Davies, ma nounou et moi
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Céline Gobert
2016-11-11 15:00:00

Son ex-cabinet a accepté de défendre pro bono son ancienne nounou May Ostos Mangadlao dans le cadre d’une poursuite de 24 000 $ entamée en février 2014. « Ils ont pris le dossier par vengeance contre moi, ils ne font jamais de pro bono, même pas pour la mère d’un associé, alors pourquoi le font-ils soudainement? » déclare à Droit-inc celle qui a travaillé durant sept ans pour Davies avant d’être « mise dehors » en 2005.
La nounou, qui a travaillé pour Me Sanderson de 2011 à 2013, est poursuivie par l’avocate notamment pour avoir quitté son emploi sans donner de délai suffisant. Me Sanderson affirme quant à elle avoir entamé une poursuite seulement après que la nounou ait déposé plusieurs actions contre elle devant le Tribunal des droits de la personne du Québec et la Commission des normes du travail pour « racisme » ou encore « gages impayés ». Me Sanderson affirme à Droit-inc avoir été disculpée des allégations de racisme, et sexisme.

La Cour suprême du Canada vient de refuser la demande de Me Sanderson pour que le dossier soit retiré à l’avocat de Davies, Me Leon Moubayed, qui représente la nounou. La Cour a conclu la semaine passée que la nounou avait le droit de choisir son avocat comme elle le voulait.
Selon Me Sanderson, qui facturait chez Davies « plus de 2200 heures par année » avant de tomber enceinte et de ne plus pouvoir assurer le même rendement, il y a « conflit d’intérêt » notamment parce que Davies a en sa possession des informations confidentielles la concernant, tels des rapports, évaluations, ou des informations sur l’employée qu’elle était.
« Malgré l’écoulement du temps, elle se dit persuadée que le cabinet entretient toujours une rancune tenace à son endroit. Elle en veut pour preuve le refus d’un associé de la saluer après qu’elle l’eut croisé dans le hall d’entrée du cabinet », pouvait-on lire dans une précédente décision en date du mois d’avril de la Cour d’appel.
Désaccord
Me Sylvain Lussier n’est pas de cet avis. « Pour qu’il y ait transmission d’informations confidentielles, il faut que les informations aient trait au mandat. Elles doivent être pertinentes au sens du code de déontologie », explique à Droit-inc l’avocat d’Osler. Le cabinet Davies a fait appel à ses services, en appel ainsi qu’un Cour suprême, pour le représenter quant à la question de sa disqualification.

Choisir son avocat : un droit fondamental?
Par ailleurs, le droit de choisir son avocat est un droit « fondamental » reconnu par la Cour à plusieurs reprises, ajoute Me Lussier. « Choisir un mandat pour un avocat ou un avocat pour un client relève du secret professionnel, a-t-il confié en entrevue. L’un et l’autre doivent en protéger la confidentialité. »
Il explique que, pour disqualifier un avocat, il faut des situations bien précises : quand il y a conflit d’intérêt, quand l’avocat peut être appelé à témoigner, ou encore dans des « cas limites », quand l’avocat n’a pas la distanciation nécessaire avec le dossier. Et, à l’intérieur même de ces trois situations, il y a des « nuances », précise Me Lussier, qui se dit « étonné » de la demande faite par Me Sanderson.
Me Sanderson tient en revanche à faire la distinction entre le droit à l’avocat, qui est un droit constitutionnel, et le « choix » de l’avocat, explique-t-elle à Droit-inc. « La décision est faite. Je vais vivre avec », ajoute-t-elle, indiquant continuer à se défendre « par principe ». « Je ne pense pas que ça va aider sa cause (à son ex-nounou) et attirer la sympathie de la Cour que de se faire représenter par deux gros bureaux de Montréal, dont l’un veut se venger d’une ex-employée. »
À suivre…
Quant aux avocats de Davies, il leur arrive de faire du pro bono : par exemple, Centre de lutte contre l'oppression des genres (Centre for Gender Advocacy) c. Québec (Procureure générale), 2016 QCCS 5161 est une des causes dans lesquelles Davies agit de façon pro bono pour le compte d'Égale Canada, seul organisme sans but lucratif du Canada voué à la promotion des droits de la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle et transgenre.
Anonyme
il y a 8 ansDonc Davies embauche Osler pour les représenter jusqu'à la Cour suprême afin de pouvoir continuer un mandat... pro bono?!?
1. De toute évidence, Davies a une bonne année
2. Peut être que Me Sanderson n'est pas dans le champ quant aux motifs de représentation
Sedia
il y a 8 ans> Donc Davies embauche Osler pour les représenter jusqu'à la Cour suprême afin de pouvoir continuer un mandat... pro bono?!?
Sur une requête incidente en cours d'instance, faut-il le mentionner...
Anonyme
il y a 8 ans"Quant aux avocats de Davies, il leur arrive de faire du pro bono : par exemple, Centre de lutte contre l'oppression des genres"
Maybe it's me, but this seems markedly different from defending a nanny (unless discrimination or abuse is part of the equation).
There's pro bono and then there's pro bono. In the Gender Advocacy case, they are working for a non-profit trying to defend the greater good, giving back to the community. In the nanny case? Not so clear...
Isabelle
il y a 8 ansÇa, les enfants, c'est la parfaite illustration d'un cas où une partie a tout bon au plan du droit, et tout faux du côté des principes et de l'éthique.
(Éthique dans le sens général du terme. Citez-moi pas des articles de Code de déonto.)
Du gros niaisage, du gaspillage de ressources judiciaires.
Ça pas d'allure d'voir accepté ce mandat là. C'est croche et passablement cave, même si la CSC ne pouvait pas le dire parce que la question n''était pas là.
Anonyme
il y a 8 ansJe comprends pas ton commentaire. Toi qui se fait un plaisir de rabrouer les gens qui n'expriment pas leur pensée de façon claire, je pense que tu devrais te servir de tes conseils.
Qui a raison sur le droit? Quels principes et ethique? Davies n'aurait pas du prendre le dossier? La nanny ne devrait pas se défendre? Sanderson n'aurait pas dû la poursuivre? Comprends rien à ton affaire
Isabelle
il y a 8 ansC'est pathétique de la part de Davies d'avoir accepté de défendre la nounou compte tenu de l'ancien lien d'emploi entre eux et la partie adverse.
Et encore plus pathétique de s'être battu jusqu'en Cour suprême.
C'est trop bizarre, se donner tant de mal pour un dossier pro bono. "Come on" ! Les avocats responsables auraient certainement pu référer la nounou à un confrère ou cabinet "ami".
Permettez l'anglicisme, mais je crois qu'ils ont un autre "agenda" que la défense de la veuve et de l'orphelin, et qu'ils se sont servi du système de justice pour régler des affaires qui ne regardent qu'eux et leur ancienne employée.
Jusqu'en Cour suprême, bâtard ...
Sedia
il y a 8 ans"En effet, une partie des pièces du dossier sont confidentielles et seulement consultables par les avocats"
Les avocats n'ont pas besoin de consulter les pièces sous scellée.
Si elles sont au dossier, c'est forcément qu'ils ont préalablement copie à leur bureau...
Anonyme
il y a 8 ansGood job Droit Inc., this is very funny!!!