La juge sanctionnée continue de faire des vagues
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Delphine Jung
2017-06-20 15:00:00

Hier, Droit-inc. rappelait qu’elle avait été sanctionnée par le conseil de discipline du Barreau du Québec, car elle s’était placée en situation de conflit d’intérêt, avait induit en erreur son client et avait également entravé le travail d’enquête du syndic. Elle avait accepté de représenter l’entreprise Tembec alors qu’elle représentait déjà un employé de cette entreprise dans un autre dossier contesté par la compagnie forestière.
Droit-inc a tenté de joindre l’actuelle bâtonnière de l’Abitibi-Témiscamingue, Me Nathalie Pelletier, mais celle-ci est en cour toute la journée. Elle a confié au journal La Frontière Le Citoyen que le ministère de la Justice était nécessairement au courant et en a tenu compte dans sa sélection : « s’ils avaient jugé que cette condamnation pouvait nuire à son travail de juge, jamais ils ne l’auraient nommée. »
Son cas avait déjà suscité des interrogations en octobre dernier. En effet, Droit-inc. rapportait alors que le conseil d’administration de l’Association des avocats de province venait d’apprendre que Me Corbel Warolin avait déjà fait l’objet d’une plainte disciplinaire pour des événements passés en 2006 et 2007.
La nouvelle était tombée alors que l’AAP s’apprêtait à débattre des dispositions à inclure dans une éventuelle déclaration de conflit d’intérêts à faire signer par tous les membres du CA, dont Me Corbel Warolin.
À l’époque, Me Maxime Bernatchez, président de l’APP, avait confié que « la moitié des gens » ne la disqualifierait pas pour ses antécédents. D’autres avaient fait valoir que les administrateurs devaient être au-dessus de tout soupçon.
Me Corbel Warolin avait pu conserver son siège.
Une erreur de jeunesse ?
Me Pelletier a tenté de défendre la nouvelle juge: « il faut remettre ces fautes dans leur contexte. Elle était en début de carrière, elle était seule sans mentor pour la guider. C’est une erreur de jeunesse pour laquelle elle a payé. En quoi ça remet en cause son intégrité? »
Le journal local de la région a réussi à parler à plusieurs avocats du sujet. « Être condamné par le Barreau à une amende n’est pas incompatible avec la fonction de juge à mon sens.
Toutefois, j’estime qu’il s’agit d’une information d’intérêt public, puisqu’il s’agit de fautes sérieuses », mentionne un avocat de Rouyn-Noranda, qui a choisi de garder l’anonymat.
Un autre a estimé que la réhabilitation est à la base du système juridique.
Enfin, un troisième a dévoilé que Me Corbel Warolin n’avait pas caché son envie de devenir juge. « Si elle avait pu le crier qu’elle souhaitait être juge, je crois qu’elle l’aurait fait », dit-il.
Isabelle Marier-St-Onge, attachée de presse de la ministre de la Justice, n’a pas voulu justifier la nomination en tant que juge d'une avocate qui a déjà été condamnée par le syndic, expliquant que le processus de sélection des juges est confidentiel.
k.l.
il y a 7 ansIl ne faut pas se voiler la face. Ce n'est pas toujours la compétence ou l'intégrité qui font qu'un avocat est nommé juge. Comme dans ce cas ci, c'est les sessions de copinage et savoir "têter" les bonnes personnes. ET VIVE LA JUSTICE
YL
il y a 7 ansMalheureusement, ça ressemble à de la magouille ... de quoi augmenter la confiance du public dans le système judiciaire du Québec ...
JD
il y a 7 ansBen voyons qu'il s'agit d'une erreur de jeunesse!!! La formation professionnelle que nous recevons à l'école du Barreau est claire à cet effet et en cas de doute, des ressources sont disponibles afin de nous aiguiller.
Vous avez ici une belle démonstration du copinage du Barreau AT, dont les avocats cités ci-haut font partie depuis belle lurette avec Warolin.
Une personne nommée juge devrait avoir un parcours impeccable, ce n'est malheureusement pas le cas ici.