La Cour suprême salue la nomination de Richard Wagner
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Radio -Canada
2018-02-05 16:40:00

C'est avec humour et éloquence que la doyenne des juges du plus haut tribunal au pays, Rosalie Abella, a rendu hommage à celui qui a été nommé au poste en décembre dernier par le premier ministre Justin Trudeau.
« Sachez que notre nouveau juge en chef a un coeur gargantuesque, une loyauté inébranlable envers l'intégrité, une réserve infinie de sagesse et une foi imperturbable envers l'égalité », a dit la magistrate ontarienne devant dignitaires et invités.
« Son but est de préserver la justice, car il comprend que préserver la justice signifie préserver la démocratie », a enchaîné la juge Abella au sujet de celui qu'elle a appelé « très cher Richard » dans son allocution.
La magistrate a fait référence à « l'autre Richard Wagner, celui qui a écrit plus d'opéras » pour marquer le début du nouveau chapitre qui s'est ouvert à la Cour suprême du Canada avec l'entrée en scène du juge québécois.
Le cycle du Ring (l'Anneau du Nibelung) du compositeur allemand était une fable « sur la famille et le destin », et « aujourd'hui, nous avons notre propre version, moderne, du cycle wagnérien de la famille et du destin », a offert la juge ontarienne.
Ce cycle est celui d'un homme qui a « transformé les rêves d'(un père) pour son fils, pour le Québec et pour le Canada, en réalité suprême », a-t-elle affirmé en faisant référence au père du juge en chef, Claude Wagner, qui fut ministre de la Justice du Québec sous Jean Lesage.

Et parce que « nobody cares how much you know until they know how much you care », a-t-il lancé en citant le président américain Theodore Roosevelt, il a pris un moment pour remercier ses collègues, les orateurs du jour, et souligner toute l'importance qu'il accorde à sa famille.
« Si vous saviez combien de fois je réfléchis à une question qui nous est présentée en recherchant une réponse qui vous permettra de grandir dans un monde meilleur », a-t-il dit à l'intention de ses deux petites-filles et de la troisième, qui est attendue en avril.
Puis, devant sa conjointe Catherine, ses « complices de golf », ses « vieux copains du collège Brébeuf » et d'anciens collègues du cabinet Lavery, le magistrat a donné un aperçu de ce que sera la vision qui guidera son action à titre de patron de la Cour suprême du Canada.
Le juge Wagner s'est montré préoccupé par le « virage de médias sociaux qui s'est fait au détriment des médias traditionnels » et par le déclin du nombre de journalistes spécialisés dans la couverture des décisions que rend le plus haut tribunal au pays.
« Le paysage médiatique a tellement changé dans les 10 dernières années qu'il en est presque devenu méconnaissable. Avant, il y avait un groupe de journalistes réguliers dont le ' beat ' était la Cour suprême, et parfois seulement la Cour suprême », a-t-il noté.
Aujourd'hui, « tiraillés dans une dizaine de directions différentes, et en dépit de leur talent, de leur expérience », les reporters « n'ont tout simplement pas le temps de lire des décisions de 60 pages et en saisir toutes les nuances avant leur heure de tombée », a regretté le magistrat.
Vallée souligne l'importance du bijuridisme

La ministre Vallée a plaidé que la tradition bijuridique du Canada « fait partie de la personnalité de notre pays », qu'elle est le « ciment de notre unité », et que le choix de « ce fils distingué du Québec » en était donc un judicieux.
La nomination du juge Wagner, issu de la tradition civiliste, a été bien accueillie dans les sphères juridique et politique. Sa prédécesseure britanno-colombienne, Beverley McLachlin, formée en common law, a passé près de 18 ans à la tête de la Cour suprême du Canada.
Le juge québécois nommé en 2012 par l'ex-premier ministre Stephen Harper pourrait tenir les rênes du tribunal pendant une quinzaine d'années, étant âgé de 60 ans. L'âge du départ obligatoire à la retraite pour les magistrats de la Cour suprême est fixé à 75 ans.