Êtes-vous trop perfectionnistes ?
Mario Charette
2014-02-21 14:13:00
Vous est-il déjà arrivé de fignoler un travail à un point tel que vous devenez incapable de le terminer ? Vous vous dites continuellement que « Ce dossier pourrait être encore amélioré ! » ou encore que « Cette lettre pourrait être mieux rédigée ! » ou que « Nous n’avons pas encore assez de recherche pour donner un avis pertinent ! » Il vous semble que votre travail pourrait toujours être mieux fait et vous cherchez donc continuellement à l’améliorer, parfois au point de prendre du retard et de devoir rester au bureau pour vous assurer qu’il rencontre vos nomes de qualité.
Par le passé, on appelait de telles personnes des perfectionnistes. À la suite des travaux de Schwartz sur la prise de décision, on les décrit maintenant comme des « maximisants ». Ce sont des gens incapables de décider quand le niveau de qualité d’un travail est devenu adéquat. Pour eux, rien n’est jamais suffisant, rien n’est jamais vraiment bon, ce qui fait qu’ils peuvent prendre un temps important pour accomplir des tâches que d’autres effectuent beaucoup plus rapidement.
À l’inverse, la plupart des gens sont des « satisfaisants ». Les satisfaisants savent de façon implicite que la perfection n’est pas de ce monde, donc ils cessent de travailler sur une tâche lorsqu’elle rencontre ce qui leur semble être un niveau de qualité correct et approprié. Cela leur permet de passer aisément d’une tâche à l’autre et de rester productif.
Pour les satisfaisants, il peut être très difficile de comprendre le comportement des maximisants. Comme il est aisé de le prévoir, ces derniers leur paraîtront des têteux ou des traine-la-patte. Ils auront l’impression que les maximisants ne sont pas suffisamment productifs et, si la direction tombe d’accord, les maximisants verront parfois leur poste être mis en danger.
J’ai déjà conseillé un client qui était un maximisant de façon très prononcée. Il avait perdu plusieurs emplois, toujours plus ou moins pour les mêmes raisons, c’est-à-dire le manque de productivité et l’incapacité de rencontrer les échéances. Comme plusieurs maximisants, il se sentait coupable de ne pas avoir réussi à fournir un travail parfait dans le temps prescrit, sans se rendre compte que ses propres standards de perfection rendaient tout probablement la chose impossible.
Si vous êtes un maximisant, et que vous sentez la soupe chaude autour de vous, il va vous falloir apprendre à faire quelque chose qui pour vous est très difficile. Il vous faut apprendre à accepter de laisser aller un travail qui vous semble insatisfaisant. Vous aurez probablement besoin de l’aide d’un superviseur.
Demandez-lui de vous aider à énoncer des critères de qualité suffisants et apprenez à reconnaître leur atteinte pour savoir quand vous arrêter.
Vous pourriez aussi en jaser avec un psychologue. Parfois, un perfectionniste excessif est le signe d’une compulsion et résulte d’apprentissages inadéquats durant l’enfance. Trouvez l’aide dont vous avez besoin.
Êtes-vous un maximisant ?
Si vous répondez « oui » à toutes les questions suivantes, il y a de très bonnes chances que vous soyez un maximisant au travail.
1. Après avoir terminé une tâche, continuez-vous à y penser parfois en vous demandant si si vous auriez pu faire mieux ?
2. Êtes-vous continuellement à la recherche de façons d’améliorer votre travail, au point parfois que le travail lui-même en souffre ?
3. Vivez-vous des anxiétés maladives avant une évaluation de votre performance ?
4. Vous est-il difficile de tolérer l’idée d’une tâche finie mais imparfaite ?
5. Vous arrive-t-il de faire des heures supplémentaires pour terminer une tâche que vos collègues ont pu faire durant les heures normales ?
6. Avez-vous l’impression de n’avoir jamais fini et que le travail envahit tout le reste de votre vie ?