Carrière et Formation

L’avocat québécois qui fait carrière à la FIFA

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Sonia Semere

2025-02-28 15:00:18

Sous le soleil de Miami, un jeune avocat québécois poursuit sa carrière au sein de la FIFA. On a jasé avec lui…

Si on lui avait dit, plus jeune, qu’il ferait carrière au sein de la FIFA, Simon De Andrade, n’y aurait probablement pas cru.

Simon De Andrade - source : LinkedIn

Après avoir débuté sa pratique chez Patrice Brunet, celui-ci a décidé de faire un grand saut dans sa carrière, direction Miami.

Véritable passionné de soccer depuis sa tendre enfance, Simon De Andrade peut désormais se targuer d’être conseiller juridique au sein de la plus grande institution de l’industrie du soccer professionnel.

Mais en quoi consiste concrètement son rôle? Comment va-t-il agir à titre de conseiller juridique? Droit-inc lui a posé quelques questions.

Comment cette opportunité au sein de la FIFA s'est présentée à toi?

Quand je travaillais pour Me Patrice Brunet, on a eu l’opportunité d’aller à la conférence conjointe du Tribunal Arbitral du Sport et du Centre de règlement des différends sportifs du Canada, à Calgary.

Une des personnes qui travaillait là-bas avait été embauchée à la FIFA en mars 2024. Quand j’ai vu, il y a quelques mois, qu’une nouvelle annonce avait été postée, je l’ai contactée pour en savoir davantage, et il m’a indiqué qu’un poste était ouvert au sein de la division « Legal & Compliance» dont les bureaux sont situés à Miami, en Floride.

Ce qu'on m'a dit, c'est qu'il y avait plus de 500 candidatures pour le poste.

Tu as été arbitre et éducateur de soccer. On imagine que c'était un rêve pour toi de rejoindre une telle organisation…

C'est un peu quelque chose que tu te dis que tu veux faire, mais auquel tu ne crois pas vraiment. C’était invraisemblable jusqu'à très récemment, en tous cas de là où j’étais à Montréal. Et puis, il y a eu un concours de circonstances…

Concrètement, quel est ton rôle?

Je suis conseiller juridique au niveau des litiges. Le poste consiste à gérer les litiges de dimension internationale devant le Tribunal du Football de la FIFA entre des joueurs professionnels et des clubs professionnels, mais aussi entre des coachs professionnels et des clubs professionnels, et entre les clubs professionnels entre eux.

Ça touche tous les litiges au niveau contractuel que ce soient des frais de transferts impayés, des salaires impayés ou des contrats terminés. On reçoit les plaintes, on les traite et on vérifie si c'est admissible. On envoie la communication à la partie répondante qui doit nous revenir avec sa position.

On analyse aussi les positions des deux parties et on soumet le dossier aux membres du Tribunal du Football qui sont les juges de ce tribunal.

Et comment fonctionne ce tribunal?

Concrètement, selon le type de litige, on a un juge simple ou un panel de trois juges. Les juges sont des personnes hautement qualifiées et expérimentées. Elles viennent soit du milieu des joueurs ou du milieu des clubs.

Selon leur provenance, leurs candidatures ont été proposées par les associations de joueurs pour celles issues de ce milieu, et pour celles issues du milieu des clubs, ce sont les associations membres, les ligues ou les clubs qui les ont proposées. Peu importe leur provenance, les juges ont un devoir d’impartialité, et dans les panels à juges multiples, on a une représentation équivalente des deux communautés.

La dimension internationale est une condition essentielle pour qu’un litige soit entendu devant le Tribunal du Football. Un joueur ou entraîneur canadien ne pourrait pas poursuivre un club canadien devant le tribunal parce qu'il n'y a pas de dimension internationale. En revanche, un joueur ou entraîneur canadien pourrait poursuivre un club américain parce que le conflit oppose des ressortissants de pays différents.

Il s’agit assurément d’un domaine de pratique très spécifique puisqu’il est exclusivement axé sur le soccer. Comment développe-t-on une expertise là-dedans?

Il existe des formations et des diplômes sur ces questions, la FIFA en offre notamment. J'ai beaucoup de collègues qui sont passés par des masters en droit du sport en Espagne.

Pour ma part, j'ai eu la chance, avec Me Patrice Brunet, de pouvoir travailler sur des dossiers de soccer. Forcément, ça m'a permis de mettre les pieds là-dedans.

Et puis, à l’interne, je me forme encore. Je remercie énormément le support que j'ai de tous mes collègues. C'est impressionnant les CV des gens avec qui je travaille, il y en a qui parlent six langues, il y en a un qui a écrit un best-seller en droit du sport au Brésil…

Comment cette expérience en tant qu’avocat en droit du sport t’as forgé?

Le cabinet de Me Patrice Brunet est vraiment reconnu pour son exigence que ce soit en termes de réactivité, de proactivité et de créativité. Le monde du sport, c'est un milieu où tout va très vite. Si tu es passif et que tu ne prends pas le taureau par les cordes, malheureusement, tu risques de passer au travers.

Il faut être capable de prendre des décisions rapidement dans des délais très courts tout en s'assurant d’arriver à un très haut niveau de qualité.

Le droit du sport est un domaine qui est assez méconnu mais on imagine qu'il fait rêver beaucoup de jeunes. Est-ce que c'est aussi glamour que ce qu'on peut s'imaginer? Quelles sont les réalités de ce milieu?

Glamour, je ne sais pas... Ça fait seulement à peine plus de deux mois que je suis là, mais il y a un côté qui peut forcément faire rêver, il ne faut pas se le cacher.

Mais la réalité aussi, c'est que si t'es là, ce n’est pas pour te complaire dans tes rêves. T'es là pour travailler. Après c’est le fun d'être capable de rester fidèle à la réalité des acteurs pour lesquels tu travailles. J'ai été avec ces gens-là en tant qu’arbitre et éducateur.

Toutes ces personnes avec lesquelles j'ai pu collaborer à Montréal, comme les entraîneurs Maxime Leconte et Robert Rositoiu qui m'ont inspiré et qui m'ont apporté une certaine rigueur dans le travail, aujourd'hui, elles atteignent aussi des sommets.

De les voir atteindre ces sommets et de pouvoir, en parallèle d'eux, faire ce que je fais, je trouve que c'est vraiment beau. Ça montre aussi qu'il y a énormément de talents à Montréal, on ne le réalise peut-être pas...

Passer de Montréal à Miami, c'est un vrai changement climatique mais aussi culturel… Comment vous vous adaptez à cette nouvelle vie?

Je te dirais que c’est sympathique d'aller à la plage à 26-27 degrés en hiver. Je n’ai pas encore eu le temps de bien explorer Miami, mais ça viendra. C’est vrai que c’est un changement de vie assez important, mais c’est très enrichissant.

Dans le futur, j’aimerais revenir à Montréal et contribuer à l'essor de notre foot. Malgré les critiques, le club CF Montréal a beaucoup à offrir, il produit beaucoup de talents à tous les niveaux… Mais pour l'instant, le soleil de Miami, c'est quand même très agréable.

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