«Les avocats améliorent la société»
Dominique Tardif
2016-12-21 14:15:00
Le droit est, dans mon cas, arrivé un peu comme un accident de parcours. Pour mes parents, l’important, c’était de s’éduquer. Le message était que si nous recevions une bonne éducation, nous nous « en sortirions » dans la vie, peu importe le domaine d’études. Je n’étais, d’une part, pas très bon en mathématiques au Cégep et, d’autre part, j’étais quelqu’un qui s’intéressait aux gens.
J’ai d’abord voulu être policier, et ai fait les tests de la GRC au Cégep. J’ai ensuite poursuivi ma réflexion et ai voulu devenir criminologue. Or, j’ai rapidement réalisé en m’informant que la carrière de criminologue ne correspondait pas, au quotidien, à ce que je souhaitais faire. Étant attiré et jusqu’à un certain point impressionné par la loi et l’ordre, qu’on m’avait appris à respecter, j’ai décidé d’aller en droit. J’avais le sentiment que je m’y plairais, d’autant plus que j’avais aimé un cours d’initiation au droit lors de mes études collégiales. De la même façon que je percevais les policiers comme protégeant les gens, je constatais que les avocats protègent eux aussi, d’une façon différente, les droits des gens en étant gardiens de l’état de droit.
2. Quels sont les plus grands défis professionnels auxquels vous avez fait face au cours de votre carrière jusqu’à maintenant?
Mon premier défi fut de travailler à mon compte. Je travaillais alors à Revenu Québec et, n’y étant plus heureux, j’en ai donc conclu que c’était le moment de me lancer en affaires. J’avais toujours eu cette idée, mais je n’avais pas prévu de le faire si tôt en carrière! Je n’avais rien…et aucun client! Heureusement, j’avais un réseau de contacts. Tout était à faire, qu’il s’agisse de gagner de l’expérience en marketing, de trouver le financement ou de développer mon expertise en droit. Évidemment, il est facile de « s’enfarger » bien vite dans une telle aventure. Je me suis donc trouvé un mentor, Me Christopher Mostovac, qui m’a beaucoup aidé par ses conseils pour démarrer les choses et m’orienter dans ma pratique en fiscalité.
Mon second défi est celui que je vis aujourd’hui, à titre de Président du JBM. Dans de telles fonctions et compte tenu du long historique, il faut savoir bien faire. Je ne veux évidemment pas être celui qui arrive et après lequel rien ne va plus!! (rires) Le travail implique de s’assurer que les membres sont heureux, que de nouveaux projets voient le jour, que les commanditaires sont satisfaits, etc. Concilier ces fonctions avec ma pratique est un défi quotidien, mais un défi très stimulant!
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Ce que je changerais dans le droit, je le changerais aussi dans la société en général. Je constate, notamment, qu’il est difficile pour les minorités de trouver leur place dans la profession. Comment se fait-il que des gens ayant étudié ici ne puissent pas trouver un emploi? Les statistiques démontrent que les salaires sont plus bas en pour les minorités que pour les autres. Mais pourquoi?
Je crois aussi qu’il faut aider davantage les jeunes à trouver un emploi, et qu’il faut trouver une explication au fait que les femmes, qui sont pourtant majoritaires dans la profession et présentes dans une encore plus grande proportion chez les finissants en droit, quittent en aussi grand nombre. Il est nécessaire de trouver une solution à cela, question d’éviter le problème de main-d’œuvre que cela causera immanquablement plus tard pour la profession juridique.
4. Comment qualifiez-vous la perception qu’a le public envers la profession?
La perception plutôt négative qui existe à l’égard de la profession est, à mon avis, largement attribuable à l’image d’avocats à la morale douteuse souvent véhiculée dans les médias.
Les gens oublient trop souvent que les avocats ont un rôle très important à jouer. En effet, si l’on veut s’assurer d’être bien traité si une personne de notre famille ou nous-même est intercepté par l’autorité, il est important de pouvoir compter sur le fait que quelqu’un verra à faire respecter la loi et que des conséquences s’ensuivront si celle-ci est mal appliquée. Le public ne réalise malheureusement pas toujours à quel point les avocats, chaque jour, améliorent la société en faisant en sorte que ce qui est écrit dans la loi corresponde vraiment à la réalité.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant travailler à son compte?
Impliquez-vous! C’est la base de tout. L’avocat ne sait jamais vraiment à l’avance comment il trouvera de la clientèle : c’est un travail de tous les jours. La meilleure façon? S’impliquer. Et je ne suggère pas ici de « s’impliquer pour s’impliquer », mais de s’impliquer dans quelque chose que l’on aime. Quant à moi, je me suis fait beaucoup d’amis en m’impliquant, et cela m’aide considérablement dans ma pratique au quotidien.
Également, sachez être vous-même plutôt que d’essayer d’être ce que vous pensez devoir être. Respectez vos collègues et soyez généreux de votre temps. Nous sommes des privilégiés de la société, et il importe de redonner. On en retire sur le plan professionnel, bien sûr, mais avant tout beaucoup sur le plan personnel.
· Le dernier bon livre qu’il a lu : Team of Rivals : the Political Genius of Abraham Lincoln (auteure : Doris Kearns-Goodwin)
· Le dernier bon film qu’il a vu : Dans ses yeux (réalisateur : Juan José Campanella)
· Sa chanson fétiche : 514-50, du groupe québécois Sans Pression
· Son expression préférée : Just do it.
· Son péché mignon : Lire le journal, format papier, dans un café le samedi à Montréal!
· Son restaurant préféré : Marché Méli-Mélo (rue Jarry) et Lattuca Barbecue (rue de la Commune Ouest)
· Il aimerait visiter… l’Israël et le Moyen-Orient
· Le personnage historique qu’il admire le plus : Nelson Mandela, pour tout ce qu’il a vécu et pour la force mentale d’avoir été emprisonné injustement et d’en être sorti dépourvu de toute haine.
· S’il n’était pas avocat, il serait…: sociologue (c’est qu’il adore observer les gens!) ou conseiller stratégique en affaires ou en politique.
Au cours de ses années de travail, il a acquis une solide expertise dans des dossiers d’envergure comme conseiller en fiscalité pour la haute direction de Revenu Québec et comme avocat à la Cour du Québec. Ces expériences lui ont permis d’acquérir une grande connaissance des procédures et des méthodes qu’utilisent les autorités fiscales en plus de développer un vaste réseau de contacts.
Me Laguerre défend les contribuables aux prises avec des problèmes en fiscalité. Il donne aussi de précieux conseils de nature juridique et en affaires. Il est membre du Barreau du Québec depuis 2007.