Comment une Avocate change des vies, une plaidoirie à la fois

À l’heure où le milieu juridique évolue de manière rapide et, parfois, à l’aveuglette, une avocate livre un vibrant plaidoyer sur un métier qui représente pour elle une véritable vocation…

Gabrielle Azran aurait pu devenir psychanalyste ou philosophe. « Mais chaque fois que je passais des tests d’aptitudes quand j’étais jeune, invariablement, on me prédestinait à devenir juge ou avocate », raconte-t-elle en souriant.

Finalement, elle a trouvé dans le droit les notions de réflexion, de justice et d’intégrité qui lui étaient si chères. Et au sortir d’une première expérience dans un gros cabinet d’avocats, la désormais Me Azran a tout de suite compris qu’elle mènerait mieux sa mission en étant sa propre patronne. Quitte à démarrer à petite échelle… dans le sous-sol de ses parents!

« Je ne l’ai jamais regretté, dit-elle, car cette première étape, au cours de laquelle j’ai beaucoup appris sur le tas, a constitué un excellent apprentissage J’en ai hérité, je pense, ma capacité de travail, ma rigueur, ma flexibilité et mon souci constant de satisfaire mes clients. Autant de valeurs que je partage aujourd’hui au sein de mon équipe et au-delà. »

Devenir un modèle

Me Gabrielle Azran a tracé sa voie depuis ses premiers dossiers. Fondée en 1998, l’étude Azran Avocats comprend aujourd’hui une vingtaine d’employés, dont une douzaine pratiquant notamment le droit de la famille, le droit civil et le droit de la construction. Le cabinet représente également des entités consulaires et gouvernementales de pays étrangers au Québec.

Pour sa part, Me Azran pratique principalement le litige et se spécialise dans le droit de la construction (vices cachés, défauts de fabrication, mésententes contractuelles, hypothèques, etc.) et le droit de la famille (divorces, garde d’enfants, pensions alimentaires, partage du patrimoine familial, etc.).

L’avocate est également très engagée au sein de son milieu, auprès de la relève et, plus largement, dans notre société. Elle est effectivement maître de stages, mentore de plusieurs jeunes avocats, médiatrice accréditée, gouverneure à la Fondation du Barreau du Québec et de se charger en pro bono de dossiers qui lui tiennent à cœur.

« J’aime m’impliquer et partager ma passion pour ma profession, ainsi que les valeurs auxquelles je tiens. Je ne suis pas une femme de spotlight, de gros dossiers médiatiques. Par contre, j’éprouve un plaisir fou à bien défendre mes clients, et à le faire dans les règles de l’art. Ceux qui me connaissent savent par exemple que mon intégrité n’a pas de prix! » s’exclame la procureure.

La valeur de l’engagement

Me Azran ne s’implique pas qu’auprès de ses clients et de son milieu. Elle mène également, sur une base bénévole, des projets qui lui tiennent à cœur et reflètent son profond désir de justice légale et sociale.

L’avocate a notamment créé une fondation pour les enfants autistes (Soutien autisme Québec), après avoir côtoyé beaucoup de familles sont les enfants sont atteints de ce trouble. « Nous levons des fonds pour permettre à ces jeunes de bénéficier de thérapies plus régulières, explique-t-elle. On n’imagine pas, par exemple, à quel point ils sont laissés à eux-mêmes une fois qu’ils ont atteint la majorité, alors que leurs besoins sont toujours là. »

Gabrielle Azran s’investit aussi dans un accompagnement bien particulier auprès des personnes en processus légal de séparation ou de divorce.

« Au cours de ma carrière, j’ai vu énormément de clients développer des maladies terribles en raison du stress qu’ils vivent à ce moment-là. Je leur offre par conséquent un accompagnement émotionnel, psychologique et légal pour les aider à gérer ces épreuves », dit-elle.

Dans cette même dynamique, d’ailleurs, l’avocate travaille actuellement à la création d’une autre fondation, destinée à fournir des ressources aux personnes victimes de violence judiciaire et financière infligée par une partie adverse, alors qu’elles n’ont pas les moyens d’y faire face.

« Et après, ajoute-t-elle, je m’attaquerai aux sans-abris. C’est quelque chose d’intolérable que je ne comprends pas. Il faut agir. »

Avocat : une vocation ou un métier?

Forte de ses 30 ans d’expérience, comment Me Azran conçoit-elle son milieu? Avec la franchise et la sincérité qui la caractérisent, elle avoue se désoler du virage un peu impersonnel et débraillé que prend sa profession.

« Cela m’attriste de voir certains collègues se présenter sans toge ou négligés à des rencontres virtuelles ou à la Cour. Tout comme de les voir se cacher derrière des échanges courriels sans fin plutôt que d’avoir une bonne discussion téléphonique. J’ai l’impression que nous sommes en train de perdre un pan de la respectabilité associée à notre profession, devenue un métier comme les autres. Pourtant, être avocat, c’est tellement important! »

Pour Gabrielle Azran, aucune cause n’est anodine ou similaire à une autre. « On ne s’imagine pas à quel point toute procédure légale est dévastatrice, financièrement comme émotionnellement, pour les gens qui viennent nous trouver. Il faut les tranquilliser, les guider et, surtout, défendre leurs intérêts avant les nôtres. »

Me Azran préfère donc voir son équipe et elle régler des dossiers rapidement et efficacement, plutôt que de les faire perdurer. « On préfère s’investir davantage sur les négociations menant à un règlement, et déployer tous les efforts à cette fin, plutôt que de se rendre devant les tribunaux », précise-t-elle.

Philosophie appliquée

Armée de ces principes, Me Gabrielle Azran a réuni autour d’elle une équipe soudée, dont certains éléments sont à ses côtés depuis 10, 15 ou même 25 ans.

« Je cherche en général des personnes aussi passionnées que moi, avoue-t-elle. Des personnes qui veulent s’investir à long terme, apprendre, relever des défis ensemble. »

L’approche de l’avocate est en effet plus collective qu’individualiste, et moins spéculative qu’axée sur des valeurs. « Dans notre cabinet, explique-t-elle, nous avons des objectifs communs, mais il n’y a pas de compétition entre nous. Nous privilégions l’entraide, nous faisons des vacations pour nos collègues. Et surtout, nous avons à cœur les intérêts de nos clients. »

Travaillez chez Azran Avocats!

Me Azran estime aussi que sa profession n’est pas enclavée dans la rigidité. « Je ne comprends ni les avocats qui refusent de sortir d’une spécialité, ni ceux qui s’en tiennent uniquement aux lois et à la jurisprudence. Nous ne sommes pas des machines juste capables de ressortir dans des plaidoiries ce que les juges savent déjà. Je crois au contraire qu’il faut penser out of the box pour faire avancer notre profession, où les zones de gris dominent sur le noir et le blanc. »

Prendre le temps de s’asseoir, de pousser la réflexion, de trouver son propre cheminement intellectuel, et ultimement, de contourner ce qui semble incontournable. Voici une des principales raisons pour lesquelles l’avocate-philosophe adore aussi son métier.

Et c’est avec cette idée en tête qu’elle clôt notre discussion en lançant un message à la nouvelle génération de professionnels : « Si vous trouvez un cabinet convivial, respectueux, valorisant, où vous êtes bien payé, bien mentoré et jouissez d’une belle collaboration, cessez de papillonner d’un bureau à l’autre pour une semaine de vacances ou 5 000 dollars de plus. Car c’est à cet endroit que vous vous épanouirez pleinement et avancerez en fait le plus sur le plan personnel. »