La Cour suprême à l'heure de #MoiAussi
Radio -Canada
2018-10-26 14:00:00
Avec Internet, les gens demandent et doivent avoir l’information, croit le juge. « Plus les gens vont être informés, plus il y aura de crédibilité et de confiance dans le système, parce qu’il n’y a rien de pire que l’ignorance, dit-il. Je pense qu’il appartient maintenant aux tribunaux et aux juges de dire qui ils sont, ce qu’ils font, comment ils le font et pourquoi ils le font.»
Richard Wagner, qui affiche une ouverture particulière au numérique, indique qu’à l’ère « où les gens prennent leurs nouvelles des réseaux sociaux, il nous appartient de prendre des mesures pour nous assurer que notre message, que nos décisions passent ».
Le juge en chef de la Cour suprême rappelle d'ailleurs que son institution s’adresse maintenant au public sur Facebook et Twitter. Il cite l’exemple des « causes en bref », des résumés rédigés dans un langage accessible, afin de permettre à toutes les personnes qui le désirent de se renseigner sur les règles de droit.
Il s’agit de développer « une meilleure communication avec les citoyens directement », dit-il.
La confiance en la Justice est fondamentale
Le système judiciaire à travers le monde a été critiqué notamment pour sa lenteur à l’ère du mouvement #MoiAussi, qui dénonce les agressions sexuelles.
Ces scandales se sont retrouvés sur les réseaux sociaux, qui risquaient de se transformer en tribunaux populaires, où l’on se rend justice soi-même.
« Quand les gens perdront confiance dans le système de justice, cela va être le début de la fin », dit le juge Wagner, pour qui « il faut être très soucieux de maintenir cette crédibilité des tribunaux dans l’esprit des gens ».
La compassion, qui n’est pas une notion juridique, « fait partie de nos valeurs morales, de nos valeurs de société et le droit est la traduction de nos valeurs », dit-il.
M. Wagner se dit inquiet que les gens s’éloignent des tribunaux, mais il demeure convaincu qu’au Canada, « nous avons probablement l’une des meilleures magistratures » au monde.
Et pour ramener les Canadiens au système de justice, « les juges doivent faire preuve de transparence ».
L'exemple Kavanaugh
Le juge en chef Wagner qualifie de « déplorable » la situation du juge Brett Kavanaugh, dont la nomination à la Cour suprême des États-Unis a été marquée par des allégations d'agressions sexuelles à son endroit.
« Ce qu’on a vu récemment (…) est inquiétant et désolant », affirme le juge Wagner, qui y va d’une mise en garde. « Je pense qu’il serait erroné de se dire simplement, chez nous au Québec, au Canada, ça ne peut pas arriver », dit-il.
Il faut être vigilant, insiste-t-il. « Il faut dénoncer ce qu’on perçoit comme étant des attaques contre ses valeurs fondamentales et rester à l’écoute et faire la promotion de nos valeurs », conclut Richard Wagner.
Taylor
il y a 6 ansEst-ce vraiment indiqué au Juge en chef de donner des entrevues et émettre des commentaires qui se rapprochent plus du politique et du sociétal que le juridique? Parce ça l'arrive souvent je trouve.
Si c'est le cas, que la nomination des Juges soient soumis à un vote du Sénat ou du politique.
Parce que de catégoriser quelles sont les valeurs de la société c'est assez hasardeux, surtout quand on voit de plus une certaine déconnection entre ce que les élites des Laurentides pensent être le pouls des gens et ce que les gens pensent vraiment.