Des procureurs s'intéressent à Valeant

La plus grande société pharmaceutique au Canada a indiqué, tard mercredi, qu'elle avait reçu une citation à comparaître de la part des bureaux des procureurs généraux des États-Unis au Massachusetts et à New York.

Le président et chef de la direction de Valeant, Michael Pearson, a indiqué que l'entreprise étudiait les ordonnances et qu'elle allait coopérer avec les requêtes.

"Chez Valeant, nous croyons tous en le maintien de solides contrôles réglementaire et financier et nous croyons que nous avons mené nos activités en nous y conformant complètement", a-t-il affirmé dans un communiqué de presse.

L'entreprise établie à Laval a précisé que la plupart des documents demandés dans les citations à comparaître étaient liés au programme d'aide aux patients de la société, incluant l'appui financier fourni aux patients et les décisions entourant les prix.

L'action de Valeant a plongé de 12 pour cent en début de séance jeudi, mais elle a repris du poil de la bête en après-midi pour clôturer à 216,73 $ à la Bourse de Toronto, en baisse de 5,4 pour cent. Le titre affiche cependant un recul de 38 pour cent depuis qu'il a touché un sommet en août.

Valeant est l'une des plus grandes sociétés canadiennes au chapitre de la valeur boursière. Son titre représente environ 4,23 pour cent de l'indice composé S&P/TSX du parquet torontois.

Le Congrès américain a commencé à s'intéresser à Valeant à la suite de son acquisition des médicaments pour le coeur Nitropress et Isuprel, lorsqu'elle a augmenté le prix des deux traitements _ de plus du double dans un cas et de plus du triple dans l'autre. Ces médicaments sont donnés aux patients hospitalisés dans le cadre d'un plus large protocole de traitement.

En réponse à une lettre de la sénatrice américaine Claire McCaskill, M. Pearson a indiqué que l'augmentation du prix des deux médicaments ne toucherait pas les patients et qu'il n'aurait qu'un "impact limité" sur les coûts des hôpitaux parce que les remboursements des fournisseurs d'assurance des patients ou le programme de soins de santé fédéral ne changeraient pas.

"Puisque ces médicaments sont administrés à l'hôpital et qu'ils ne sont pas généralement achetés directement, l'augmentation des coûts des traitements pour les hôpitaux ne devrait pas réduire l'accès des patients", a-t-il écrit.

L'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires d'ensemble de 4,9 milliards $ US pendant la première moitié de l'année, dont 126 millions $ US attribuables au Nitropress et 121 millions $ US au Isuprel, a-t-elle précisé.

L'analyste Douglas Miehm, de RBC Marchés des capitaux, a jugé que l'intervention du département de la Justice en réaction à la demande de comparution transmise le mois dernier à Valeant par les démocrates du Congrès américain était négative pour la société pharmaceutique.

"L'attention portée à l'accès des patients aux programmes pourrait être la plus troublante puisque les augmentations de prix sont permises, mais l'aide financière aux patients dans les programmes gouvernementaux ne l'est pas", a-t-il écrit dans un rapport.

Valeant dit avoir dépensé l'an dernier 544 millions $ US dans ses programmes d'aide aux patients. Elle s'attend à ce que ce montant grimpe à plus de 630 millions $ US cette année et à plus d'un milliard $ US en 2016 aux États-Unis.

Alex Arfaei, de BMO Marchés des capitaux, ne croit pas que les critiques seront satisfaits des réponses de Valeant compte tenu du climat politique actuel dans le cycle électoral des États-Unis.

"Une fois la tempête politique passée, nous nous attendons à ce que les affaires reprennent leur cours avec des augmentations de prix moins fortes", a-t-il écrit dans une note de recherche.