isabelle Blouin : Nous sommes à peine 99 avocats. J'assermenterai la centième juste avant la période des Fêtes! Il s'agit pourtant du deuxième plus grand territoire après celui de l'Abitibi. Comme certaines municipalités sont difficiles d'accès, il faut souvent voyager en avion...même le train prend souvent beaucoup trop de temps! Entre Sept-Îles et Baie-Comeau, qui sont les deux plus grandes villes de la région, il faut deux heures et demie de voiture.
Dans plusieurs cas, il s'agit de ce qu'on appelle des districts itinérants. Beaucoup d'avocats doivent intégrer cette réalité dans leur pratique. La situation est alors délicate; en matière d'aide juridique par exemple, il faut engager des frais de déplacement en avion avant d'être remboursés par l'aide juridique.
Comment définissez-vous votre rôle comme bâtonnière de cette section?
Lorsqu'il y a une problématique, je suis la personne à appeler! Souvent, les problèmes concernent la remise des dossiers car il n'y a pas d'avocat disponible; il faut par ailleurs que je m'assoie avec la magistrature et avec les parties, etc.
Je dois aussi représenter ma section au Conseil des sections. D'ailleurs, nous avons une très bonne oreille au Barreau pour une section aussi petite que la nôtre. Par exemple, les activités de formation professionnelle requéraient au moins 16 membres. Ce nombre n'était jamais atteint dans notre section; le Barreau nous a donc accordé une dérogation!
En effet, si ailleurs la tendance est plutôt favorable aux formations par vidéoconférence, on préfère ici les formations en personne. Il est donc très difficile de réunir 16 membres car cela représente 16% des avocats de la section!
Quelles sont les questions les plus préoccupantes dans votre section?
Il y a d'abord la pénurie d'avocats, notamment à Sept-Îles. Les besoins sont divers : en matière de droit de la jeunesse, en criminel, en carcéral… En matière de protection de la jeunesse par exemple, il est arrivé qu'on ne trouve d'avocat disponible que deux ou trois jours avant le procès.
Évidemment, les salaires y sont moindres qu'à Montréal. Mais il y a bien davantage de dossiers : un avocat qui arriverait demain aurait déjà bien du travail! Un comité se penche d'ailleurs présentement sur les moyens à employer pour attirer, et surtout garder, les avocats ici.
Quels sont vos objectifs pour le Barreau de la Côte-Nord?
Nous n'avons pas de centre de supervision des droits d'accès. Un tel centre permettrait notamment à un parent divorcé d'y déposer ses enfants avant que l'autre parent ne passe les chercher, lorsque les relations entre eux sont tendues. Un partenariat a été mis en place pour créer le centre et une demande de financement est présentement en cours. Le centre pourrait donc être opérationnel dès le retour des Fêtes!
Vous pratiquez aussi comme avocate; pouvez-vous me parler de votre pratique?
J'ai une pratique assez générale : on n'a pas vraiment le choix en région! Je fais donc un peu de droit civil, pénal et familial. Comme nous sommes peu d'avocats, on se connaît à peu près tous et ça permet donc de travailler les dossiers plus facilement!