Inquiets, les jeunes juristes s’organisent!

La Relève juridique a été créée pour faire face à la réalité précaire de la relève juridique. L’O.B.N.L voit le jour après le déluge de nouvelles accablantes concernant l’emploi et l’avenir des jeunes juristes.

« Je voulais penser à des solutions et ne pas m’apitoyer, explique Vincent Guérard, fondateur de la Relève Juridique, diplômé en droit et actuellement étudiant à Sherbrooke pour devenir médiateur accrédité. Je me suis relevé et j’ai dit: On fait quoi? C’est quoi les solutions?».

Il faut dire que les nouvelles n’ont pas été très bonnes ces dernières années. En 2013, un rapport du Gouvernement du Québec a dévoilé que seulement 20 mois après l’obtention de leur diplôme, le taux de chômage des diplômés en droit avoisinait les 10,6 %, soit 7 points de plus que la moyenne de 4,9 % chez les autres bacheliers.

Deux ans plus tard, en 2015, le Jeune Barreau de Montréal (JBM) n’est pas plus optimiste: le nombre de stagiaires devant accepter un stage non rémunéré a augmenté de 115 % dans les 10 dernières années.

Inspiré par la tendance des espaces de co-working et un incubateur juridique de Toronto, le « Fleet Street Law », Vincent Guérard a un objectif clair: regrouper les jeunes juristes, dénoncer la situation de l’emploi, et surtout, offrir des ressources concrètes aux jeunes avocats. « Notamment pour tous les jeunes qui n’ont pas fait la “fameuse” course aux stages ou qui ne veulent tout simplement pas de cette vie-là », ajoute-t-il.

Concrètement, c’est quoi?

La Relève juridique est un incubateur qui inclut notamment un centre d’affaires, une adresse professionnelle, des formations continues accessibles et du personnel juridique à coût accessible aux nouveaux juristes afin qu’ils demeurent dans le milieu et restent compétitifs.

« J’admire le Jeune Barreau de Montréal, explique Vincent Guérard, mais il demeure très près du Barreau de Montréal. Il est temps que l’on ait une organisation tierce et indépendante, avec un regard externe, et son propre agenda. »

Le premier partenariat proposé par la Relève juridique est avec la startup Avocaction, une compagnie de services juridiques spécialisée en gestion téléphonique des clients. La firme offre ses services gratuitement aux avocats afin que ces derniers puissent développer une clientèle. Comme un « adjoint virtuel », explique Vincent Guérard.

D’ailleurs, le but de la Relève juridique est de tendre vers un espace le plus virtuel possible: un centre d’affaires, un adjoint virtuel, 2 salles de conférences, une bibliothèque. « Comme un service d’impartition, mais dont le centre d’appels n’est pas en Inde. Tout serait ici. »

Les jeunes peu conscients de la réalité

La Relève juridique se veut également un réseau de membres et de contacts. « Nous voulons fournir des solutions d’affaires à des prix abordables, lutter contre le décrochage juridique, favoriser de l’inter référencement, et également aller dans les Universités pour donner les vraies données aux étudiants. »

En effet, encore trop peu d’étudiants sont conscients de la réalité de la pratique, selon M. Guérard. Ils ne savent pas par exemple que l’échelle médiane de salaire pour un avocat à son compte ou en société de dépenses se situe entre 30 000 et 50 000 $ par année. Ou encore que plus de la majorité des avocats font 41 heures et plus de travail par semaine, dont plus de 20 % en feront 51 heures et plus. On est loin selon lui des enquêtes de Perry Mason ou de la série Suits!

Le futur médiateur a aussi fait ses comptes. Avec grande inquiétude. « Pour être avocat, entre les formations continues, les logiciels et les infrastructures, il faut compter entre 6000$ et 11 000$ par année, plus la cotisation au Barreau qui est de 3200$ ! » Autant dire que ce n’est pas facile pour tout le monde!

« Le relève a du mal à exister. Beaucoup de jeunes essaient d’amener des nouveautés mais c’est difficile de le faire avec la structure en place », déplore M. Guérard, qui espère bien changer les choses avec la création de sa Relève.

À la recherche de leurs premiers administrateurs et des premiers membres, ils lancent d’ailleurs un appel aux intéressés à les rejoindre lors de leur assemblée générale prévue le 9 juin prochain!