Juripop représente l’ex-élève de l’école hassidique

Agence Qmi
2014-11-20 14:44:00

« Je vis une vie de mort. J’ai l’impression d’être invalide ou d’être un enfant. Je n’arrive pas à me trouver un emploi. Je ne sais rien faire dans la société. Tout comme ces milliers d’autres enfants juifs hassidiques qui sont pris dans une secte au Québec sans que personne ne fasse rien », a lancé Yonanan Lowen, les yeux pleins de larmes.
L’homme de 36 ans et son ami Hershy Moskovitz, 35 ans, ont chacun quitté leur communauté hassidique après avoir été forcés de fréquenter une « école illégale où on n’apprenait qu’à prier ».
Aujourd’hui, les deux hommes se disent pratiquement « inaptes » à fonctionner dans la société moderne.
Ils s’expriment dans un anglais approximatif, mais ne savent ni l’écrire ni le lire.
Aussi, ils ne connaissent rien de la langue française et ne possèdent que très peu de connaissances en mathématiques, en histoire ou en géographie.
« Le fait de fréquenter une école illégale a bouleversé ma vie. Je vois une psychologue, car j’ai peur d’être en public. On a souffert en silence, alors que le gouvernement connaissait la situation. Il n’a pourtant rien fait », a critiqué M. Moskovitz.
Mise en demeure

La même mise en demeure a aussi été acheminée aux deux écoles fréquentées par M. Lowen à Boisbriand, soit le Yeshiva Beth Yuheda et le Collège rabbinique de Montréal Oir Hachaim D’Tash.
Selon les recherches sur le site du ministère de l’Éducation, ces écoles ne détiennent pas de permis.
La Direction de la protection de la Jeunesse est aussi visée par ce recours pour avoir « échoué dans sa mission de protéger » M. Lowen « durant son enfance ».
Yonanan Lowen réclame 1,25 millions de dollars à ces différents organismes pour violation de son droit à l’éducation.
Si le ministère ne répond pas positivement à cette mise en demeure, des procédures judiciaires, et même un recours collectif, seront intentés contre le gouvernement, a indiqué le président de la Clinique Juripop, Marc-Antoine Cloutier.
« Nous sommes à la recherche d’autres témoignages. Le ministère de l’Éducation, en fermant les yeux, s’est rendu complice de ces parents qui n’ont pas donné à leurs enfants l’éducation à laquelle ils étaient en droit de s’attendre. C’est un énorme préjudice.»
Une éducation différente
Le «Journal de Montréal» a tenté en vain de rejoindre différents membres de la communauté hassidique de Boisbriand. Max Lieberman, porte-parole d'une communauté hassidique de Outremont, a toutefois accepté de commenter cette mise en demeure.
Affirmant ne pas connaître personnellement M. Lowen, il a toutefois questionné les motifs de son action en justice. « On dirait qu'il essaie de gagner de la sympathie en disant qu'il a été abusé, mais c'est faux. On éduque nos enfants différemment des autres enfants québécois, mais on atteint les mêmes objectifs. Nos enfants réussissent bien. Nos vies témoignent de notre réussite. Nous avons des entreprises et sommes des citoyens productifs. Comment pourrait-on faire cela si nous étions ignorants?».
Le fils de M. Lieberman fréquente l'école Yeshiva Toras Moshe, autrefois considérée comme illégale et qui a conclu récemment un accord avec le ministère de l'Éducation. « Jusqu'à tout récemment, mon fils était dans une de ces écoles jugées « illégales ». Je rejette d'ailleurs ce mot. Il apprend les mathématiques, l'anglais, comme tout le monde. Comme parent, j'ai le droit de choisir l'école de mon enfant. Ma responsabilité est de l'éduquer pour qu'il soit autonome à 18 ans et qu'il réussisse sa vie sans l'aide du gouvernement. Et nous atteignons ce but dans notre communauté », a affirmé M. Lieberman.
Silence radio du ministre
Tant le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, que son ministère ou la DPJ ont refusé les demandes d'entrevues du Journal. Seule la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Iles a accepté de commenter brièvement l'affaire. La commission scolaire est également visée par la mise en demeure, puisque M. Lowen résidait sur son territoire lorsqu'il était scolarisé.
« Il convient de rappeler que la responsabilité de scolarisation d'un enfant appartient à ses parents. Il leur revient de procéder à l'inscription de leur enfant dans une école d'une commission scolaire ou dans une école privée. Une commission scolaire fournit des services éducatifs aux élèves dûment inscrits par leurs parents. En ce sens, la CSSMI n'a aucune responsabilité dans la situation de M. Lowen », a indiqué par courriel Jonathan Desjardins Mallette, secrétaire général et directeur des affaires corporatives et des communications à la CSSMI.