La Presse

Le nouveau job de Jacques Dupuis

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Rene Lewandowski

2011-02-11 15:30:00

L’ex-ministre libéral est de retour dans la vie active après quelques mois de congé. Mais il n’est pas dans un grand cabinet d’avocats où tous le voyaient pourtant…
De son passage en grand cabinet, l'avocat Daniel Rochefort a certes appris plein de choses qui lui servent encore aujourd'hui dans la conduite de ses affaires. Mais s'il y a un truc qui l'a vraiment marqué, c'est bien l'embauche par Heenan Blaikie, au milieu des années 80, de Pierre Elliott Trudeau.

"Son arrivée a eu un impact immédiat sur l'image du cabinet", raconte Me Rochefort, 55 ans, qui a fondé Rochefort & Associés il y a une douzaine d'années. Grâce à ses contacts et à sa notoriété, l'ancien premier ministre du Canada a apporté à Heenan Blaikie une dose de crédibilité instantanée auprès des clients, des tribunaux, et des instances gouvernementales

Si bien qu'en moins d'un an, Heenan est passé de 30 à 65 avocats!

C'est à cela que Daniel Rochefort a pensé, le mois dernier, lorsqu'il a demandé à un ami de lui présenter Jacques Dupuis. L'ancien ministre de la Justice et de la Sécurité publique du Québec venait de prendre sa retraite de la vie publique quelques mois plus tôt et cherchait justement à donner un nouveau souffle à sa carrière. Les deux hommes sont allés souper et se sont entendus la semaine dernière. Depuis lundi, Jacques Dupuis est donc le nouvel avocat-conseil de Rochefort & Associés, à Montréal.

L’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, agira comme avocat-conseil au cabinet Rochefort & Associés, à Montréal
L’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, agira comme avocat-conseil au cabinet Rochefort & Associés, à Montréal
"Tout de suite, il y a eu des atomes crochus entre nous", dit l'ex-politicien de 62 ans, visiblement heureux de reprendre la vie active. Depuis août, l'homme était en semi-retraite, partageant son temps sur sa moto entre la Floride et le Québec. L'automne dernier, il a aussi pris quelques semaines pour préparer son témoignage devant la Commissions Bastarache. Mais là, il était temps pour lui de reprendre du service.

Comme Trudeau?

Vrai, Jacques Dupuis n'est pas Pierre Elliott Trudeau. Moins connu, pas aussi flamboyant, avec un carnet d'adresses moins garni. Mais Daniel Rochefort estime que l'ex-vice-premier ministre du Québec a le bagou pour donner de l'élan à son cabinet, qui compte pour le moment huit avocats.

"C'est un bon communicateur, il a beaucoup d'entregent, il va pouvoir nous aider à conseiller la clientèle", dit Me Rochefort, qui voit sa nouvelle recrue dans sa soupe.

Jacques Dupuis, lui, est plus réservé, se disant "heureux que ses nouveaux patrons croient qu'il puisse les aider". Il faut dire qu'il n'est pas le premier ex-politicien à être embauché par un cabinet d'avocats. Toutes les grandes firmes ont aujourd'hui leur politicien de service. Jean Chrétien et Pierre Marc Johnson sont chez Heenan, Daniel Johnson, chez McCarthy, Brian Mulroney, chez Ogilvy Renault, Lucien Bouchard, chez Davies. Mais ce sont tous des anciens chefs, contrairement à Me Dupuis.

L'homme a tout de même été pressenti par deux grands cabinets, sans jamais, toutefois, recevoir d'offres. "Ce qui intéresse les grands cabinets, c'est de savoir combien un avocat peut leur rapporter, explique Jacques Dupuis. Ce n'est pas exactement le genre d'arrangements qui me plaît." Lui préfère les petites structures, comme celles où il a pratiqué durant 17 ans comme criminaliste ou à la Couronne, avant de faire le saut en politique. "J'aime la convivialité des petits bureaux."

Un conseiller stratégique

Rochefort & Associés est spécialisé en droit du travail pour les employeurs. Il fait aussi du litige civil et commercial et un peu de droit de l'immigration. Le cabinet est petit mais a de gros clients, notamment Rona, Transforce, le Groupe Saputo, etc. Jacques Dupuis, son titre le dit bien, deviendra leur conseiller, à la fois stratégique et juridique. Bien sûr, pas question pour lui de plaider devant les tribunaux, c'est davantage son flair, et son analyse des impacts de certaines décisions que l'on cherchera à obtenir. Il s'occupera aussi du développement de la clientèle, le côté entreprises surtout, puisque la loi sur le lobbying l'empêchera pour l'instant de faire des affaires avec le gouvernement.

Pour Jacques Dupuis, c'est un job à temps plein. Mais comme il est habitué à des journées de 15 ou 16 heures en politique, il estime avoir encore de la place dans son emploi du temps. Les relations publiques le tentent, notamment la gestion de crise, lui qui en a connu quelques-unes au gouvernement. Il ne détesterait pas non plus enseigner à l'université, peut-être à la faculté de droit. Mais peu importe ce qu'il fera, il se dit surtout content d'être de retour à la vie civile...
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