Aubut veut calmer la tempête
Agence Qmi
2015-10-13 10:30:00
« Il était ému et affecté par l’effet que la nouvelle a eu sur sa carrière, qui est possiblement finie, mais certainement pas pour les femmes », a ajouté une autre victime, qui était âgée de 16 ans à l’époque du harcèlement.
L’ex-président du Comité olympique canadien s’est présenté vendredi devant les médias pour offrir ses profondes excuses « à tous ceux qu’(il) a blessés ou déçus » par son comportement (voir autre texte). Notons que l'homme de 67 ans ne fait face à aucune accusation criminelle.
« Pas le choix »
Mais les présumées victimes de Me Aubut soutiennent que ce mea-culpa était simplement obligatoire dans les circonstances.
« Il n’avait pas le choix, parce que c’est une personne publique. Il y a sûrement des conseillers qui lui ont dit quoi faire et quoi dire », soutient une troisième présumée victime, qui avait 17 ans au moment où se seraient déroulés les épisodes de harcèlement.
Les trois femmes remettent en question le fait que l’avocat ne se soit jamais rendu compte que ces gestes et paroles étaient déplacés, voire préjudiciables, comme il l’a affirmé dans sa déclaration.
« Ne soyons pas dupes (...) Ça fait beaucoup trop longtemps qu’il sévit. Il sait qu’il a fait des victimes depuis plus de 30 ans », poursuit l’ancienne employée de l’avocat.
Les trois femmes doutent fortement que l’homme de 67 ans puisse soudainement changer de comportement, même s’il a affirmé qu’il tenterait «de devenir une meilleure personne».
« Amplement mérité »
La nouvelle victime qui a parlé publiquement pour la première fois espère toutefois que cette « tentative de couvercle sur la marmite » n’empêchera pas d’autres présumées victimes de le dénoncer.
« Il y a des victimes qui ont subi de réelles conséquences dans leurs vies. Alors désolée si ça a fait des vagues dans la sienne, mais Dieu sait que c’est amplement mérité », conclut-elle.
Pas assez question des femmes et des victimes
Bien qu’elle lui attribue le mérite d’avouer « qu’il est le seul responsable de ses actes », faisant ainsi de ses déclarations « des excuses réelles », Julie Miville-Dechêne, la présidente du Conseil du statut de la femme regrette que Me Aubut n’ait fait que parler de « personnes blessées » dans son allocution.
« Les allégations de harcèlement sexuel, c’est davantage que de blesser quelqu’un, c’est une forme de violence », souligne-t-elle.
Frappée par certains mots
La présidente du Conseil avoue également avoir été frappée par certains mots employés par l’ancien président du Comité olympique canadien, selon qui la « société a changé » et exigerait « un plus grand respect entre les individus ».
Une déclaration qui a soulevé l’ire de Mme Miville-Dechêne, qui rappelle que l’homme aurait présumément fait des victimes mineures dans les années 80. « Il n’y avait rien de tout cela qui était plus acceptable, s’indigne-t-elle. Avant, on tolérait les blagues de mononcles, mais les attouchements et le fait de se mettre en boxer, c’est intolérable et ça l’est depuis longtemps.»
Elle regrette également que cette histoire n’ait pas été mise au jour plus tôt. « On n’était pas dans les cachettes. Tout ça est choquant, le temps que ç’a duré », déplore-t-elle.
« J'ai déjà entrepris de consulter les meilleurs experts, qui m'aideront à changer mes comportements et qui m’aideront à devenir une meilleure personne. »
« J’ai beaucoup de peine et je regrette infiniment d’avoir blessé autant de personnes qui ne le méritaient certainement pas. J’espère qu’un jour ces personnes sauront me pardonner. »
« J’assume l’entière responsabilité de mes gestes. Je n’ai personne d’autre à blâmer que moi-même. Encore une fois, à ceux et celles que j’ai blessés ou déçus, je réitère mes excuses sans réserve et je m’engage à tout faire pour devenir une meilleure personne. »
« Jamais je ne me suis posé de questions sur mon comportement en société. Il a fallu qu’une crise comme celle que je traverse et que je fais traverser à mes proches me force à un temps d’arrêt et de réflexion profonde. »
« J’ai l’intention d'avoir une vie professionnelle active et fructueuse et je devrai le faire avec la détermination et l’énergie que l’on me connaît, en me rappelant que la société a changé et qu’elle exige un plus grand respect entre les individus, plus spécifiquement entre les hommes et les femmes. »
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