Hommage à un pilier politique

Daphnée Hacker-B.
2015-06-02 13:15:00

Architecte de la Révolution tranquille, M. Parizeau a été l’éminence grise de plusieurs gouvernements à compter des années 1960. Il est un de ceux qui ont jeté les bases de la Société Générale de financement et de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Professeur d’économie, ministre péquiste des Finances sous René Lévesque et enfin maître d’oeuvre du référendum de 1995. « Qu’on soit adversaire ou allié de Jacques Parizeau, on peut tous reconnaître qu’il a profondément marqué sa société », déclare Me Bédard, qui est notamment le fils de l'ancien ministre de la Justice Marc-André Bédard.
Alors jeune avocat, Me Bédard a été nommé adjoint du directeur du cabinet et secrétaire du premier ministre dès l’élection de M. Parizeau. Il s’en rappelle comme si c’était hier, le 13 septembre 1994. « C’est là que j’ai vraiment appris à la connaître. Il m’impressionnait beaucoup de par sa connaissance poussée du Québec, tant historique qu’économique, mais aussi par sa curiosité pour le reste du monde », raconte le juriste. Il fait valoir que Jacques Parizeau avait la grande qualité de savoir faire confiance, « ce qui n’est pas inné en politique ». Faire confiance à ses proches, mais aussi à son peuple. « Il a toujours eu profondément confiance dans les Québécois, il les croyait capables d’accomplir les plus grandes choses. »
Homme rempli de confiance

L’avocat se souvient très bien de la soirée référendaire du 30 octobre, marquée par la victoire à l'arraché du camp du Non (de quelque 52 000 votes)… et par les propos controversés du discours de défaite de Jacques Parizeau. « On a été battu, au fond, par quoi ? Par l’argent puis des votes ethniques, essentiellement. » Une déclaration qui le hantera pour le reste sa vie. Dès le lendemain, il démissionne de son poste.
Les médias se sont-ils acharnés sur ses propos ? « Je ne juge pas les traitements médiatiques. Mais le Jacques Parizeau que j’ai connu était profondément ouvert sur le monde, à l’avant-plan de l’ouverture aux autres cultures », répond-il.
M. Parizeau n'a été premier ministre que pendant un an et quatre mois, mais il a été un grand serviteur de l'État. Me Bédard affirme que son choix de se consacrer au service public est extrêmement noble et a été un bénéfice pour tous.
Au-delà de son désir de faire l’indépendance, l’ex-premier ministre a laissé un important héritage économique, estime-t-il. « Il aura réussi à nous prouver que les Québécois, dans les milieux économiques, lorsqu’ils agissent avec préparation et concertation, peuvent concurrencer les meilleurs au monde. »
« Tranchant mais ouvert »
D’Europe, où il est en déplacement, l’ex-premier ministre Me Pierre-Marc Johnson a appris avec grande tristesse le décès de M. Parizeau. Celui qui est avocat conseil au cabinet Lavery affirme que le politicien a marqué le « Québec de façon importante, par ses convictions, comme par ses travaux ». Il le décrit comme quelqu’un qui était « intransigeant, mais toujours courtois, tranchant, mais ouvert aux débats ». Me Johnson conclut en indiquant que Jacques Parizeau aura su donner à ses conviction l’essentiel de sa vie d’homme public qu’il est toujours demeuré.