L’avocat des athlètes

Jean-Francois Parent
2016-09-08 11:15:00

Quels types de litiges vous ont le plus occupé ?
Le plus fréquent, c’est la contestation des résultats des épreuves. Notre gros dossier a été celui du marcheur Evan Dunfee.
Dans un geste controversé, le marcheur japonais Hirooki Arai a bousculé Dunfee dans les derniers mètres de l’épreuve, déséquilibrant le Canadien pour ainsi remporter la médaille de bronze.
Nous avons porté plainte, et le bronze a été remis à Evan Dunfee. Par contre, cette décision a été révisée à la suite d’une plainte du Japon, et le Japonais a finalement remporté la 3e place.
Notre client n’a pas voulu faire appel de cette décision.
Comment se distingue le droit du sport du droit conventionnel?

C’est un standard plus exigeant que la prépondérance de preuve, mais moins que de devoir présenter une preuve hors de tout doute raisonnable.
Par analogie, si l’on imputait des pourcentages à obtenir en la matière, la prépondérance serait de 51%, la satisfaction de 75% et hors de tout doute 90%.
L’expérience entre les tribunaux criminels ou civils est-elle transférable au sport ?
Tout à fait. Par exemple, devant un tribunal civil, je peux argumenter que le défaut pour quelqu’un de produire des preuves soutenant sa position peut être un indice révélateur. Devant le tribunal arbitral du sport, je peux argumenter la même chose.
Il n’y pas de différence procédurale vraiment substantielle entre ces deux genres.
Un moment-clé de pratique devant le tribunal arbitral du sport ?
Nous avons représenté la sprinteuse indienne Dutee Chand, passible de suspension en vertu de la réglementation sur l’hyperandrogénisme. (ndlr : un afflux important d’androgènes dans le corps). Nous avons argumenté contre la règle selon laquelle la présence importante d’androgènes chez la femme lui confère un avantage indu. Nous avons gagné, et c’était bien de voir Dutee Chand aux Jeux de Rio.
Un beau moment de votre aventure olympique ?
L’ambiance, la fierté de nos athlètes, mais aussi le respect démontré par les autres pays, nos concurrents, aux Canadiens.